Jusqu'à présent, le réalisateur Sam Mendes n'avait jamais écrit les scénarios de ses films. Quand il a décidé de s'atteler à la rédaction de son premier scénario, il a choisi de mettre en valeur les histoires que son grand-père, qui avait combattu lors de la première guerre mondiale, lui avait racontées alors qu'il était gamin et qu'il n'avait jamais oubliées. Désirant montrer aux spectateurs la dureté de la vie dans les tranchés, la férocité des combats, allant parfois jusqu'au corps à corps, il a choisi d'accompagner en permanence 2 jeunes soldats anglais chargés d'aller porter de l'autre côté des lignes ennemies un message qui pourrait empêcher une attaque dévastatrice et la mort de 1600 soldats, dont le frère de l'un d'eux. Il voulait que le public ait l'impression de vivre chaque seconde de leur dangereux périple. D'où l'idée de faire croire à une action en continu, avec un seul plan-séquence. En fait, on a l'impression qu'il y en a 2, puisque, au bout de 65 minutes, la blessure d'un des soldats interrompt l'action. Et, en réalité, il y en a davantage, Sam Mendes ayant repris à son compte la technique utilisée par Hitchcock dans "La corde", technique consistant à faire passer la caméra derrière un objet, ou un arbre, ou un bâtiment en feu, ce qui permet d'arrêter le plan et de repartir tranquillement pour un nouveau plan-séquence. Il n'empêche, la réalisation de ce film est vraiment époustouflante, avec, entre autre, la construction de 1600 mètres de tranchées et 6 mois de répétitions de la part des acteurs. Coût du film 100 millions de dollars ! On notera qu'au début du film, il est écrit que l'action se déroule le 6 avril 1917, c'est-à-dire le jour même où le Congrès américain a voté la reconnaissance de l'état de guerre entre les États-Unis et l'Allemagne. Personnellement, je retiens 3 scènes particulièrement marquantes et émouvantes dans ce film : la rencontre avec une jeune femme, française, qui s'occupe d'un bébé qui n'est pas le sien et qui ne dispose pas de lait pour le nourrir ; l'arrivée dans une forêt, avec un soldat qui, avant un assaut imminent, chante devant ses compagnons d'arme, a cappella, la magnifique chanson folk du 19ème siècle "Wayfaring Stranger" ; la fin du film, à ne pas divulgâcher. Quelques scories, quand même : une fois de plus une musique souvent beaucoup trop présente, en plus d'être presque toujours inutile ; une scène avec un torrent furieux et une chute d'eau, des éléments difficiles à imaginer dans les plaines du nord de la France, où l'action est censée se passer (le film a été tourné en Angleterre et en Ecosse) ; un arbre qui empêche un petit camion de passer, qui est mis vaguement de côté pour permettre le passage et qui n'est plus du tout là lorsque, le camion étant passé, la caméra se retourne.