J’ai pu enfin voir « Pentagon Papers » de Steven Spielberg.
Je lui préfère le titre original « The Post », titre évocateur qui renvoie au célèbre journal le « Washington Post » qui a révélé l’affaire du Watergate.
Tiens, tiens… comme on se retrouve monsieur Richard Nixon. Vous ne vouliez plus entendre parler de ce journal qui vous a fait du mal en révélant les secrets soi-disant défense sur la guerre du Vietnam, il vous retrouvera pour une autre affaire qui aura raison de vos combines.
Bref, quatre présidents ont menti sur cette guerre impopulaire qu’ils savaient être un échec annoncé.
Au-delà du scandale même, c’est la figure de Katharine Graham campée par une Meryl Streep toujours aussi incroyable d’incarnation.
Son père, puis son mari ont dirigé tour à tour « The Post ». Tous deux décédés et par souci de pérenniser l’oeuvre de son père, elle se retrouve aux commandes de ce journal en péril victime de gros soucis financiers. Comme elle ignore pratiquement tout des rouages d’un Journal, elle s’appuie sur les expérimentés.
Ainsi, autour d’elle, gravitent hommes politiques, conseillers d’affaires, de droit, de banquiers et quelques rédacteurs du « Post » dont Ben Bradlee sous les traits d’un Tom Hanks habité par la fonction et l’enthousiasme de son personnage.
Que des hommes vous dis-je ou plutôt me dit Steven Spielberg.
Je me demande même si le scandale n’est pas le terreau secondaire sur lequel s’appuie Spielberg pour révéler la prise de décision de Katharine Graham.
Car c’est bien ça le coeur du sujet me semble-t-il.
Une armada d’homme débarque chez elle tard dans la nuit, alors qu’elle est en chemise de nuit, pour malmener sa conscience : doit-on publier ou non les documents secrets d’Etat ?
Un cas de conscience pour Katharine Graham bousculée par la perspective d’un procès qui pourrait rayer d’un trait l’héritage de son père et tous les employés du Journal pour qui elle portait un regard à la fois préoccupé et bienveillant quand elle arpentait les locaux à la veille de prendre sa décision.
Même Ben Bradlee décidé à les publier, faisant fi des tergiversations de Katharine Graham, s’affiche soudainement prudent.
Katharine Graham prend seule la décision de les publier. Contre toute attente, la catastrophe annoncée n’aura pas lieu.
En descendant les marches de la Cour Suprême, Katharine Graham force l’admiration de nombreuses femmes postées derrière un cordon.
Steven Spielberg aurait-il esquissé un film féministe ?
Car l’air de rien, Katharine Graham se dit comparable à toutes ces femmes qui sont dans l’ombre de leur mari parce qu’elles ne travaillent pas ; comme toutes ces femmes, elle se dévalorise… à tort.
Le film de Steven Spielberg - « The Post » ne se résume pas à un scandale publié, il révèle le courage d’une femme mésestimée par des hommes. Courage qu’elle devait avoir en elle et qui s’est manifesté pour sanctionner cinq gouvernements menteurs. Elle devait « être au service des gouvernés et non des gouvernants ».