« Numéro Une » de Tonie Marshall donne l’impression de la part de la réalisatrice, de ne pas trop savoir sur quel pied danser...
Et oui, à vouloir tout inclure dans cette histoire, à savoir à travers son personnage central interprété par Emmanuelle Devos, le féminisme (?), la réussite, l’accès au pouvoir, l’égalité homme/femme, la place de la femme dans le monde de l’entreprise, la vie amoureuse, la vie de mère et même la relation au père, il y a de quoi tergiverser et se perdre plus d’une fois...
Chaque point est en effet traité, mais sans franche conviction d’autant plus que l’actrice ne semble elle-même pas trop persuadée par ce qu’elle représente en terme de réel enjeu au milieu de ce jeu de quilles !
Trop de doute, d’hésitation, de douceur émanent de sa présence, ce qui sont des sentiments incompatibles avec la férocité aux dents longues et aiguisées qui étaient de mise ici...
Et de plus pas assez de situations stratégiques ou de véritable moments de travail, pour croire en la possibilité d’une vraie candidature pour ce poste clé de PDG en question.
Aborder la question du féminisme ou de la place de la femme à ce niveau, n’est pas un choix pertinent, car les vraies aspirations ou motivations de tous ces très grands dirigeants, qu’il soit femme ou homme, seront et il ne faut pas se leurrer, le profit et rien que le profit... Point barre !
Les valeurs du féminisme et tout ce qu’il sous entend, sont donc relégués loin derrière...
On pense à quelques noms en politique ou en entreprise notamment, où des femmes de pouvoir aux mains de fer ont fait leur place sans pour autant faire avancer leur propre cause, ou même y penser !
Ce genre de film avait en outre besoin d’un rythme d’enfer, d’un rythme à couper le souffle pour être à l’image du monde sans état d’âme de celles ou de ceux qui en tiennent les rennes, et on pense alors au très bon « Miss Sloane » où Jessica Chastain d’une autre trempe, était alors parfaite, taillée et dirigée pour y croire vraiment !
C’est tout le contraire qui se produit ici, des baisses de régime incessantes font sombrer l’ensemble dans une mollesse évidente alors que Tonie Marshall arrive pourtant sans peine à démontrer toutes les arcanes du pouvoir avec quelquefois intérêt et brio, soit toute cette mécanique machiavélique à détruire et à éliminer son concurrent par tous les moyens possibles !
Il y avait donc de bonnes idées, ainsi que pas mal de vérité énoncées mais franchement le problème de la représentativité de la femme en terme de ces gros postes clé, n’a qu’une place très éloignée dans la lutte des féministes dont les attentes ciblent plus des combats du quotidien, en terme d’égalité des chances et de salaire avec un champ d’action bien plus vaste, que ce soit dans le domaine public, politique, culturel ou encore comme ici économique...
Alors certes, il n’y a pas que du mauvais dans cette réalisation mais de ressentir toute cette hésitation au niveau de la vraie finalité du film, donne le plus souvent une impression d’ennui avec pas mal de longueurs ou moments inutiles qui s’étirent sans aucune justification, puisque malgré les rebondissements retords qui s’accumulent, on se doute bien de la fin que l’on nous amène sur un plateau.
Contrairement à notre héroïne, les autres acteurs interprètent pourtant leur rôles avec tout le cynisme nécessaire qui convient à ce genre d’individu et ce, qu’il soit féminin ou masculin, ce qui prouve encore une fois que nos belles valeurs humaines font bien pâles figures dans ce monde impitoyable qui n’en n’a rien à faire !
Dommage pour ce film bancal mais pas inintéressant, qui a du mal à trouver sa vraie raison d’être, son vrai but à atteindre en voulant aborder trop de thèmes à la fois sous la houlette d’une actrice pas assez taillée pour mordre réellement !