Après avoir fait pâlir toute la communauté de tueurs à gages de la planète par le nombre de victimes impressionnant laissé dans son sillage à cause de son compagnon à quatre pattes et d'une voiture, John Wick est de retour pour un troisième round et, cette fois, c'est la profession entière que va devoir affronter le plus fidèle et sanguinaire ami des chiens. En effet, à la fin du deuxième volet, le bonhomme avait commis l'irréparable : tuer dans l'enceinte de l'hôtel Continental, LE sanctuaire des tueurs à gages où il est interdit de vider le sang d'un collègue. Avec cette promesse d'une menace aux proportions encore jamais atteintes (et Dieu sait que l'ami Wick est un vrai aimant à embrouilles !), "John Wick Parabellum" et son architecte en chef, Chad Stahelski, devaient donc encore frapper plus fort que le précédent film où les gunfights et autres sympathiques rencontres bastonneuses avaient déjà atteint bon nombre de pics d'inventivité jouissive permettant de faire de John Wick une figure iconique du cinéma d'action US contemporain (ils ne sont finalement pas si nombreux à prétendre à ce titre)...
Pas le temps de souffler, "John Wick Parabellum" nous replace quelques minutes à peine après le deuxième opus où son héros prend la poudre d'escampette après la déclaration de son bannissement. Les premières minutes prennent la forme d'un compte à rebours tendu comme un slip de ninja où Wick se prépare au pire avant que les assassins de tout New York se ruent sur sa petite personne pour lui faire des misères. Évidemment, dès l'ultimatum expiré (et même avant), le carnage tant promis débute de la manière la plus explosive qu'il soit et, si vous pensiez qu'à ce niveau, rien ne pouvait surpasser "John Wick 2", vous vous fourriez un énorme couteau dans l'oeil ! "John Wick Parabellum" explose tous les compteurs déjà pourtant élevés de son prédécesseur à ce niveau ! Entre un combat à vous faire revoir la véritable utilité d'un livre, une séquence tranchante dans une galerie d'armes blanches et une poursuite équestre en plein Manhattan, ce troisième opus est tout simplement orgasmique par la force de percussion absolument incroyable de ses affrontements situés dans des cadres inédits et véritables acteurs de bagarres toujours promptes à vous étonner. Et tout ceci n'est qu'un amuse-bouche face au plat de résistance que va représenter la virée complètement dingue au Maroc de l'ami Wick ! Comme Keanu Reeves au début de la trilogie, sa nouvelle complice Hallee Berry va y ressusciter instantanément sur grand écran avec une hargne au moins aussi égal que les deux molosses qui accompagnent son personnage ! De plus, le duo meurtrier va également offrir la tuerie la plus impressionnante de toute la saga, laissant un Casablanca jonché de cadavres sur leur passage ! Bref, on était venu en prendre plein les mirettes niveau action et le délire de violence dont Chad Stahelski ne cesse de pousser les curseurs ne nous décevra pour ainsi dire jamais !
Par contre, là où "John Wick Parabellum" va patiner comparé à ses aînés, c'est sur la matière pour déchaîner toute la fureur de ces affrontements...
En gros, chaque "John Wick" démarrait sur une embrouille relevant presque de l'anodin malgré le contexte de violence et, suite à cela, la colère revancharde du héros prenait une ampleur démesurée qui permettait d'explorer toujours un peu plus l'univers de tueurs à gages dont il est issu. Ce monde se révélait finalement assez proche d'un comicbook par toutes ses lois strictes jouant sur une normalité à la fois savoureuse et décalée des codes administratifs propres à notre société. Ici, force est de constater que la découverte de cet univers trouve ses limites car le scénario mutiplie à la fois les excès et les lacunes en ce sens.
On prend bien entendu un immense plaisir à renouer avec les règles de ces tueurs, le film en connaît indéniablement tout le potentiel en y annexant un nouveau personnage symbole même de leur rigidité, l'Adjudicatrice (excellente Asia Kate Dillon), et la bataille finale revenant aux fondamentaux de la saga et de ses figures de proue en sera d'ailleurs la quintessence.
Seulement le film va aussi beaucoup trop en faire en élargissant sans cesse à de nouveaux lieux l'influence des tueurs, jusqu'à la rendre totalement invraisemblable (c'est bien simple, tous les endroits visités sont toujours plus ou moins une façade pour eux !). Si cette donne trop poussée va nuire à la crédibilité de l'ensemble, il en ira de même pour la destinée du héros, condamné à ressasser les mêmes blessures et à devenir un simple personnage de jeu vidéo passant d'un niveau à autre, entre divers serments et trahisons, au fil de ses rencontres amenées invariablement à déboucher sur une plus importante. Cette approche sera toujours agréable pour enchaîner les différents affrontements (le combat dans la galerie contre la bande à Mark Dacascos est même carrément un jeu vidéo à plusieurs niveaux qui ne s'en cache absolument pas) mais, pour suivre la progression d'un John Wick que l'on ne sait plus comment faire évoluer autrement que de manière christique (aïe, ouille, la partie dans le désert !), l'affaire se révélera incontestablement décevante.
Ceci dit, vu les phases quasiment orgasmiques du combat final faisant office de retour aux sources entre tous les pions mis en place par la saga, on pardonnera aisément cette histoire bien plus convenue que les précédents films. Attention cependant aux enjeux installés en vue d'un quatrième (et déjà confirmé) épisode, notre plaisir de retrouver à la fois Keanu Reeves et Chad Stahelski, aussi incroyables l'un que l'autre devant et derrière la caméra, sera bien sûr présent mais, s'il y a encore quelque chose deplus pertinent à raconter sur John Wick et son univers, ce sera encore mieux..