Music of my life est inspiré de Greetings from Bury Park, un récit autobiographique du journaliste Sarfraz Manzoor. Ce Britannique d'origine pakistanaise y évoque son enfance à Luton, en Angleterre, dans les années 80, son rêve de devenir écrivain, ses rapports complexes avec son père et sa passion pour la musique de Bruce Springsteen. Le titre du livre est d'ailleurs un clin d'oeil à Greetings From Asbury Park, le premier album du chanteur.
Music of my life est né en 2010, alors que la réalisatrice Gurinder Chadha et l'auteur et journaliste Sarfraz Manzoor étaient invités à l'avant-première de The Promise, un film qui retrace l'élaboration de l'album de Bruce Springsteen, Darkness on the Edge of Town (1978). Une fois sur le tapis rouge, le duo rencontre le chanteur qui ne manque pas de saluer Manzoor et de lui faire savoir qu'il a adoré son livre. La cinéaste se souvient : "Sarfraz n'en revenait pas. Je suis alors intervenue et je lui ai dit : 'Je m'appelle Gurinder Chadha, je suis réalisatrice, et on aimerait vraiment adapter ce livre au cinéma, mais on a besoin de votre soutien'. Et il nous a répondu : 'C'est parfait, adressez-vous à Jon' en désignant Jon Landau, son fidèle manager [...]".
Le titre original de Music of my life est Blinded by the Light, titre de la chanson qui ouvre le premier album de Bruce Springsteen, Greetings From Asbury Park.
Sarfraz Manzoor, qui n'avait jamais écrit de scénario, a dû adapter son récit autobiographique aux contraintes du cinéma. Il dit s'être inspiré pour la première mouture de son script d'Une Éducation, film qui révéla Carey Mulligan : "Je sentais que notre film s'attacherait sans doute à un adolescent de 16 ou 17 ans dont le parcours, à un moment crucial de son existence, est bouleversé par quelqu'un d'extérieur".
La réalisatrice Gurinder Chadha et son co-scénariste Paul Mayeda Berges l'ont ensuite épaulé pour ajuster le scénario qu'ils trouvaient trop édulcoré puis y ont ajouté plusieurs paroles de chansons de Springsteen. "Nous avons utilisé ses chansons pour faire progresser l'histoire. On n'a pas du tout cherché à exploiter ses tubes car le film n'a pas vocation à passer d'une chanson à une autre. D'une certaine façon, les paroles sont motrices de l'action", précise la réalisatrice.
Si Music of my life comporte des séquences musicales et repose sur la musique de Bruce Springsteen, il ne s'agit cependant pas d'une comédie musicale selon sa réalisatrice, "mais un film accompagné de musique et ancré dans la réalité où l'on entend les acteurs reprendre les paroles des chansons. Pour autant, ils ne chantent pas comme des chanteurs professionnels, mais comme le feraient leurs personnages, c'est-à-dire de manière imparfaite".
La séquence où Javed découvre la musique de Bruce Springsteen se situe un soir d'octobre 1987 où une tempête a balayé la Grande-Bretagne et causé des ravages à travers le pays. Pour l'occasion, la production a reproduit la tempête à l'aide de ventilateurs à effet de vent, d'éclairs et d'explosions électriques. Gurinder Chadha précise : "À partir d'archives, on a projeté des images de tempête sur les bâtiments devant lesquels passe Javed, ainsi que les paroles des chansons de Bruce qui trouvent un écho très fort chez le protagoniste".
Gurinder Chadha tenait à témoigner de l'importance des partis d'extrême-droite en Grande Bretagne à l'époque où se situe le film. Pour l'une des séquences du film, elle a donc fait appel à 300 figurants auxquels on a rasé le crâne et qui ont été recouverts de tatouages racistes. Une scène difficile à tourner, pour l'équipe comme pour les comédiens, comme s'en souvient la cinéaste : "Tout le monde s'est figé un instant parce qu'on était franchement saisi en voyant tous ces partisans du National Front qui faisaient le salut fasciste". Certains figurants étaient si mal à l'aise de devoir proférer des propos racistes qu'ils s'excusaient dès que la réalisatrice disait "Coupez !". Cette dernière a même tagué des graffitis racistes que les décorateurs n'osaient dessiner sur les murs.
Gurinder Chadha voit dans Music of my light le deuxième volet d'un diptyque entamé avec Joue-la comme Beckham : "Il évoque l'équilibre délicat qu'on doit trouver à l'adolescence en se battant pour ses rêves sans pour autant provoquer une rupture avec ses parents qui font tout pour nous qui sommes leurs enfants. C'est très difficile, avec un sujet pareil, de trouver le bon dosage entre l'émotion, les moments déchirants et les passages plus légers. [...] En tant que metteur en scène, j'ai le sentiment que ce film est plus réfléchi que Joue-la comme Beckham, mais je ne considère pas que ce soit une suite à proprement parler".
Toute l'équipe était très nerveuse de connaître l'avis de Bruce Springsteen une fois le film achevé. La réalisatrice était assise juste derrière le chanteur lors de la projection du montage final : "j'ai vu que le film lui plaisait. À la fin, il s'est tourné vers moi et m'a dit : 'Merci de m'avoir rendu un si bel hommage. Surtout, ne change rien au film'".