Le Caire, en janvier 2011, peu de temps avant la révolution, une chanteuse est retrouvée égorgée dans une chambre d'hôtel. Noredin est chargé de l'enquête. Ses soupçons se portent très vite sur un homme d'affaires qui est aussi un politicien puissant, proche du pouvoir du président Moubarak. Salwa, une femme de ménage soudanaise a été témoin du meurtre.
Le Caire confidentiel est un thriller à forte connotation politique et sociale germano-dano-suédois écrit et réalisé par Tarik Saleh, réalisateur suédois d'origine égyptienne, notamment primé en 2017 au Festival du film de Sundance.
Le film a été tourné en Tunisie, son réalisateur n'ayant pas eu les autorisations pour tourner au Caire.
Le Caire confidentiel s'inspire d'un fait divers, l'assassinat d'une chanteuse libanaise dans les mêmes circonstances en 2008. Des proches de l'ancien président Moubarak étaient impliqués.
Le film s'appuie sur une réalisation solide, montrant un pays plongé dans la corruption , dont les fonctionnaires sont corrompus à tous les étages. Le système s'appuie sur un maillage solide et rodé bien montré par le réalisateur. En revanche, l'enquête n'a pas beaucoup d'intérêt, les"fils de la pelote de laine" sont très vite démêlés et tout le propos du film vise à incriminer les officiels et leur "bras armé", la sureté de l'Etat dont l'un des impitoyables exécutants est interprété par Slimane Dazi.
L'acteur principal n'est pas un inconnu, il s'agit d'un acteur qui tourne beaucoup en Suède: Fares Fares, l'un des deux protagonistes du très bon tryptique policier "Les enquêtes du département V".
Solide mais désenchanté , Noredin est honnête sans être "un chevalier blanc".
La bande originale de Krister Linder est inspirée.
A titre personnel, je reprocherai au film une approche partielle, superficielle et incomplète dans son analyse sociale, laissant de coté le fait religieux. Même si ce n'est pas le sujet, jamais il n'est dit que c'est l'absence de politique sociale d'un Etat népotiste depuis une soixantaine d'années (Moubarak est l'ultime "avatar" d'un système éprouvé) qui a "ouvert un boulevard" aux frères musulmans, seule "soupape" pour une grande partie de la population égyptienne dans la difficulté. Bien entendu, rien n'est gratuit et la nature a horreur du vide. Cela a sous tendu la montée du fanatisme dans le pays avec les conséquences que l'on mesure aujourd'hui: davantage de pauvreté, tourisme en chute libre, terrorisme et régime autoritaire (...). Ce schéma est, grosso modo, transposable aux pays voisins (Tunisie...). C'est d'ailleurs dans des circonstances comparables que Khomeini est arrivé au pouvoir en Iran en 1978 et que le Hamas s'est imposé dans les territoires occupés.
Ma conclusion à titre personnel est que le film, bien qu'étant produit par des fonds uniquement européens (Danemark, Suède , Allemagne...) recèle un certain angélisme et je terminerai mon propos par la question suivante: comment va l'Egypte depuis les évènements de la place Tahir de janvier 2011 et le départ de Moubarak et quelles sont les réelles conséquences du Printemps arabe pour l'Egypte et les pays de la zone...comme pour leurs voisins européens?