Dans une ambiance crépusculaire (fond de l'affaire), et même, la plupart du temps, nocturne (nuit profonde, hivernale et carrément sinistre) - le reste du temps, ciel bas-de-plafond, pluie et boue (beaucoup, vraiment beaucoup de boue), ce premier "long" de l'Irlandais Ivan Kavanagh (à ma connaissance) distribué en France est à déconseiller aux dépressifs. On y patauge en effet dans la bouillasse, et le sang - beaucoup de sang.... Car il y tombe du macchabée comme à Gravelotte (sauf qu'on est en 1849, et dans l'Ouest américain de la "Ruée vers l'or" - et non en 1870, en Lorraine, pendant la guerre franco-allemande du moment). La scène est plus précisément à Garlow, une bourgade qui va passer sans transition de la dictature moraliste d'un pasteur allumé, à la terreur distillée par un joyeux trio de crapules finies, dont le chef a racheté le saloon fermé par le parangon de vertu, où il accueille avec profit tout ce qui fait bamboche dans le voisinage
(jusqu'à la flambée annoncée dès le départ.... choc de tyranneaux..).
Difficile de faire de vieux os dans ces parages ("Never grow old") ! Et d'abord pour le "héros", un brave charpentier irlandais, "Patrick Tate" (Emile Hirsch), marié à une Française, "Audrey" (la Belge Déborah François), père de deux gamins (son épouse attendant le troisième), et qui avait cru trouver le bonheur domestique dans ce repaire de méthodistes, ayant poussé, dans un souci d'assimilation louable, jusqu'à quitter la foi catholique, avec sa famille. Ordonnateur des pompes funèbres, en prolongement logique de son métier premier, l'accélération du recours à ses bons offices semble lui montrer le chemin d'une certaine prospérité....
Mais à quel prix ?... Au bénéfice du doute, on regrettera que le réalisateur n'ait pas, comme signalé d'habitude, assuré le montage lui-même - car cet aspect technico-artistique n'a rien ici de remarquable... Rien d'ailleurs, de façon plus globale, n'est à retenir, ou louer, dans ce triste "western", où l'on s'ennuie prodigieusement. Côté casting, on sauvera les deux autres Belges, Anne Coesens (en mère désespérée - "Mrs Crabtree"), et Sam Louwyck ("Dumb-Dumb") - mais ce sont des rôles épisodiques, et John Cusack ("Dutch Albert"), qui a la partie la plus intéressante, celle d'une canaille de compétition, mais avec une certaine épaisseur psychologique.