« Capharnaüm » est rien que pour le jeu des enfants et en particulier celui de Zain, un film bouleversant !
De voir cette misère sordide, ces conditions de vie effrayantes et inqualifiables, où ce petit bout de 12 ans à peine se débat et survit comme il peut en portant à bout de bras sa famille et pas seulement (!), on ne peut que se sentir mal à l’aise, suffoquer tant on baigne dans la noirceur, la saleté la plus totale.
C’est poignant, dérangeant pour nous confortablement assis dans nos fauteuils bien au chaud et au propre, devant cet écran qui fait de nous un complice, presque un voyeur de cette misère au quotidien et qui pourtant oubliera aussi vite ces drames !
Car au-delà des deux heures de cette histoire incroyable, que restera-t-il de notre envie subite de nous révolter ?
Et pourtant Nadine Labaki fait tout pour nous toucher, pour rendre le cheminement de cet enfant à la volonté de fer, un petit d’homme protecteur au cœur gros ça, même si cette histoire nous conduit à cette prise de position impensable, soir la mise en accusation de ses parents maltraitants !
Le duo que Zain forme avec ce bébé Yonas, est sidérant par le réalisme et cette présence rare à l’écran !
Ces yeux terribles, volontaires, voire hargneux sous cette mèche de cheveux rebelle, resteront pour beaucoup en mémoire !
On suit hébété les errements de ces deux enfants dans une ville de tous les dangers, parmi une indifférence totale !
Ce témoignage dans un Beyrouth sale fait de bric et de broc et à la triste combine à chaque coin de rue, nous glace d’effroi...
Ceci d’autant plus que la cinéaste accentue le tout avec des effets de musique appuyés, et un don manifeste pour filmer les enfants et leurs regards, alors que cet aspect est déjà plus qu’évident en nous prenant d’emblée à la gorge...
Et encore on ne tombe pas dans le pire du pire, c’est à dire le trafic d’enfant ou la prostitution, car ici les sentiments d’affection ou d’amour sont présents même s’ils sont maladroits, ou plutôt très calculés quelquefois !
Maintenant, il faudrait sans doute se secouer et prendre parti aussitôt à peine sorti de cette séance, pour militer et s’impliquer dans cette cause, afin de venir en aide à tous ces enfants en détresse, quels qu’ils soient et où qu’ils soient !
Si ce cinéma ou ce déjà ce film, servait au moins a ça, ce serait déjà merveilleux pour Nadine Labaki et le petit Zain !