Le film de la réalisatrice Ildikó Enyedi nous emmène à explorer les profondeurs de nos âmes.
Nous espérons nous trouver, nous aimer, dans un univers rude où la mort (celle des animaux) est présente dans quelques plans. Et en plus, quelle allégorie sur la condition humaine, quand la réalisatrice prend pour modèle sur nos difficultés à communiquer, une jeune femme qui apparaît aux yeux des autres, comme une personne autiste, incapable d'échanger avec eux. Mais ceux qui semblent être dans la normalité, communiquent-ils entre-eux ? Pas si sûr ! Ne sont-ils pas dans une illusion des rapports humains ?
Les scènes dans l'abattoir sont bien sûr difficiles. Le regard des vaches est scénarisé. Une vache contemple le ciel avant d'être conduit vers son terrible destin. Les vaches se regardent. Elles semblent guère optimistes sur leur sort, et comme réponse à leur drame inévitable, les autres images du cerf et de la biche, profitant eux de leur liberté, de leur vie. Finalement ce sont ces 2 animaux qui sont les seules figures libres du film. Les humains sont eux enfermés dans leurs faut-semblants, jouant leurs rôles sociaux. Certes leur métier est ingrat dans un environnement très dur. La réalisatrice ne les montre pas du doigt. Chacun à ses chaînes. Et puis enchaînés comme les autres, il y a les personnages principaux un homme plus très jeune et handicapé, et donc cette femme prétendument autiste, et assez paradoxalement, ces 2 "handicapés" de la vie, ont les réponses pour supporter cela, du moins dans leurs rêves. Comment s'échapper à ces conditions de vie très dures dans cet abattoir ? Comment fuir cette terrible réalité ? En fait ces 2 personnes sont déjà liés dès le départ. Leurs différences avec le reste du groupe fait qu'ils doivent s'unir, malgré les obstacles. mais leur destin est intimement lié. Leurs rêves les amènent vers cette liberté tant recherchée. Ils rêvent de briser leurs chaînes de cet abattoir cruel où finalement personne (homme et bêtes) n'en échappent.
C'est bien évidemment un film sur les corps qui triment et l'âme (l'âme des gens, l'âme des vaches aussi) chacun est voué à sa destiné. à son terrible destin. Et cela est raconté avec une objectivité implacable.