Steven Spielberg revient avec un film au sujet académique et vraiment pertinent aujourd'hui : l'affaire des Pentagon Papers, l'un des premiers scoops de l'histoire du journalisme américain au début des années 1970.
Tout débute lors d'un prologue en pleine guerre du Vietnam (où le réal nous prouve en 1 minute qu'il sait filmer des scènes de guerilla ultra immersives),nous conduisant ensuite à une source divulguant plus de 7 000 pages top secret qui dévoilent les origines de la guerre du Viêt Nam et prouvaient que les États-Unis avaient délibérément provoqué ce conflit politiquement et militairement.
Spielberg nous montre donc la première directrice du journal The Washington Post, Katharine Graham (campée par une Meryl Streep fidèle à elle-même), et son rédacteur en chef, Benjamin Bradlee (un excellent Tom Hanks en journaliste chevronné près à tout pour la vérité), luttent contre le gouvernement fédéral pour publier ces documents.
Inutile de le dire : en terme de mise en scène le film est tout simplement impeccable, entre longues prises et plans séquences sobres, élégants et calculés, permettant aux acteurs de se mouvoir de manière fluide et sans cuts à outrance. Spielberg nous montre encore qu'il manie la caméra comme peu de monde et qu'il est un maître dans le domaine.
En parlant des acteurs, il s'agit sans aucun doute d'un des castings les plus prestigieux et impressionnants de sa filmographie : Tom Hanks, Meryl Streep, Sarah Paulson, Alison Brie, Carrie Coon, David Cross, Bruce Greenwood, Pat Healy, Tracy
Letts, Bob Odenkirk, Sarah Paulson, Jesse Plemons, Matthew Rhys,
Michael Stuhlbarg....
Tous sont excellents et ajoutent au véritable plaisir du visionnage.
John Williams revient pour une bande originale qui certes est peu présente dans le film, permettant une authenticité sans réel artifice de dramaturgie (et presque une théâtralité dans les nombreux échanges entre les personnages concernant leurs investigations ainsi que les débats impliquant la décision de publier des révélations sensibles pour le gouvernement), mais quand les notes du maestro affluent, c'est toujours pour réhausser le matériau de base, bref encore un pari gagné pour le compositeur légendaire.
Si le film traite bien sûr de l'affaire des Pentagon Papers, il essaye quand même de parler de la condition de la femme dans des milieux professionnels jusqu'à présent dominés par la gente masculine (avec le personnage de Meryl Streep), de la liberté d'expression ou d'être une critique acerbe du gouvernement américain sous Nixon, The Post reste selon moins un peu timide à ce niveau, en effleurant quelque chose qui aurait permis plusieurs grands niveaux de lecture (à l'instar de ce qu'a fait Michael Mann il y a des années avec le sublime The Insider) au sein de ce scandale historique.
Quoiqu'il en soit, on a là un très bon film de Steven Spielberg, qui malgré un premier tiers plein d'exposition et une fin à la "to be continued" assez abrupte concernant le Watergate, sait nous captiver, doté de brillants acteurs et d'une des meilleures mises en scène de Spielberg.