Derniers Avis sur Camille

De quoi se mêle t-on ?
Voilà la question qui m’a traversé l’esprit tout au long du film. S’il relate un courage certain de la part de Camille Lepage, il n’empêche qu’il met en lumière tout l’égocentrisme de sa quête. Ses arguments concernant sa raison de s’être jetée au milieu de cette guerre civile sont très effritables. Un prétexte pour “se sentir vivant”, pour avoir sa dose d’adrénaline. Sa présence, bien que tolérée, est en fait gênante, intrusive.
Le film semble ternir le blason des journalistes, les réduisant à des… vautours.

Et cette comparaison avec une vie française où on se la coulerait douce est un peu facile. N’y a t-il pas suffisamment de violences à dénoncer en France même ? Pourquoi aller fourrer son nez dans les problèmes des autres lorsqu’on a des tares à régler chez nous-memes? Y’a t-il une hiérarchie de valeur dans la violence ?

Etrangement, je découvre à quelques jours d'intervalles deux films sortis à un mois d'écart en 2019, traitant d'un sujet très proche : "Sympathie pour le Diable", et ce "Camille". Tout deux évoquent le cas d'un journaliste réel qui a couvert une guerre civile.
En l'occurrence, le cas de Camille Lepage, jeune et talentueuse photojournaliste, célèbre pour avoir été tuée dans le conflit centrafricain qu'elle couvrait (je ne divulgâche rien, c'est rappelé dès le début du film).
Comme "Sympathie pour le Diable", le film est à la fois un hommage à sa protagoniste, un traitement du métier de journaliste, et une évocation du contexte, à savoir la guerre civile centrafricaine.
Camille Lepage est présentée comme bonne photographe, navigant en marge du monde journalistique traditionnel. Prenant beaucoup de risque (courageuse ou inconsciente ?), et déterminée à couvrir un événement qui n'intéresse plus ni le public ni les grands organismes de presse. Moins par engagement que par attachement sincère à ce pays meurtri.
On y voit également les risques du métier, et ses dilemmes. Prendre des photos d'un lynchage bestial : complaisance ou volonté de vérité ? Les journalistes n'ajoutent-ils pas de l'huile sur le feu par leur simple présence, avec une volonté de mise en scène des milices ?
A côté, les acteurs sont bons, la mise en scène est sobre, peut-être pas aussi immersive qu'attendue, mais c'est le choix du réalisateur : se focaliser davantage sur Camille Lepage que sur l'environnement qu'elle perçoit.
En tout cas les réflexions proposées en font un bon film.

Film intéressant et qu'on suit avec intérêt bien que je ne comprenne pas la position de la journaliste au fur et à mesure du récit. Ce n'est plus une journaliste mais un parti prenant au conflit.

Jeune photojournaliste éprise d'idéal, Camille part en Centrafrique couvrir la guerre civile qui se prépare. Très vite, elle se passionne pour ce pays et sa jeunesse emportée par la tourmente. Désormais, son destin se jouera là-bas.
Le film est bien mené, à bon rythme, bien joué et très réaliste. Il pose très bien le problème de la distanciation nécessaire à l'exercice du métier de journaliste : rester observateur, en conservant un certain recul. À ne pas respecter ce principe, Camille se brûle...
Seul bémol, le film risque de donner à un public non averti qui aurait tendance à généraliser le propos, une image de l'Afrique excessivement violente. La situation ethno-politique de la RCA est particulièrement violente, mais ce pays est aussi le théâtre d'échanges pleins de conviction pacifique (voir l'excellent docu "Makongo", d'Elvis Sabin Ngaïbino).
Visions d'Afrique 2020

Ce film, quasi documentaire, est assez instructif et porté par son actrice principale. Toutefois il souffre de quelques longueurs pour garder la force de son propos

Je suis très client des autos-portrait d'héros du quotidien et invisible. Cette jeune photographe, dont je ne connaitrais pas même l'existence aujourd'hui si je n'étais pas tombé sur cette oeuvre de Boris Lojkine. Perdu dans un lieu du monde méconnu et vivant des péripéties digne d'un film d'espionnage, c'est le destin de cette valeureuse Camille. Brillamment interprétée par le premier vrai premier rôle de Nina Meurisse. La lumineuse actrice sublime ce récit d'une journaliste partie en guerre, qui cherche à faire transpirer ses photos par la vérité. L'initiation est brutale et bouleversante, et met en lumière sur la Centrafrique et sa barbarie désinhibée. Film poignant.

Magnifique film !
Très touchant et très réaliste à la fois
La réalisation y est très bien faite
Au cœur de la réalité souvent ignoré en centre Afrique

Fortement inspiré de l'histoire vraie de Camille Lepage , cette photographe qui va jouer de sa vie en Centrafrique pour son art. Nous sommes en 2013 et la guerre civile fait rage entre les Sékalas et les anti-Bakalas sur un fond de prise de pouvoir et de religion. Nina Meurisse incarne avec brio et réalisme(je ne l'avais pas vu au cinéma dans un rôle majeur depuis Complices il y a 10 ans) cette photographe qui ne recule devant rien pour montrer la détresse et les victimes de cette guerre, gangrénant ce pays.
Tristement réaliste et profondément humain.

En 2019, Boris Lojkine réalise une œuvre intelligente qui mélange habilement le genre documentaire avec celui du film d’action. L’histoire retrace les derniers mois de la vie de la journaliste Camille Lepage, assassinée à l’âge de 26 ans lors de la guerre civile en République centrafricaine. A l’aide d’un montage efficace, le film montre l’engagement teinté d’idéalisme de cette photographe de guerre (interprétée par l’excellente Nina Meurisse). A travers son regard, on tente de découvrir les enjeux d’un conflit auquel nous restons malheureusement étrangers. Bref, un hommage sincère mais sans amplitude politique.

Compte tenu d'une histoire mettant en scène une personne qui existait, on aurait pu s'attendre à ce que le titre soit deux fois plus long. C'est-à-dire qu'il n'aurait pas été surprenant que le film ait affiché le nom patronymique complet de son héroïne "Camille Lepage". Mais le projet de Boris Lojkine dans ce qui est son deuxième film de fiction ne consiste pas à ériger une statue à sa principale protagoniste. Ce que veut réellement l'auteur-réalisateur ne consiste pas à reproduire avec dévouement tout ce que le jeune photographe-reporter a dit et fait. Il ne souhaite nullement en faire une figure d'adoration, au contraire Lojkine vise à l'approcher comme un être humain dans toute sa singularité et sa complexité et avec toutes ses ombres et lumières. D'où l'utilisation du simple prénom comme titre qui évoque l'intimité et le caractère intérieur alors que le nom complet aurait plutôt impliqué un traitement hagiographique. L'intérêt du film est son aspect documentaire historique et géopolitique. Regarder Camille c'est comme faire partie de la guerre civile. Les faits sont à la fois précis et clairement énoncés. De plus non seulement le réalisateur connaît la situation comme un revers de la main mais non effrayé par les difficultés et les dangers, c'est sur place que Lojkine reconstruit le film et avec les acteurs et actrices qui y ont participé ce qui n'est pas si commun. En parlant d'acteurs, il convient de noter à quel point ils sont convaincants qu'ils soient européens ou centrafricains. Pour ces derniers la qualité de leur jeu témoigne des talents de réalisateur de Boris Lojkine. Et n'oublions pas quelques considérations très intéressantes sur le métier de reporter de guerre sur ce qu'ils ont le droit moral de montrer ou de ne pas montrer, sur les risques qu'ils prennent, sur la manière dont ils peuvent être traités par les protagonistes d'un conflit. Camille dit beaucoup de choses pertinentes mais sans lourdeur ni schématisme mais toujours la pensée à l'action, les idées à la psychologie. Évitant toute installation, Boris Lojkine aura captivé le spectateur du début à la fin avec cette histoire qui non seulement sonne vraie mais est vraie...

Camille (2019), un très bon film franco-centrafricain réalisé par Boris Lojkine qui s'inspire d'une histoire réelle. Le film retrace le parcours et rend hommage à la photo-reporter Camille Lepage durant la guerre civile centrafricaine dans les années 2013 / 2014. Nina Meurisse incarne Camille Lepage et effectue une belle prestation, à l'instar de tous les acteurs centrafricains, nous retrouvons aussi Augustin Legrand. Un film bien documenté, des scènes de guerre très bien reconstituée, fidèles aux photos de Camille Lepage, et aux images ou vidéos de terrains produites pendant le conflit. Beau travail de la couleur. Belle reconstitution des décors, des costumes et du climat des événements.
Un film cru, réaliste, prenant, tourné sur place, qui permet de s'initier à cette guerre et qui montre bien ce qu'est une guerre civile et comment tout évolue très vite, jusqu'à l'horreur et l'insécurité la plus totale, où que l'on se trouve et quelque soit sa position dans le conflit. Le film est illustré régulièrement par les photos de Camille Lepage.
Boris Lojkine est un réalisateur de documentaires, ce qui marque fortement la réalisation de façon très réussie.
Il signe ici son second long métrage.

Un film qui retrace le parcours de Camille Lepage, jeune photographe qui s'est prise de passio pour la Centrafrique et tous les événements qui s'y sont passé à partir de 2013, à savoir un conflit armé entre les chrétiens et les musulmans. Un conflit qu'elle a voulu vivre au plus près de l'action... trop près malheureusement.

J’ai trouvé drame excellent. Il est très prenant. Déjà, je tiens à préciser que ce n’est pas un biopic habituel car certaines parties ont été modifiée pour faciliter le passage au grand écran. En effet, pour représenter les différentes facettes du conflit, Boris Lojkine a inventé trois personnages : Cyril un Anti-Balaka, Leila qui est la fille d’un musulman et d’une chrétienne, et Abdou un jeune musulman. C’est une approche pertinente car la situation en Centrafrique est peu connue chez nous, et cela permet d’avoir une vision d’ensemble. Surtout que ces trois personnages sont bien dosés. J’ai apprécié cela car c’est un recul sur les événements. On n’est pas seulement spectateur, on nous invite à comprendre et à constater que les choses ne sont jamais simples. Il n’y a pas simplement les gentils contre les méchants. Il y a une volonté de rester le plus proche possible de la réalité. Celle-ci sera d’ailleurs montrée sans filtre avec les horreurs de la guerre. On sait tous à quel point c’est ignoble, mais le rappel en image est toujours douloureux. Il y a beaucoup d’émotion qui va passer. Nina Meurisse n’est pas inconnue à cela car sa prestation est fantastique. Elle reçut d’ailleurs plusieurs récompenses pour celle-ci, notamment le Valois de la Meilleure actrice au Festival du Film Francophone d'Angoulême et une nomination au César du Meilleur jeune espoir féminin. Pour rendre hommage à ce reporter, il va avoir tout un concept qui intègre la photo. C’est tout simplement génial et aide beaucoup à l’immersion. Cette touche donne un truc en plus.

Faire un film sur une jeune-femme, jeune journaliste inexpérimentée qui va dans un pays en guerre, ne suffit pas à en faire un bon film. De même, relater des faits tragiques, sans vraiment les expliquer, ne suffit également pas à en faire un bon film.

Cette œuvre ressemble plus à un documentaire qu'une fiction. Nous sommes plongés en tant que spectateur en Centrafrique en 2014 où une photojournaliste française se fait tuer dans un pays malade et en fièvre. La question de cette œuvre est la distance entre la photojournaliste et l'action, cela interroge? Ce film met en avant ce portrait de femme qu'est Camille Lepage mais aussi questionne sur cette immersion au sein des anti Balaka qui renversent les Selaka? Les rôles s'inversent Camille le fait remarquer et sa distance reste intacte car elle se sent vivante à cette place, où elle est. Film documentaire à découvrir.