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    La Surface de réparation
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "La Surface de réparation" et de son tournage !

    Naissance du scénario

    Pour son premier long-métrage, Christophe Regin s'attaque à un thème qui lui est cher, celui du milieu sportif, sujet qu'il a déjà traité dans ses trois courts-métrages post-Fémis d'où il est sorti diplômé en 2005. Cette idée d'un personnage qui vit dans l’ombre d’un club de foot lui est venue lorsqu'il avait une vingtaine d’années et jouait dans un club non loin du Parc des Princes, le stade du PSG, dont la majorité de ses coéquipiers étaient supporters. Le metteur scène se rappelle :

    "L’un d’eux avait eu l’occasion d’entrer au centre de formation de ce club, avant de voir brutalement les portes se refermer devant lui, comme l’immense majorité des candidats. Il m’a fasciné parce qu’il y avait chez lui quelque chose de « pas fini ». Lui qui avait grandi au pied du stade était incapable de s’en détacher. Il s’acharnait à en rester un satellite, en devenant un supporter fanatique, mais aussi un vendeur de places à la sauvette ou de maillots récupérés je ne sais comment."

    Thème cher

    Le premier court-métrage de Christophe Regin, Adieu Molitor, racontait déjà un personnage d’ancien footballeur reconverti en homme à tout faire pour son club. "Le foot est un terreau de fiction extraordinaire, à condition de l’aborder par ses marges et ses personnages périphériques, qui tentent chacun à leur manière d’avoir une part du gâteau. Le film est anti-spectaculaire, à contre-courant de l’image qu’on a de ce milieu. Je ne suis jamais sur le terrain, toujours dans les coulisses. De l’extérieur, le foot fait rêver, mais de l’intérieur, c’est plus complexe et parfois souvent douloureux...", raconte le réalisateur.

    Une place à la marge

    Dans le film, Franck vit dans les coulisses du FC Nantes. Il est à la fois espion pour un dirigeant, intermédiaire des joueurs, chaperon des plus jeunes, etc. Ce personnage est parvenu à devenir un maillon essentiel du club, tout en n’en faisant pas vraiment partie. Christophe Regin explique :

    "Cette place à la marge, c’est sa fierté et sa force, mais aussi son drame, car elle l’empêche de faire le deuil de ses rêves de jeunesse et de se projeter dans une vie d’adulte. Je voulais raconter un personnage tiraillé entre cet univers réputé pour ses dérives en tout genre, et des valeurs comme la fidélité, le collectif, le travail, sur lesquelles il s’est construit. Des valeurs qu’on lui a inculquées lorsqu’il était apprenti footballeur et qu’il tente de transmettre aux jeunes du club avec plus ou moins de succès… Et puis il y a aussi une certaine pudibonderie chez lui, un côté janséniste « le sexe et l’argent c’est sale », qui fait qu’il se considère presque comme la conscience morale du club, méprisant les écarts des joueurs."

    Dans la réalité...

    Dans la réalité, les gens qui, comme Franck, vivent aux crochets des clubs et des joueurs, sont nombreux. Il y a ceux qui abordent les joueurs aux alentours du centre d’entraînement ou dans les lieux qu’ils fréquentent pour leur proposer toutes sortes de services ou d’affaires. Mais surtout, les joueurs ont souvent un ami, membre de la famille ou ancien partenaire, qui vit avec eux pour leur tenir compagnie et s’occuper de leurs affaires courantes. Christophe Regin confie :

    "Je trouve passionnant les liens qui peuvent se nouer dans cette cellule où celui qui a réussi peut rémunérer un proche pour juste être avec lui, lui rendre des services. Et où les deux parties y trouvent leur compte. C’est cette relation d’interdépendance que j’interroge de façon un peu détournée dans le rapport entre Franck et Yves. Même si son affection pour Franck est sincère, Yves le maintient à une place où il lui est utile, l’entretient et le conforte dans son rôle de gardien du temple, mais l’empêche aussi de se construire. Et Franck, même s’il aspire à mieux, se complaît dans cette situation confortable dans l’illusion que sa vie est là."

    Le choix Gastambide

    Christophe Regin avait repéré Franck Gastambide dans la mini-série Kaïra Shopping, qu'il trouvait très drôle et qui faisait écho à ses personnages qui tentent de faire leurs affaires à la marge. Le metteur en scène se souvient : "Pendant l’écriture du scénario, j’essayais de l’imaginer dans le rôle, je suivais ce qu’il faisait au cinéma ou à la télévision. Dans mon milieu, beaucoup de gens ne l’identifient pas, alors qu’auprès du grand public, c’est une star. Il a un truc assez unique dans le paysage audiovisuel français. Il n’est pas fait d’un seul bloc. Il roule un peu des mécaniques, tout en restant très touchant. Il peut être très élégant, le costume lui va à merveille, mais il a gardé un truc un peu ado."

    Références cinématographiques

    Côté références cinématographiques, Christophe Regin cite des films dans lesquels les personnages ont une place et un rapport marginalisés au monde qui les entoure, comme Mélodie pour un tueur de James TobackMacadam Cowboy de John Schlesinger ou encore Goodbye South Goodbye de Hou Hsiao Hsien. Le cinéaste poursuit :

    "Les dilemmes moraux et amoureux que rencontrent les personnages dans les films de James GrayUn coeur en hiver de Claude Sautet, ou encore Police de Maurice Pialat, dont l’histoire d’amour me bouleverse à chaque fois que je le revois, m’ont aussi beaucoup inspiré. J’aimais bien l’idée de mêler des influences diverses, de mélanger des genres, d’emprunter par exemple aux codes de la comédie romantique en les teintant de la mélancolie de certains films noirs."

    Côté technique

    En compagnie du directeur de la photographie Simon BeaufilsChristophe Regin a cherché à dépasser la démesure de cet univers du football en la filmant à hauteur d’homme et en tenant à le magnifier dans le regard du personnage de Franck. "Je tenais à ce que le film soit juste dans sa description du milieu et des sentiments des personnages, sans tomber dans un traitement trop naturaliste. C’est pour ça que l’on a choisi le scope, avec des optiques anciennes, un travail spécifique sur les couleurs et les lumières pour donner à cet univers une dimension presque fantasmatique. Je voulais aussi une image qui ait du grain, du vécu, pour donner corps à la mélancolie de Franck, le tout dans une ambiance hivernale."

    Le choix de Nantes

    Christophe Regin a choisi de situer l'action de son film à Nantes parce qu'il tenait à ce que l’action se déroule dans une ville de province ordinaire, avec un cadre plutôt bourgeois. Le cinéaste ne voulait surtout pas une ville avec un passé footballistique trop fort cumulé à une grande identité ouvrière, comme Lens ou Saint-Etienne. Regin explique :

    "Il fallait que la géographie des lieux soit répétitive, car le quotidien de Franck s’articule toujours autour des mêmes endroits : le centre d’entraînement, le stade, le café des supporters, les entrées de boîte de nuit. Il a une connaissance et une maîtrise parfaites de ces lieux et de leurs faunes, mais il n’en fait jamais tout à fait partie. Il vit dans un appartement qui n’est pas le sien, "travaille" au centre sans y être salarié, il connaît les stadiers mais vend des places à la sauvette… Il n’est ni vraiment dedans, ni vraiment dehors. Il n’y a qu’avec sa vieille voiture, vestige du temps où il était encore un espoir du club, qu’il fait corps. C’est aussi son poste d’observation, d’où il peut surveiller les agissements des uns."

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