Attention, cet contient ce genre de
"J'emporte l'oiseau [un perroquet], et je me mets à lui répéter tout le jour: la Charpillon est encore plus c... que sa mère. Au bout de 8 jours, le perroquet avait si bien retenu sa leçon qu'il la répétait du matin au soir en y ajoutant un bruyant éclat de rire." Mémoire de Casanova, tome 4, chapitre 11.
A l'évocation de Casanova, on imagine un esprit fin et cultivé, une personnalité exubérante et sulfureuse, un homme hâbleur et aventurier, passionné et passionnant, toujours un bon mot aux coins des lèvres. Ici, Lindon campe un Casanova taciturne, peu loquace, presque introverti donc très éloigné de l'image qu'on se fait du personnage historique. Jacquot, lui signe une histoire très éloignée de celle narrée par le chevalier de Seingalt. Dans la version autobiographique, l'épisode "Charpillon" n'est que vénalités, duperies, fièvres et déception amoureuse. La très jeune femme (mineure) se faisait payer mais ne se livrait pas. Elle a ainsi entraîné le séducteur dans un tourbillon de passion, le rendant fou de désir, puis fou de rage avant de plonger dans les affres de la culpabilité. Les moeurs de l'époque s'avèrent trop scandaleuses selon les standards actuel pour être représentés à l'écran de façon crédible...à moins de tourner une comédie cruelle (Ridicule, Mademoiselle de Joncquières, la favorite...). Jacquot n'étant pas un drôle, le réal se borne à vouloir faire de cette "mésaventure" un drame amoureux lent et mou. Le projet avait du potentiel : l'échec de Casanova, la rencontre entre deux fieffés coquins soufflant le chaud et le froid. Mais à l'écran, tiédeurs, rien ne passe. Casanova-Lindon n'est que l'ombre de sa réputation. Avec lui, l'amour lumineux qui fait tambouriner le coeur et les tourments de la déception prennent les mêmes traits. Même "staticité" du côté de Stacy Martin. La vraie Charpillon devait savoir mêler toute sorte d'ambiguïtés pour survivre chez les aristos. Où sont les jeux de la séduction et de l'esprit? Où est le "verbe" de cette haute société plus spirituelle que pieuse ? Où sont les gradations dans le processus amoureux? Où sont les coups tordus que ce sont livrés les deux protagonistes? Bref, décors riches (éclatants costumes d'époque, éclatante vaisselle d'époque, éclatante boiseries d'époque, éclatante bougies...pas d'époque), histoire pauvre.