On tient le film le plus faible de Scott Cooper, coincé entre le bijou de western moderne Hostiles et l'intéressant (au moins) The Pale Blue Eye. Affamés est un conte horrifique qui mêle fantastique (le mythe du Windigo, le Mal absolu des légendes amérindiennes, qui dévore tout - en commençant par l'âme - des victimes qu'il croise sur son passage) et drame familial plus terre-à-terre (la maltraitance des enfants, l'alcoolisme, le harcèlement scolaire...). Avec une maladresse infinie sur ses intentions (il n'arrive jamais à concilier réalisme et fantasmagorie), le film nous paume en cours de route une bonne dizaine de fois, finissant par nous blaser très tôt dans le récit, attendant la révélation très attendue, savourant tout juste le beau casting (pas très en forme, en-dehors du petit garçon et de la professeure), se réveillant trop tard pour admirer le final pourtant bien trouvé. L'idée de la
fusée de détresse rouge
pour donner un aperçu mystérieux mais satisfaisant de la Créature est une bonne trouvaille, les effets numériques sont soignés, la Créature en jette,
le duel final est un peu rapide mais se prolonge avec le dilemme de devoir sacrifier un enfant (on aurait poussé le pathos un peu plus, mais la séquence est déjà empreinte du côté triste de devoir tuer cet enfant qui n'aura jamais rien fait ni demandé pour mériter ça)
. On regrettera surtout la mollesse de la première heure, le côté "mauvais Stephen King" qui émane de ce récit maladroit et jamais décidé sur son fantastique ou son réalisme (jusque dans le final, qui tranche enfin), et le petit garçon qui est le seul à nous avoir tapé dans l’œil. Long, dispersé, et pas franchement prenant, à zapper dans la belle filmo de Scott Cooper. En plus, coïncidence du calendrier, il est sorti quasiment en même temps que Ogre de Malherbe (AVP au Festival de Deauville à la mi-septembre, et date de sortie de Affamés : mi-novembre), dont bien des thèmes (et la mise en scène) sont assez proches, ça n'aide pas. On est resté sur notre faim.