Vu un peu par défaut, j'ai découvert "The Third Murder" de bout en bout sans connaitre le synopsis ni le genre. Même si le cinéma asiatique a peu de visibilité en France, hors manga et films de kung-fu, j'avoue avoir été séduit par cette histoire classique mais très bien racontée. Ici, il s'agit d'un polar centré sur un avocat reconnu qui doit se charger de défendre un meurtrier qui a confirmé sa faute. L'affaire qui semble alors prendre une tournure évidente se révèle rapidement ambiguë et mystérieuse suite aux différents témoignages contradictoires de la famille de la victime. J'avais vu "Tel père, tel fils" du même réalisateur Hirokazu Kore-Eda, drame intimiste et familial, où le style japonais, au rythme lent et plat, m'avait ennuyé et peu convaincu. Ici, bien que le style diffère de nos habitudes occidentales et américaines, que ce soit dans le rapport à l'action ou dans l'efficacité d'une scène, une certaine tension captive notre attention, complexifiant ainsi chaque personnage. Ceci après un petit temps d'adaptation, cela va s'end dire... Les acteurs sont bons et dévoilent une palette d'émotions variée et complexe, si bien qu'on en déduit notre propre vérité à la fin du film, selon les indices et les pistes qui ont été lancées et sans cesse brouillées ! Il y a des longueurs, c'est certain, mais il y a tout de même l'envie d'en savoir plus qui préserve notre intérêt. Les questionnements sont multiples, que ce soit sur le rapport de la justice à ses affaires le plus complexes, la culpabilité d'un homme, la légitimité du mensonge, ou le rôle humain d'un avocat face à son client coupable. Notre empathie est elle aussi mise en doute face à ce portrait d'un homme en souffrance. Les scènes de parloir sont particulièrement prenantes et pesantes, tout comme celles avec la famille de la victime qui est loin d'être toute blanche. On hésite, on se perd, on imagine ce que la vérité a pu être... Ce thriller judiciaire, dans sa quête de la vérité absolue, vient secouer en permanence les évidences, via une mise en scène alambiquée, noire et maitrisée et des acteurs habités.