Après des études à l’École nationale supérieure des Beaux-arts de Paris, Daniel Cling suit une formation à la mise en scène à l’École d’art dramatique Anatoli Vassiliev à Moscou et obtient un Master II en théorie des arts. Il réalise, enseigne le cinéma à l’université d’Aix Marseille et participe, à travers les différentes associations professionnelles auxquelles il est associé (Gulliver, Alterdoc, Périphérie) à la diffusion et à la réflexion sur le documentaire. Ses films traitent de la transmission ; ils proposent une lecture du cinéma comme partie prenante des enjeux mémoriels et idéologiques de son temps.
Daniel Cling a dans un premier temps été contacté par l'Union des Artistes en 2012 pour faire un film sur la décentralisation à partir de ceux qui l’ont faite et qui ont contribué à la faire exister. Le metteur en scène se rappelle : "Ce fut un gros travail de recherche, d’écriture, d’enquête, de visionnage d’archives… J’ai ensuite commencé à écrire, processus accéléré en raison des décès qui survenaient : Gabriel Monnet et André Steiger étaient morts, Maurice Sarrazin était malade, Françoise Bertin est décédée peu après…"
A l'origine, le dispositif imaginé est simple : Philippe Mercier se promène dans toute la France à la rencontre des artistes. Daniel Cling raconte : "A ce premier dispositif s’ajoute un second, propre au cinéma : le champ-contrechamp, avec une caméra mobile attentive à la relation entre les personnes. Dès l’écriture, j’ai mené un travail de recherches dans les archives, que j’ai affiné et complété après les rencontres, en fonction des souvenirs énoncés. Le travail de montage consiste à faire progresser non seulement le récit, mais encore le sens. Car l’histoire de la décentralisation est plurielle : chronologique, historique, politique, artistique… Tous les dix ans, entre 1947 et 1981, un bouleversement de l’art théâtral s’opère. Il nous a fallu vingt semaines de montage, ce qui correspond au temps de montage d’une fiction."
En plaçant le témoignage de Françoise Bertin au début du film, Daniel Cling voulait installer d’emblée une narration tissée par les rencontres. Le réalisateur explique qu'il a rapidement eu l’intuition que Un aventure théâtrale, 30 ans de décentralisation devait être un film, non de paroles, mais de rencontres. Il confie :
"Il fallait trouver quelqu’un qui puisse être au croisement des générations : d’où le choix de Philippe Mercier, qui a vécu cette histoire depuis Rennes où il a commencé à l’âge de 17 ans. Il connaissait presque tous ceux que nous avons rencontrés, si bien que les discussions devenaient parfois des retrouvailles entre amis. Nous avions vraiment à cœur de réaliser un film qui parle d’un temps dont personne n’avait alors mesuré la portée. L’histoire est toujours racontée par les capitaines ; dans l’aventure de la décentralisation, nous avons également laissé la parole aux anonymes : Bernard Sobel et Jean-Pierre Vincent côtoient Aristide Demonico, Françoise Bertin, Arlette Téphany…"