Wonka : les secrets du tournage

Paul King voulait mettre en scène un Wonka encore tout jeune, plein d’espoir et d’optimisme avant qu’il ne devienne l’homme joué par Gene Wilder ou Johnny Depp. Le metteur en scène confie : "Un garçon totalement fauché, mais qui avait des rêves et de grandes ambitions. Je voulais raconter l’épanouissement d’un génie qui se révèle de la plus belle manière qui soit – un homme qui découvre son identité et qui, par la même occasion, se trouve une famille."

"Du coup, quand on fait la connaissance de Willy Wonka, il n’est pas encore devenu le personnage qui nous a tous accompagnés quand on était enfants. C’est un tout jeune homme qui débarque dans une ville étrange, magique, mystique. Il a une vision très claire de son avenir et il pense que tout est possible… si bien qu’il n’est pas du genre à baisser les bras ou à essuyer un refus."

"On ne devient pas un des plus grands inventeurs au monde sans une détermination inébranlable et la foi en l’impossible. Je ne crois pas qu’il accepterait de s’entendre dire ‘Eh bien, c’est impossible’ et qu’il répondrait ‘Parfait. Je renonce.’ Il s’agit de Willy Wonka, l’homme qui a mis au point la boisson gazeuse aérodynamique ! Celui qui peut faire des bonbons acidulés inusables !"

Wonka est un projet qui a émergé en 2016, lorsque Warner a obtenu les droits du fameux personnage de Willy Wonka créé par Roald Dahl dans Charlie et la Chocolaterie, publié en 1964. C'est en 2018 que l'idée de faire un préquel à ce roman émerge. Cette même année, le réalisateur est choisi : il s'agit de Paul King à qui l'on doit Paddington et sa suite. Plusieurs acteurs sont envisagés dans la foulée pour camper Willy Wonka, avant Timothée Chalamet. Parmi eux : Donald Glover, Ryan Gosling, Ezra Miller et Tom Holland.

Deux autres acteurs ont incarné le personnage de Wonka au cinéma : Gene Wilder dans Charlie et la chocolaterie de Mel Stuart (1971) et Johnny Depp dans Charlie et la chocolaterie (2005) de Tim Burton. Par ailleurs, le long métrage animé Tom et Jerry au pays de Charlie et la chocolaterie Wonka est un remake animé du Charlie et la chocolaterie de 1971.

Hugh Grant incarne un Oompa Loompa, un personnages de petite taille. Il s'agit de la première fois que le rôle d'un oompa loompa est interprété par un acteur n'étant pas de petite taille. Un choix qui a été commenté, et que déplore précisément l'acteur George Coppen (vu notamment dans la série Willow). Sollicité par la BBC, celui-ci a indiqué :

"Beaucoup d'acteurs de petite taille ont le sentiment qu'ils sont mis à l'écart de l'industrie, poussés dehors avec amour. Beaucoup de gens, dont moi-même, considèrent qu'on devrait leur proposer des rôles de tous les jours dans des drames ou des séries quotidiennes, mais on ne nous offre pas ces rôles. Une porte se ferme, mais ils ont oublié d'ouvrir la prochaine."

Le tournage a démarré dans les studios Leavesden de la Warner à l’automne 2021 et a duré 21 semaines. Il s’est déroulé dans une cinquantaine de décors construits sur trois plateaux, un immense plateau extérieur, un hangar à avions et une dizaine de sites naturels. Outre l’équipe principale, les équipes de danse et de musique ont répété tous les jours avec les acteurs, mais aussi avec les danseurs, les figurants, les cascadeurs et les acrobates.

Pour donner vie à l’univers imaginé par Paul King, les départements Décors, Constructions et Accessoires ont élaboré une ville romantique sur le plateau extérieur des studios Leavesden. Ils ont aussi investi plusieurs lieux de tournages en Angleterre, d’un modeste village dans l'Oxfordshire à une salle de bal des années 1950, en passant par la cathédrale Saint-Paul de Londres.

King a évoqué la ville à ses chefs de postes comme étant « la plus belle d’Europe » et le chef décorateur Nathan Crowley a travaillé en étroite collaboration avec le décorateur de plateau Lee Sandales et le chef accessoiriste Jamie Wilkinson pour proposer au réalisateur une ville charmante, inspirée par les architectures belge, tchèque, hollandaise, française, germanique et suisse.

Le mélange de décors construits (empruntant à des structures existantes) et de lieux de tournage bien réels a donné de l’envergure à la ville. La légèreté de la pierre calcaire à Bath et Oxford a été reprise à travers les décors construits, soulignant le romantisme des nouvelles constructions.

Le réalisateur et son équipe ont imaginé cette ville insulaire, à commencer par un château en ruines à son sommet et une grand-place richement décorée en son centre, flanquée d’un côté par une cathédrale et, de l’autre, par les célèbres Galeries Gourmet. Depuis la place, des rues pavées serpentent jusqu’aux aux quais et empruntent le pont jusqu’à la laverie-usine de Mme Scrubitt.

En amont du tournage, Timothée Chalamet s'est beaucoup entraîné au chant avec le chef du département Musique, le Britannique James A. Taylor. Par ailleurs, l'acteur a répété les scènes de danse avec le chorégraphe Chris Gattelli. Il se rappelle : "Ensuite, on a répété, répété, répété ! C’était très malin car lorsque le tournage a commencé, j’avais acquis une véritable endurance. Je dois dire que c’est mon tournage le plus éprouvant physiquement. J’étais de toutes les scènes !"

"Il faut être constamment enthousiaste et il n’y a pas une scène où je reste statique. C’est non seulement formidable pour l’histoire, mais une grande leçon pour moi en tant qu’acteur. J’ai été heureux d’avoir cette période de préparation pour acquérir une bonne forme physique."

Cette construction colossale, qui a nécessité huit mois de travail, occupait environ 810 000 m2 du plus vaste plateau extérieur de Leavesden. La Grand-Place s'inspire de la Tour poudrière de la Vieille Ville – une porte d’influence gothique qui garde le pont Charles dans le quartier de la Vieille Ville à Prague..

Timothée Chalamet a eu plusieurs problèmes de ventre en raison des grandes quantités de bonbons, gâteaux et chocolats qu'il mangeait pendant le tournage (grâce notamment à une chocolatière de génie engagée pour les besoins du film !). 

L’intérieur de la Chocolaterie Wonka a été construit séparément sur le plateau S de Leavesden des studios Warner, près de Londres. La production s’est inspirée des souvenirs d’enfance de Wonka pour le style de la chocolaterie : sa pièce maîtresse est un cerisier en fleurs – un arbre devant lequel Willy et sa mère avaient l’habitude de passer. L’arbre rotatif peut être atteint à l’aide d’un pont et possède un tronc tout en courbes, permettant à Wonka de marcher jusqu’au sommet.

C’est aussi là que tournoient des nuages de barbe à papa teintés de rose. Une péniche en chocolat flotte sur une rivière de bonbons aux vagues bleues et aux crêtes couleur crème, où Willy et Noodle trinquent avec des tasses en chocolat. Une route en loukoums roses fait le tour du magasin. Tout ce qui provient du jardin magique est fait pour être mangé : les gigantesques roses, les fleurs des prés, l’herbe, les buissons, les sucettes et les nuages en barbe à papa.

L’équipe artistique s’en est tenue à une règle en fabriquant et en installant les éléments dans le décor : "Si ça n’a pas l’air vraiment comestible, on ne l’utilise pas". Il a fallu un important travail de recherche pour trouver des fleurs et des plantes artificielles, mais aussi pour sculpter, tester les peintures, enrober de sucre les créations, les glacer et les tremper dans du chocolat, tout en cherchant les procédés idéaux pour donner un aspect appétissant et délicieux aux accessoires.

Paul King a proposé le rôle de Wonka à Timothée Chalamet sans même lui faire une audition car il connaissait ses capacités musicales après avoir visionné les performances du jeune acteur sur des vidéos YouTube (dans lesquelles il s'adonne à l'exercice du rap !), lorsqu'il était au lycée : "C’était une offre directe parce qu’il est génial et qu’il était la seule personne dans mon esprit qui pouvait le faire. Mais parce qu’il est Timothée Chalamet et que sa vie est tellement absurde, ses performances musicales au lycée sont sur YouTube et ont des centaines de milliers de vues."

"J’ai donc su en tant que ‘stan’ de Timmy Chalamet qu’il pouvait très bien chanter et danser. Je savais que c’était dans son arsenal, mais je ne savais pas à quel point il était bon. Quand je lui ai parlé, il était très enthousiaste. Il avait fait des claquettes au lycée et il s’est dit : ‘J’aimerais bien montrer aux gens que je peux faire ça.’"

Après avoir reçu le scénario, Gabriella Cugno, officiellement membre de l'équipe Décors et Accessoires, s'est lancée dans la réalisation de 6 confiseries, dont chacune avait 4 formes différentes, en veillant à ce que l'aspect extérieur éclaire le contenu et révèle la magie de la confiserie. Après une présentation suivie d'une dégustation, Paul King a sélectionné ses préférées et donné des consignes pour l'allure des autres chocolats restant à créer.

Étant donné que le chocolat devait avoir l'air d'être fabriqué par Willy dans son atelier de fabrication portatif, Gabriella a travaillé étroitement avec l'équipe Accessoires pour concevoir les moules. Elle a tout d'abord utilisé du chocolat noir, car son goût est plus fort, et a respecté certaines exigences diététiques (il y avait même des versions végan).

L’ensemble des chocolats fabriqués pour le film comprend 900 Chocovol, 80 Silver Linings, 85 Big Night Outs, 150 macarons au lait de girafe, 400 Forty Second Sweets (Broadway Show), 200 Hair Repair Éclairs et 80 barres Mamma’s Wonka.

Il a fallu également réaliser un nombre limité de créations végétales comestibles pour la séquence dans la chocolaterie de Willy Wonka, comme par exemple une fleur en forme de balle bleue (15 fleurs ont été construites, chacune comportant 300 pétales faits à la main, soit 4 500 pétales au total), 50 fleurs violettes, 80 roses rouges et 6 des tasses à thé réalisées à la dernière minute.