Godzila, Blockbuster 90's par excellence regroupe tout un tas de critères, d'obligations, de gages pour faire et édité un tel projet. Toutefois, tout ne se passe pas ici comme prévu ...
Avant tout chose, n'ayans plus revu le film de Roland Emmerich depuis une pléthore en termes d'années, seul mes souvenirs de ma très jeune enfance me reste en mémoire et permet une étrange mise en abime en terme de sensations et d'impressions qui illustre un sacré micmac ! Que je m'explique un peu ... Godzila, comme d'autres films de son réalisateur ( Indépendance Day, Le Jour d'Après ... ) m'ont laissé cette idée fixe, que les films de notre enfance nous marque pour une raison ou une autre, parfois au-delà d'une certaine " qualité " ! A titre d'exemple, j'attendais manifestement de revoir cette partie de pêche qui m'avais traumatisé à l'époque ...
Sans être profondément nostalgique, en règle générale, et en reconnaissant sa grosse couche quasi nanardesque ( quoique ... ), j'avoue avoir ressentis un certain plaisir devant cette Série B sous influence, à la volée, comme cela de King Kong, voir des Gremlins et bien entendu de certains Spielberg, Jaws, Jurassic Park pour ne cité qu'eux ...
Le rendu de ses effets spéciaux, un brin vieillissant renforce encore cet ascendant à divertir, par un rafistolage numérique, le tout dans un univers carton-pâte et plastique à touts va !
Son introduction à elle seule est un sommet d'enfilade qui de suite nous met dans l'ambiance. De manière assez surprenante, cette assemblage d'archives, dans cette Polynésie Française, lieu de création première nous met dans l'ambiance avec cette petite Marseillaise en toile de fond ! Cette nature, sa faune, ici malmené par les essais nucléaire serve de prologue, à l'instar d'un film plus récent, The Host, de Bong Joon-ho ayans repris un concept similaire, dont le film dans son intégralité partage deux ou trois petites choses, ici et là ... On prend, pour en revenir au film, sa déflagration pour ce qu'il en est et file vers une " contamination " rapide, à très grande échelle !
L'attaque du bateau dans le Pacifique, est le premier coup de croc ( et de griffe ) à la ribambelle de destruction massive à venir. La balance vers Chernobyl, est une autre envie de son réalisateur pour bien ancré son option, le point de vue qu'il défend en terme de partit pris et trouve un certain écho, amène en tout cas du relief. La découverte de ce jeune chercheur, qui chante sous la pluie, qui semble un peu à coté de la plaque, on s'en refaire à sa pratique sous le déluge des câbles électriques pour comprendre que le garçon est un peu lunaire. D'ailleurs loin d'être un personnage central tel qu'on l'attend dans ce type de programme, Nick Tatopoulos, dont le blase est signe d'incompréhensions et de moqueries en premier lieu est un scientifique loin de tout virilisme, de gros muscles, il fonctionne avec une petite gaucherie, cours dans le hall des Knicks en étant un peu pataud aussi ... Sans attendre de retour, il incarne une idée de romantisme, loin d'être arriviste, ou de souffrir d'une reconnaissance par complaisance de son statut, il ne cherche ni à plaire, ni à déplaire. D'un certain coté, dommage que le film se soit d'ailleurs égaré ( qu'il se foire pour ne pas le dire ) dans une trop ambitieuse entreprise pour ne pas au fond souligner cette remarque de son principal " héros ".
Le reste des protagonistes mérite aussi que l'on y prête un œil. Dans le mélange de premier et de second degré plus qu'assumé, par son metteur en scène et de toute son équipe, se dissimule une lecture du ridicule qui n'est pas sans intérêt. Les politiques, l'armée, les médias, les scientifiques cohabite dans un monde ou le moule les condenses dans un même motif, il en ressort des surprises toutefois. Avec toute une batterie de stéréotypes, Godzila parviens à fournir un traitement lourdaud, pataud, mais au fond pas si stupide et captive, dans un paradoxe que je prend pour ce qu'il en exulte. Audrey, par exemple à tout de la jolie nunuche type rêveuse feelgood avec ses aspirations carriériste et sentimental, sa petite crise ou son nez coule approuve bien la démonstration, son béret aussi, mais au fond, il y'a aussi dans la confrontation avec sa hiérarchie, comme dans le manque d'estime qu'elle reçoit car reconnu comme " trop gentil " un calque mis à cet endroit sur une personnalité snobé, réduite, et qui en fin de compte mérite un peu d'attention. Le versant comédie romantique d'Emmerich, avec toute sa couche, à grand renfort de taloche, pluie, taxi, cabine téléphonique à N-Y à aussi dans le fond de quoi se défendre. Quand à l'armée, son déploiement sur terre, dans les airs et sur mer restitue la force de frappe et la peur de son évènement, à la fois bourrin et plus sensible qui n'y parait. Le Maire et son présentateur météo eux en revanche ternisse le décors ...
Le soldat Français, ici sous les traits de Jean Réno, livre aussi une capture d'américain sur notre pays dans la même veine du film dans son ensemble. Entre grossièreté et flegme, dans un registre grandiloquant, le mélange des genres est tartiné, mais divertit. En revanche, la " terreur " de mon enfance à pour ce coup-ci mis les voiles ! Bon, je m'y attendais un peu. Je reviens à mon pont, là ou se pécheur se carapate pour fuir le Gojira qui déferle sur New York, et bien même pas un frisson d'angoisse ... Les Monstres du film, de celui à taille adulte, comme de ses rejetons, ramasse une sacrée valoche. La duplication de gros " lézards " dans les égouts, puis dans le Maddison Square Garden n'a plus rien d'horrible pour mes yeux de trentenaires qui ne remarque que ses défauts en ces instants précis ...
Godzila est une superproduction pas très fine mais qui a dans son escarcelle de quoi puisé. Il y'a des ratés, énormes, mais au fond sa générosité l'emporte, pour moi, en tout cas.