Quién te cantará est née de l'envie de Carlos Vermut de raconter deux histoires : "une fable sur les affres de la célébrité avec une diva chanteuse et un film de fantômes". Fasciné par l'impact que peut avoir une célébrité sur un fan et par ce que représente un fantôme, il a décidé de développer "cette histoire de mimétisme, de mémoire, de métamorphose : comment à force de vouloir ressembler à une personne et de courir après une chimère, on finit soi-même par devenir un fantôme. Le fantôme de sa vie, en somme".
S'il se défend de les appeler influences, le réalisateur reconnaît apprécier autant Le Locataire de Roman Polanski pour sa capacité à jouer sur le thème du double, que l'oeuvre d'Ingmar Bergman ou encore La Fille de nulle part de Jean-Claude Brisseau. Il est aussi séduit par John Cassavetes et Pedro Almodovar pour leurs portraits de femmes perdues ou en crise. Il ajoute : "J’ai également une vraie nostalgie pour un vieux cinéma animé par la croyance en ses images et la suspension d’incrédulité, pour la magie du cinéma d’un Douglas Sirk qui autorisait tous les rebondissements et n’avait pas peur du mystère". Les peintures d'Edward Hopper, capables de traduire la solitude par la composition de leurs plans, ont nourri sa façon de constituer des espaces épurés et dépeuplés dans son film. Enfin, il se réclame formellement de La Femme des sables de Hiroshi Teshigahara.
Le réalisateur a porté son choix sur deux actrices : Eva Llorach, qu'il avait dirigée dans La Niña de fuego, et Najwa Nimri, actrice et chanteuse très célèbre en Espagne : "Je voulais une actrice-chanteuse, pour m’inscrire un peu dans cette tradition des films espagnols où les stars de la chanson jouent les premiers rôles au cinéma et donc chantent leurs propres compositions".
Il était évident dès le début du projet que le personnage de Lila Cassen ne serait pas basé sur une chanteuse ayant réellement existé car cela aurait été trop contraignant de respecter les faits et d'être prisonnier des codes du biopic. Il s'agissait cependant de s'inspirer de la chanteuse japonaise Chiaki Naomi, aussi bien pour son histoire (elle s’est arrêtée de chanter du jour au lendemain) que pour son style.