Avis sur Ricordi?

Elle (Linda Caridi brindille gracile) et Lui (Luca Marinelli grands yeux tristes), dont les prénoms ne seront jamais prononcés, se sont rencontrés un soir de fête sur une île méditerranéenne. Le coup de foudre fut immédiat. Les deux amoureux s’installent dans l’appartement où Lui a passé une enfance douloureuse.
Mais des tensions bientôt se font jour. Lui est trop triste ; Elle est trop gaie. Leurs différences semblent irréductibles.

C’est l’histoire d’un couple façon puzzle. Une narration diffractée. Le procédé n’est pas nouveau. Lawrence Durrell, dans l’avant-propos du "Quatuor d’Alexandrie" lançait déjà « un défi à la forme sérielle du roman conventionnel » pour raconter les amours contrariées de Justine et Darley.
Au cinéma, on ne compte plus les histoires d’amour déconstruites : "Eternal Sunshine of a Spottless Mind", "(500) jours ensemble", "5×2"…

Le procédé est casse-gueule : on perd vite le spectateur à force de jouer avec le fil du temps. "Ricordi ?" évite cet écueil de justesse : il faut un certain temps pour s’y retrouver, au point de se dire qu’un second visionnage ne serait pas inutile. Le montage est d’une virtuosité qui frise l’esbroufe. Mais, comme dans les puzzles les plus difficiles, les pièces finissent par s’agencer pour la plus grande joie des joueurs. L’entrelacs touffu de flashbacks et de flashforwards qui constitue la trame de "Riccordi ?" loin d’égarer le spectateur donne au récit, somme toute banal, d’une passion amoureuse tout son intérêt.

Mais "Ricordi ?" ne se borne pas à distordre la chronologie pas plus qu’il ne se réduit à son seul procédé. Comme son sous-titre l’annonce, c’est un film sur les souvenirs. Pourquoi garde-t-on de bons souvenirs ? Pourquoi la réalité est-elle plus belle passée au tamis de la nostalgie ? Parce que nos souvenirs l’embellissent ? Ou bien parce qu’elle était intrinsèquement belle mais que nous ne l’avions pas réalisé au moment de la vivre ?

Pour explorer les deux versants de la question, "Ricordi ?" montre les souvenirs subjectifs de chacun des deux membres du couple. Ses souvenirs à Lui, dans des coloris bleus gris, sont plus tristes ; ses souvenirs à Elle, dans des coloris marron rouges sont plus gais. Ainsi présenté, le procédé pourrait sembler simpliste. Il ne l’est pas. Les lumières et le montage sont autrement subtils qui, sans jamais nous perdre, jouent sur les temporalités et les points de vue.

On me demande souvent pourquoi je vois un film par jour, souvent décevant. "Ricordi ?" est une réponse. Sorti au cœur de l’été, sans publicité, ce film anonyme, au sujet sans éclat, que ne précédait aucune critique élogieuse, que ne portait aucun bouche à oreille, est un film aussi intelligent que sensible. Une lumineuse surprise. Un cadeau de cinéma.

Les acteurs principaux sont tres bien mais le film est completement gache par les va et vient incessant entre realite ou reve , present et passe avec un montage indigeste d'image furtive. Donc difficile de s'attacher a cette histoire qui meme au final tourne en rond..

Réduit à sa plus simple expression narrative, Ricordi ? est facile à résumer : ils se rencontrent, s'aiment, se disputent, se séparent et puis ... Mais le cinéaste Valerio Mieli, qui est aussi romancier, a eu l'ambition de construire un puzzle amoureux où passé, présent et futur se mêlent dans une forme splendide, admirable certes, mais qui semble parfois artificielle. Se souvenir des belles choses, c'est un projet alléchant mais les deux amants du film, dont on ne connaîtra jamais les prénoms, sont très différents. Pour faire court, il est la lune et elle est le soleil et vont s'influencer respectivement jusqu'à ne plus pouvoir se retrouver sur l'essentiel : les sentiments qu'ils se portent. Les images défilent rapidement dans Ricordi ?, se bousculent dans des temporalités différentes, tirant vers l'onirisme dans un climat vaporeux. C'est très beau, grâce notamment à la photogénie de Rome et au talent de mise en scène de Mieli, mais un peu vain et maniéré, quand la simplicité aurait souvent été préférable. Ce cinéma-là fait penser à ceux de Malick et de Sorrentino mais cela ressemble aussi d'une certaine façon à une myriade ce clips enchaînés, "rythmés" par la musique de Debussy ou de Bach. Il n'est pas interdit non plus de se référer à Amore de Guadagnino mais ce dernier était tout de même plus écrit. Si Ricordi ? laisse quelque peu circonspect malgré son style et son esthétisme raffiné, les deux acteurs principaux, eux, sont sans reproche : Luca Marinelli, le lunaire et Linda Caridi, la solaire brillent l'un et l'autre.

Un grand film romantique porté par des acteurs pleins de charme et un scénario très original et réussi

Une véritable expérience de cinéma, sensorielle et sensuelle, très singulière. Une romance vue par le prisme des souvenirs de chacun des personnages, le principe est audacieux et le film très réussi ! Le charme opère, on est hypnotisés par cette histoire et ce traitement inédit. A voir absolument !

On comprend très bien où a voulu en venir le réalisateur en confiant à sa monteuse Desideria Rayner le soin de massacrer le film d'une façon aussi désordonnée. C'est de l'art, il parait... Le pauvre Luca Marinelli joue dans beaucoup de films ennuyeux. Heureusement qu'il excelle dans le rôle du méchant dans Lo chiamavano Jeeg Robot. "Ricordi?" abonde en souvenirs pour ses protagonistes qui ne savent plus s'ils sont en hiver ou en été. Mais personnellement, des souvenirs, ce film ne m'en laissera aucun d'ici la rentrée.

De l'écrivain et réalisateur italien, on ne connaissait qu'un film, un film inégal, "Dix hivers à Venise", réalisé il y a un peu plus de 7 ans. "Ricordi ?", c'est un très beau film sur l'importance des souvenirs ainsi que sur leur caractère évanescent tout en étant un très beau film sur l'évolution d'une histoire d'amour. Le choix d'une réalisation que certains pourront trouver trop hachée était très risqué mais le résultat est particulièrement réussi. Il faut dire que la photo de Daria D'Antonio est superbe ainsi que le montage de Desideria Rayner. Mais que dire de l'interprétation des 2 membres du couple amoureux, Luca Marinelli, excellent dans le rôle de "Lui" (les prénoms ne sont jamais dévoilés !), et, surtout, Linda Caridi, déjà remarquée dans "Lea" il y a 3 ans, exceptionnelle dans le rôle de "Elle" ?

Les films ayant pour ambition première d’explorer la question du temps, du passé, du présent, du futur, ne sont pas très nombreux. Bien sûr, ce sujet est sous-jacent à beaucoup de films, mais ici, il s’agit du thème même de l’oeuvre et non pas seulement d’un des éléments parmi d’autres. Pour l’illustrer, Valerio Mieli met en scène un couple d’amoureux interprétés par les talentueux Luca Marinelli et Linda Caridi. Leur histoire commune tout comme leurs histoires personnelles se racontent, tout au long du film, par le biais des souvenirs.
Or l’une des questions posées par ce long-métrage concerne le bien-fondé des souvenirs. « Ils mentent, affirme, lors d’une des scènes, Luca Marinelli. Ils rendent les choses plus belles qu’elles n’étaient. » « Non, répond Linda Caridi. Au contraire, ils révèlent la beauté qu’on n’avait pas su percevoir au moment même où avaient lieu les divers événements qu’on raconte. » Ce qui est sûr, néanmoins, et le film le fait percevoir, c’est que le temps altère les souvenirs, parfois même les distord ou les transforme. Mais ils influent quand même sur le présent et peuvent orienter le futur dans des directions qui n’étaient pas envisagées.
Difficile d’en dire davantage, car un film comme celui-ci, constitué de beaucoup de plans courts qui s’enchevêtrent sans se fonder sur la chronologie, ne peut guère se résumer. La plupart des plans sont admirables d’un point de vue formel. La photographie et les décors ont été réalisés, choisis, composés de manière remarquable. Reste cependant, quand le film s’achève, une impression un peu brouillonne. Les scènes sont belles, sans aucun doute, mais leur juxtaposition peine quelque peu à faire sens. Ou, en tout cas, leur agencement demande, de la part du spectateur, un gros effort d’attention pour en démêler la portée.

Ou, ce film est-il trop ambitieux ?
montage éclaté ?
pas toujours facile de savoir si on est au passé, présent, ou avenir


Une belle histoire d’amour: vécue, imaginée, à reconstruire ?
La Vie vécue , imaginée, à vivre ?
Le Présent, le Passé, le Futur ?
La « philosophie » plus forte que la vraie Vie ?
C’est quoi le bonheur ? Pour toi ? Pour moi ?
La sensualité est davantage dans l’image, superbe,
Plus cérébral que sensuel….et si le « Bonheur » était à Vivre ?

Je n'avais pas vu "Dix hivers à Venise", le précédent film de Valerio Mieli. Il s'attèle ici à porter à l'écran une histoire d'amour très complexe ponctuée de flash-back récurrents. Le cinéaste s'appuie clairement sur le côté glamour du couple mais aussi sur l'âme torturée du mâle (ils n'ont pas de prénom). La mise en scène est superbe mais les atermoiements sentimentaux finissent par lasser. Un ensemble pas déplaisant, plombé par la volonté de tout "intellectualiser". Dommage...

Alors oui, c'est un peu longuet par moment, mais... Et si tous comptes faits c'était la meilleure façon de parler de nos souvenirs, de leur vie, des mouvements de l'amour, de leurs effets sur le présent, de leur place dans nos vies ?
Ricordi le fait avec douceur, romantisme, comme un bon livre, qui n'est pas sans nous rappeler de doux moments vécus, quand le temps a fait son œuvre et gomme enfin quelques échardes pour ne laisser que de belles cicatrices.
Un film plaisir, tout simple, mais tant que ça...

Une belle romance italienne, la lumière est splendide, et les comédiens excellents! C'est un vrai film estival qui fait du bien !

"RICORDI ?" "Te souviens-tu ?" est une question qu'on pose régulièrement à son conjoint, ses proches, une question qu'on peut se poser à soi-même aussi; elle interroge notre rapport au vécu et au temps.
Quel rôle joue le temps sur les histoires, les événements joyeux ou malheureux que nous avons vécus ? Quelle relativité l'être lui-même peut apporter à tous ces événements ? "RICORDI ?" essaie de répondre à ces interrogations et montre comment deux personnes ayant vécu la même chose peuvent en avoir un ressenti différent plus tard. Par là, est illustrée de la plus belle manière, toute la complexité humaine. "RICORDI ?" se regarde comme se lit un livre de chevet tant on a envie de surligner toutes les répliques clés. Voici quelques unes:
"Non, ce n'est pas que les choses sont plus belles en souvenir, c'est juste que nous avons le recul de reconnaître qu'on était heureux à ce moment là"
"Si la poésie tombe en lambeaux, on la domptera" "Les choses sont moins belles parce qu'on craint leur fin"
Un beau film sur le couple, le temps et l'inter-influence entre les deux, à savourer :)
Mention spéciale aux deux acteurs très touchants.

Des dialogues tellement profond qu'on en oublie la longueur.
La photographie est magnifique et l'actrice fascinante.

« Ricordi ? Les souvenirs » sort cette semaine sur les écrans, pas dans les multiplex, cela s’entend ! Dans les salles indépendantes évidemment, là où subsistent encore des cinéphiles à la recherche de ce qui rompt avec les habitudes, qui s’égare sur des sentiers tortueux. Et le spectateur est copieusement servi avec le deuxième long métrage de Valerio Mieli.

Deux jeunes, enfin peut-être la trentaine, se rencontrent lors d’une fête. Ils se sont aimés naguère, puis se sont perdus de vue. Ils se souviennent. De leur amour. D’autres amours avec d’autres partenaires. Tout leur revient par flashs, là où ils ont vécu leur vie de couple, les endroits où ils sont passés, de leurs familles, de leurs amis (es), là où ils ont fait l’amour.

Les images dues à Daria D'Antonio sont exceptionnelles, somptueuses, pleines de lumières. Les dialogues, par moments pleins de poésie, sombrent malheureusement la plupart du temps dans la niaiserie. Alors, faut-il lire les sous-titres, ou se laisser bercer par la musique chantante de la langue italienne, et apprécier images et musiques ? A chacun de faire son choix. Personnellement, je conseillerai de laisser tomber les sous-titrages. On comprend néanmoins où Valerio Mieli veut en venir. Le duo Linda Caridi et Luca Marinelli vaut le détour, par leur interprétation, la justesse de leur jeu d’acteurs. C’est beau à condition de s’extraire des dialogues.