J’étais curieux de voir ce film écrit et réalisé par Lisa Joy, autrice de la série Westworld, dans ce polar noir situé dans un futur proche, porté par le grand Hugh Jackman.
La mise en scène est réussie, le décors, costumes, images de synthèses sont parfaitement recréés à l’écran. Le casting est solide et joue de la manière dont on peux s’y attendre.
La principale qualité est paradoxalement sa principale faiblesse : insérer au forceps un univers de polar noir des années 20-30 dans un monde futuriste sur fond de hausse des océans et délitement de la société moderne.
Malgré tous les efforts de sa créatrice, ce monde apparaît faux, non par le manque de talent, mais par le manque de cohérence, comme insérer un protagoniste des années 50 dans un film de nos jours, cela crée un décalage, comme si les protagonistes du film n’avaient rien à y faire.
En voulant à tout prix coller à l’univers du polar noir, Lisa Joy se coupe de toute capacité à surprendre le spectateur, d’innover. Au lieu de se réapproprier ce genre, elle se contente de le décalquer dans un autre univers. Le film perd en spontanéité, en subtilité, dans sa capacité à étonner le public.
Le rythme du film est également problématique, puisqu’on avance en même temps que Nick, trouvant un nouvel indice à chaque nouveau souvenir qu’il revit dans sa machine. Cela rend l’histoire on ne peux plus linéaire, là où il aurait fallu qu’elle soit plus organique, plus tortueuse, moins rigide.
Un autre point est le casting : Hugh Jackman a déjà joué un personnage retors et hanté par son passé, vous vous souvenez de Wolverine, non? Idem pour Rebecca Ferguson dans des rôles de belles femmes à problèmes dans les Mission : Impossible.
Il aurait été plus qu’original de demander à des acteurs habitués aux rôles secondaires de jouer ces rôles complexes et tourmentés par la vie, voir pourquoi pas d’inverser le rôle du détective et de la femme fatale.
Lisa Joy livre un film d’excellente facture, mais comme ses personnages, prisonniers du passé.
Si vous êtes cinéphile, vous vous souvenez sans problème d’un certain Minority Report (2002), la version futuriste d’un polar à l’ancienne signé Steven Spielberg, qui lui est resté dans les mémoires.