Le réalisateur Kim Seong-hun revient sur l'idée à la base de Tunnel :
"Une personne ordinaire, n’ayant commis aucune faute, se retrouve prise au piège d’une catastrophe provoquée par des erreurs de la société. Un film est un film, la réalité est la réalité, mais de nos jours de nombreux incidents ressemblent davantage à des films qu’à la réalité. À vivre dans une telle société, je me suis naturellement intéressé à ce genre d’histoire."
Tunnel est l'adaptation d'un roman écrit par So Jae-won :
"J’étais fasciné par cette histoire qui s’intéresse à la survie d’un homme enseveli sous les décombres d’un tunnel qui s’est effondré, mais aussi au travail des équipes de sauvetage et ce qui se passe à l’extérieur, autour de ce drame. C’est ce qui m’a vraiment plu dans ce livre", confie Kim Seong-hun
Durant la préproduction du film, Kim Seong-hun a visité tous les tunnels du pays. L’intrigue du film se passe dans un tunnel récemment construit. Il était difficile d’en trouver un vrai, suffisamment récent. Le choix de l'équipe s'est finalement porté sur le tunnel Okcheon qui est condamné. L’équipe décoration s’est alors attelé à un gros chantier pour créer une nouvelle route, une rambarde et des fanions pour lui donner l’apparence d’un tunnel flambant neuf.
Le metteur en scène Kim Seong-hun avait à coeur de s'éloigner de tous les clichés hollywoodiens du film catastrophe :
"Forcément, on pense à tous ces films hollywoodiens à grand spectacle sur des catastrophes gigantesques. C’est divertissant, mais c’est très loin de ce que je fais. Je ne voulais pas me focaliser sur le désastre mais sur les conséquences du désastre. Je me suis concentré sur l’humain et ces groupes qui se tuent à la tâche et qui, à mesure que le temps passe dans la mission de sauvetage, perdent espoir et motivation. Je voulais éviter l’approche hollywoodienne, sa débauche de moyens et sa dramaturgie artificielle."
Kim Seong-hun a déclaré que le naufrage du Ferry Sewol, survenu en avril 2014 en Corée du Sud, avait eu une influence, consciente ou inconsciente, sur son travail dans Tunnel : "Cette tragédie a trouvé un certain écho dans l’histoire de mon film qui traite de l’importance d’une vie humaine", indique le réalisateur. À noter que des 476 passagers présents à bord du Sewol, 172 ont survécu et 304 sont morts.
Pour restituer le mieux possible la tension et le sentiment de claustrophobie, Kim Seong-hun a tenu à reconstituer la scène de l’accident à l’identique sur le plateau. Il y avait donc cette voiture encastrée sous un monceau de gravats munie de plusieurs mini-caméras pour filmer l'acteur Ha Jung-Woo. Ainsi, il pouvait jouer librement sans équipe technique autour de lui pour le filmer.
"J’ai prêté attention à placer la caméra de façon à ce que les acteurs ne la voient pas. Je voulais capter les émotions des acteurs. Dès que cela était possible je gardais la caméra hors du champ de vision des acteurs, ils ne voyaient ainsi que le tunnel effondré tout autour d’eux. J’aime à croire que cela les a aidés dans leur jeu", explique le cinéaste.
Kim Seong-hun tenait à ne pas montrer une détresse trop exacerbée de la part des personnages principaux, Jung-soo (Ha Jung-Woo) et son épouse Se-hyun (Doona Bae) :
"Ils sont déjà dans une situation très difficile, voire critique, qui leur fait ressentir de la peine et de la douleur.Je ne voulais pas grossir le trait de manière artificielle pour manipuler les spectateurs. C’était, il me semble, la bonne méthode", souligne le metteur en scène.
Avec 7 millions d’entrées enregistrées depuis sa sortie en août, Tunnel est le succès de l’été 2016 au box-office coréen et deuxième plus gros succès national en 2016 après Dernier train pour Busan.
"Tunnel est une histoire réaliste sur la vie humaine et le spectacle qu’elle peut offrir. C’est un film sur la vie. Pour moi, la vie humaine, chose la plus importante que nous ayons, est beaucoup trop dévalorisée de nos jours. J’espère qu’à travers le personnage de Jung-soo, piégé sous le tunnel, nous pouvons à nouveau nous interroger sur le sens de la vie humaine", confie Kim Seong-hun.