Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Je danserai si je veux" et de son tournage !

Naissance du projet

Premier long-métrage de Maysaloun Hamoud, née en 1982, Je danserai si je veux est né de l’impasse dans laquelle la cinéaste palestinienne se trouvait à l’époque de ses études de cinéma à l’université de Tel-Aviv. La nouvelle résistance palestinienne était en train de se mettre en place et les soulèvements populaires du Printemps arabe étaient très prometteurs. Elle se rappelle :

"Ces grands changements étaient aussi annonciateurs d’une révolution culturelle. Il était évident que le moment était venu de faire entendre une nouvelle voix. On s’est dit que l’ancien ordre était en train de s’effondrer et qu’on pouvait désormais se reconstruire et bâtir des sociétés plus saines et plus heureuses que celles qu’on avait connues à l’époque des États-nations. On était dans cet état d’esprit. Je savais que je voulais tourner un film pour le peuple qui s’attaque également au système."

Pluie de récompenses

Je danserai si je veux a reçu de nombreux prix dans divers festivals de cinéma :

-Toronto 2016 – Prix NETPAC du Meilleur film asiatique

-San Sebastian 2016 – Prix de la Jeunesse – Prix L’Autre Regard – Prix Sebastiane

-Haïfa 2016 - Prix du Public - Prix d'interprétation pour les 3 actrices - Prix du Meilleur premier film

-Zagreb 2016 - Prix du Public - Prix Spécial du Jury

Un producteur prestigieux

Je danserai si je veux est produit par le célèbre Shlomi Elkabetz, réalisateur, scénariste et producteur israélien connu notamment pour Le Procès de Vivian Amsalem et Les Sept Jours. La cinéaste développe au sujet de cette collaboration : "Si le film est mon bébé et que j’en suis la mère, Shlomi en est le père. J’ai rencontré Shlomi quand j’étais en 3ème année d’école de cinéma. Il donnait un cours sur la direction d’acteurs. Je suis tombée amoureuse de cet être extraordinaire. Je n’aurais pu imaginer qu’il devienne un jour mon mentor. Très impressionnée et en me faisant toute petite, je suis allée le voir pour lui présenter mon traitement encore succinct. Je m’étais dit qu’il pourrait me donner quelques conseils. Mais Shlomi s’est passionné pour l’histoire que je voulais raconter et s’est engagé dans le projet à mes côtés. C’est ainsi que notre aventure de cinq années a commencé."

Une affaire de titre

Si en France, le film se nomme Je danserai si je veux, son titre en version internationale est In Between. En effet, cela signifie en français "entre-deux", pour signifier la manière dont les 3 héroïnes sont prises entre en sandwich entre deux cultures en tant que palestiniennes vivant à Tel Aviv en Israël.

Puiser dans son vécu

Les habitudes des personnages de Je danserai si je veux (leur manière de s’habiller, de parler, de se comporter) évoquent la résistance palestinienne. Comme Maysaloun Hamoud en fait elle-même partie, elle s'est inspirée des gens de son entourage et de son expérience avec ces derniers pour créer les personnages de son film.

Casting difficile

Etant donné que les personnages du film s'éloignent des stéréotypes du cinéma palestinien, le casting a été très difficile pour Maysaloun Hamoud. Sur les 42 personnages, c'est Laila qui lui a donné le plus de fil à retordre au moment du casting, plus encore que Salma, qui est lesbienne. La réalisatrice se rappelle :

"Un mois avant le début du tournage, je ne l’avais pas encore trouvée. Nous avons bien failli retarder le tournage. C’est alors qu’on a rencontré Mouna Hawa et qu’elle a incarné le rôle dans toute sa complexité. Je n’ai pas eu un coup de foudre au départ mais elle s’est magnifiquement appropriée le personnage. En revanche, le rôle de Salma était pour ainsi dire écrit pour ma grande amie Sana, une non-professionnelle. Elle a une personnalité – et un parcours – très proche de celle de Salma. J’ai rencontré Shaden Kanboura grâce à ma colocataire Maysa Abdel Hadi, qui devait interpréter Laila au début. Et dès que j’ai commencé à filmer Shaden au cours des essais caméra, j’ai compris qu’elle était Nour. Comme si le personnage de Nour l’attendait."

Esthétique du film

En compagnie du directeur de la photographie Itay Gross, Mahmud Shalaby a visionné pas mal de films avant le tournage et a rapidement décidé que le mot d'ordre pour Je danserai si je veux serai le réalisme. Gross et Shalaby ont ainsi opté pour une caméra à l’épaule et des couleurs vives accompagnées d'ombres subtiles. "Notre objectif était de mettre en scène les thématiques très dures de manière légère et accessible – presque à l’américaine, pour ainsi dire, ce qui correspond à la langue commune des personnages féminins. Elles sont dominées par le monde extérieur (les pressions familiales, les diktats de la communauté) mais leur point de vue est celui de femmes libérées, comme celles qu’on voit au cinéma", confie Shalaby.

Côté BO

Mahmud Shalaby voit la bande originale de Je danserai si je veux comme "celle de nos vies – pas seulement en Israël et en Palestine mais dans tout le monde arabe", d'après ses propres mots. Les musiciens ayant composé la musique du film sont des artistes majeurs de la scène underground comme DAM et Tiny Fingers.

Problème de langue

Je danserai si je veux est essentiellement en arabe mais l'équipe parlait majoritairement l’hébreu, obligeant Mahmud Shalaby à jongler avec les langues. La réalisatrice se souvient ainsi, qu'au départ, certains membres de l’équipe se sont sentis en danger parce que l’arabe était la langue dominante sur le plateau.

"Certains ont eu le sentiment qu’on les dépossédait de leur souveraineté. Mais au fil du tournage, toute l’équipe a fini par connaître le scénario si bien qu’elle reconnaissait certains mots d’arabe. Elle a même eu l’impression de comprendre la langue. Certains mots flottaient autour de nous et devenaient des objets ludiques qu’on s’échangeait entre nous. Vers la fin du tournage, tout le monde était à l’aise. C’était un formidable exploit et l’atmosphère était joyeuse", explique-t-elle.

Résistance palestinienne

Pour Mahmud ShalabyJe danserai si je veux révèle la résistance palestinienne au grand jour, en parlant plus précisément des jeunes Palestiniens de 20 à 30 ans, urbains, vivant surtout à Jaffa, à Tel-Aviv, à Haïfa et Jérusalem. Cette communauté se compose de pionniers et de nouveaux venus sur cette scène culturelle. Elle développe :

"Les "pionniers" ont tous connu les événements d’octobre 2000 quand ils étaient adolescents [en octobre 2000, des Arabes israéliens ont manifesté massivement en solidarité avec leurs camarades de Cisjordanie et de la Bande de Gaza. 13 civils ont été tués par la police et aucun officier de police, ni chef d’unité, n’a été jugé pour ces crimes]. Octobre 2000 a marqué un tournant et nous avons acquis une conscience politique au cours de la deuxième Intifada. Quand nous avons fait nos études, nous étions marqués par cet esprit militant et nous ne nous sommes pas limités aux questions d’ordre national : les questions d’égalité des sexes et d’accès à la culture faisaient aussi partie de nos préoccupations. Notre propos était aussi radical sur un plan social que politique."

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