Wang Xiaoshuai a eu l'idée de So Long, My Son en 2011 lors de l'annonce du gouvernement chinois de l'abandon de la politique de l'enfant unique : "J’ai été positivement étonné parce que j’avais tenu pour acquis que la politique de l’enfant unique durerait encore longtemps et marquerait plusieurs générations".
Le réalisateur a souhaité montrer l'imbrication entre l'intime et le social dans un pays où le gouvernement a imposé une politique de planning familial : "Aujourd’hui, notamment chez les jeunes générations, il y a une plus grande prise de conscience de l’importance de l’épanouissement individuel, mais la réalité chinoise telle que je la perçois, c’est que ce pays ne s’est jamais complètement éloigné de la primauté du collectif sur l’individu". S'il est désormais autorisé en Chine d'avoir plusieurs enfants, il est important selon lui de s'intéresser à la génération sacrifiée de parents d’enfants uniques pour essayer de comprendre comment cette politique a influencé leur vie.
So Long, My Son emploie des ellipses et des flashbacks et multiplie les changements d'époques et de lieux. Conscient de la singularité narrative de son film, Wang Xiaoshuai estime que les spectateurs européens n'auront pas de difficulté à appréhender la non linéarité du récit. Quant à ses compatriotes, ils seront selon lui plus sensibles aux émotions suscitées qu'à la construction narrative car ils s'identifieront aux personnages et aux situations. Il affirme : "Je suis bien sûr conscient que ma structure en puzzle fait passer le spectateur par des zones de flou, des moments d’incertitude, mais ces incertitudes sont levées ensuite et n’empêchent pas de ressentir les émotions au présent de chaque séquence : c’est-à-dire les souffrances des personnages, les difficultés et vicissitudes de l’existence".
Wang Jing-chun et Yong Mei ont obtenu le prix d'interprétation au Festival de Berlin 2019. Le réalisateur les a choisis car ils ont la cinquantaine et ont vécu la période racontée dans le film : "Finalement, leur travail consistait essentiellement à laisser apparaitre leur propre ressenti de cette période et de cette politique de l’enfant unique. Cela appuyé bien sûr par l’apprentissage de leur texte, ainsi que le maquillage et les effets spéciaux pour montrer leur vieillissement sur quarante ans".