Comment, en 2018, peut-on encore oser produire un film pareil ? Comment un studio peut-il valider un scénario aussi mince, aussi peu original et aussi invraisemblable ? Comment les spectateurs peuvent-ils encore être avides d’un produit même pas digne d’être diffusé en VOD ou sur Netflix ? A ces questions, pas de réponses, mais en revanche une heure et demie de temps de perdu et un spectateur proche de l’hallucination tant « Peppermint » tient de la mauvaise blague. Mauvaise car on ne peut même pas prendre ce film de vengeance au second degré et en rire. Non, car le pire c’est que toute l’équipe qui a pondu ce machin y croit dur comme fer et se prend au sérieux. Et même au troisième degré, alcoolisé, stone ou tout ce que vous voulez on ne peut même pas se moquer de ce navet tant c’est navrant et qu’on enrage devant tant de bêtise et de manque de respect pour le public. Et le comble est que ce qui aurait pu être les scènes les plus intéressantes du film, celles où Garner fuit pour préparer sa vengeance font l’objet d’une ellipse notable…
Pierre Morel est quand même le réalisateur d’un film culte, en l’occurrence « Taken ». Un film certes surévalué mais qui tapait dans le mille là où c’était nécessaire et assurait niveau action et castagne de méchants. Depuis, il est vrai que le bonhomme ne nous a offert que des sous-produits dudit film bien peu palpitants (« Gunman », « Taken 2 », …). Mais là il touche le fond. On a pitié pour Jennifer Garner qui est bien la seule à y croire un temps soit peu et qui reste plutôt crédible et correcte dans le jeu. Hormis un petit retournement inattendu, le reste du scénario a été vu, revu et remâché des milliers de fois par des téléfilms anonymes, des séries B de vidéoclubs et tout un pan du cinéma depuis une trentaine d’années. Une famille assassinée, des méchants très méchants, une vengeance sèche et violente dont on connait la fin avant que le film commence, etc, ... Bref, du cinéma manichéen qui atteint son paroxysme ici.
Mais ce n’est pas tout. Non content d’être un copier-coller de bas étage, « Peppermint » se la joue invraisemblable du début à la fin. On sait bien que dans ce type de films, le héros (ou l’héroïne donc) est très endurant et presque invincible mais ici ce statut atteint des sommets dans le n’importe quoi qui décrédibilise toutes les séquences et surtout nous fait décrocher à chaque scène d’action. Des scènes d’ailleurs filmées comme il y a vingt ans sans aucune once d’innovation. Ajoutez à cela, des acteurs de seconde zone qui jouent mal et des dialogues d’une pauvreté à faire rougir une sitcom du câble et vous obtenez cette série B sans âme qui s’apparente à une purge. Enfin les poncifs s’enfilent comme des perles entre les vieux flashbacks au ralenti, les trafiquants latinos habillés comme dans des clips de rap et des flics à la ramasse. Il n’y ni nuance, ni subtilité, ni émotion, ni rien dans « Peppermint ». Un seul mot : fuyez ! Ou si vous aimez les vengeances au féminin, revoyez à la limite « Colombiana » ou surtout « Kill Bill ».
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