Le concept m’a intrigué et c’est clairement cela qui m’a amené à aller voir ce « Sans un bruit ». Et franchement, je dois bien reconnaitre que, sur ce point là, on ne s’est pas trop foutu de nous. Moi, la première chose à laquelle j’ai pensé quand j’ai appris que ce film reposait sur l’obligation pour les protagonistes de ne faire aucun bruit, ce fut les incidences que cela aurait sur les codes du cinéma d’épouvante. Et à dire vrai, plus que sur les codes du cinéma d’épouvante, ce concept là avait carrément le potentiel de remettre en cause tous les codes du cinéma tout court ! D’ailleurs en cela, l’introduction est un bijou d’efficacité. On ne nous dit rien de ce qui est en train de se passer, mais très rapidement on comprend très vite d’où vient le souci. D’ailleurs, les éléments d’informations tombent avec parcimonie et justesse, laissant suffisamment d’inconnus dans l’intrigue pour qu’on puisse se focaliser sur l’essentiel, c’est-à-dire un monde du silence imposé. Et franchement, le premier quart d’heure, je l’ai vraiment trouvé formidable. Avec cette interdiction de la parole, l’image reprend ses droits et la l’absence de verbe devient la règle. Bref, cela oblige ce film à parler sans les mots mais qu’avec le cinéma, et ça c’est vraiment efficace. Seulement voilà, un peu comme tous les films qui jouent sur la corde de l’« épouvante / post-apocalyptique / zombies&autresbestioles », il ne faut attendre longtemps pour qu’on voit se multiplier les traditionnels « comment » qui font tout tomber par terre. En gros, pour moi, dans ce genre de films, des « comment » il y en a de trois sortes. Il y a les « Comment ça se fait ? », les « Comment qu’ils sont cons ! » et les « Comment c’est bien arrangeant ce truc là ! » Et malheureusement, plus le film avance, plus les « Comment » s’accumulent.
Comment ça se fait que marcher avec des chaussures dans la forêt ça attire les monstres qui se trouvent à trois-cents mètres à la ronde alors que respirer à trois mètres d’eux ça passe ? Comment ça se fait que seulement après un an et demi d’apocalypse les herbes ont déjà perforé le goudron dans les villes ? Comment ça se fait que le père refuse à sa fille l’accès à la cave alors que ce qui lui cache (ses recherches sur les prothèses auditives) en fait il ne lui cache pas du tout ? Comment ça se fait que toute cette famille n’ait pas préféré s’installer dans une cave de ville où on peut supposer qu’il y a une meilleure insonorisation que dans une vieille cabane en bois, ou bien alors à côté d’une cascade puisque visiblement on peut y crier tranquillou sans rien risquer ? Comment ils font pour trouver huit tonnes de sable pour remplacer celui qui a été soufflé par le vent ? Comment ça se fait que les deux gamins s’enfoncent dans le grain quand ils tombent dans le silo mais que, quand ils se battent avec la bébête ils ne s’enfoncent plus ? Voilà déjà pas mal de « comment » auxquels s’ajoutent tous les autres tels que : comment qu’elle est conne la mère d’attirer le hurleur dans la cave avec son minuteur alors qu’il aurait pu simplement attendre qu’il parte en ne disant rien ! Comment qu’il est con le fils quand il décide de s’enfuir dans le champ de blé plutôt que sur le chemin de sable alors que non seulement celui-ci est plus direct, mais en plus totalement safe ! Et surtout, comment qu’il est con le père de tenter de zigouiller le hurleur à la hache alors qu’il sait très bien que l’animal est blindé et que surtout il suffit juste de se taire et de ne pas faire de bruit pour être sauvé lui et ses enfants ! Et puis pour compléter la liste des « comment » jusqu’au bout : comment que c’est arrangeant que le bébé n’ait pas pleuré à la naissance ou qu’il n’ait attiré aucun monstre ! Comment que c’est arrangeant que le monstre perce le silo pile au bon endroit pour permettre aux enfants de sortir ! Comment que c’est arrangeant que le micro de la radio soit relié aux haut-parleurs pourtant situés dans la même pièce !...
Alors oui, j’ai l’air de m’acharner, mais c’est vraiment pour vous démontrer que je ne tatillonne pas ! Non, ce film est un vrai festival d’absurdités ! Et c’est vraiment dommage parce que, l’un dans l’autre, il y avait quand même pas mal d’éléments qui méritaient une meilleure exploitation. Toutes les pistes posées par l’introduction en étaient par exemple quelques-unes. Mais aussi le choix de casting que j’ai trouvé très pertinent concernant le personnage de la jeune-fille pouvait également en être une autre. Prendre des acteurs et des actrices qui ont une vraie gueule à l’écran, pour le coup je trouve que ça apporte vraiment quelque-chose à l’interprétation. Ça permet de sortir de l’acting lisse. Mais bon, plein de petites belles audaces noyées donc dans des habitudes assez stupides, et c’est bien dommage. On aurait pu être dans la même veine que le récent « The Last Girl », ce qui aurait été chouette. Mais pour cela, il aurait fallu que John Krasinski comprenne qu’un concept original, ça doit se tenir sur la durée… Bon après, ce n’est que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)