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dominique P.
833 abonnés
2 027 critiques
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4,5
Publiée le 9 janvier 2018
Il s'agit d'un thriller à la fois politique et psychologique. Ce film est de grande qualité, très bien mené, très bien dialogué et réellement captivant. Il y a également un peu de fantastique. Aussi l'ambiance feutrée est troublante. Nous sommes bien tenus en haleine. Egalement le lieu (la cordillère des Andes) est très beau. J'ai beaucoup de mal à comprendre les quelques critiques négatives.
La question de la morale est le thème majeur des films de l'argentin Santiago Mitre, qui figure parmi les cinéastes latino-américains les plus talentueux du moment (et il a moins de 40 ans). Après El estudiante et le magnifique Paulina, El presidente nous transporte sur les sommets, dans la Cordillère des Andes, auprès de chefs d'états d'Amérique latine. Un film politique ? Oui, entre autres, avec le jeu des alliances entre pays et l'ombre portée des Etats-Unis. Mais le film est aussi le portrait d'un homme en proie à des soucis familiaux et dont la réputation d'individu "ordinaire" pourrait cacher une personnalité bien plus complexe. Le long-métrage de Mitre ne répond pas à toutes les questions et ce n'est pas plus mal, laissant planer de nombreux doutes dans l'air raréfié à haute altitude. Il y a même un soupçon de fantastique dans deux ou trois scènes marquantes dont celle d'une hypnose. Toutes les relations sont ambigües dans ce microcosme (le président argentin et sa conseillère, jouée par la remarquable Erica Rivas, à mille lieues de ses rôles dans Les nouveaux sauvages et Un homme charmant). Quant à la musique d'Alberto Iglesia (un fidèle d'Almodovar et compositeur du prochain Farhadi), elle contribue à donner un aspect hitchcockien à ce thriller superbement réalisé. Enfin, Ricardo Darin (le meilleur acteur du monde ?) est encore et toujours plus que parfait.
Le président argentin, alors qu’un scandale financier se dessine, se rend à un sommet sur l’exploitation de l’énergie d’Amérique du Sud, avec d’autres présidents latino-américains, dont le puissant président brésilien. Sa fille, fragile psychologiquement, le rejoint. Il tente de la faire soigner.
Je recommande ce film cynique à triple suspense (suspense psychanalytique, suspense géopolitique, suspense politique) pour plusieurs raisons :
– Le cadre : à 3000 mètres, au coeur de montagnes chiliennes sublimes : ses routes à lacets, son hôtel à la déco des années 50 qui rappelle Hitchcock, une luminosité glaciale de haute montagne.
– l’acteur principal, Ricardo Darin : énigmatique à souhait, homme manipulé ou alors lui-même maestro de la manipulation, tant politique que familiale, avec son regard clair impénétrable.
– la mise en scène, avec une musique de circonstance, lesquelles mettent en place un suspense d’excellente facture.
On peut reprocher au scénario d’être inabouti, de laisser plusieurs questions en suspens, mais c’est peut-être l’effet escompté : laisser planer le mystère autour de « el presidente ».
Je n’avais pas spécialement aimé El estudiante, le premier film de Santiago Mitre. Pour tout dire, je n’avais pas compris grand-chose. C’était très politique. El Presidente l’est aussi. Mais l’action ne se situe pas dans les mêmes sphères. Les rouages de la diplomatie et des négociations internationales, si elles reflètent bien la réalité, sont clairement présentés. Le tout, mêlé aux problèmes personnels et familiaux du président, où l’on flirte même parfois avec le fantastique, nous donne une ambiance bien particulière nous offrant un suspens tendu qui nous tient en haleine jusqu’à la dernière minute. Le réalisateur a gagné en maturité. Sa mise en scène est plus posée, plus ample, plus élégante. Le récit est cette fois plus compréhensible. Même assez limpide. Voilà un thriller politique et psychologique (sur fond de drame familial) rondement mené, bien écrit et bien mis en image. La direction d’acteurs est impeccable. Le casting, sud-américain et hispanique (avec une exception : l’américain Christian Slater, parfait) est de haute volée. Avec à sa tête, le toujours excellent Ricardo Darin, une nouvelle fois formidable. Une belle surprise donc, comme assez souvent, en provenance d’Amérique du sud. Un film aussi réussi sur la forme que sur le fond. Solide, efficace, prenant.
Thriller hors norme sur le quotidien d'un président en difficulté politique et personnelle. Les contingences à subir, les arrangements du pouvoir et les menaces de tout côté. Le personnage est brillamment interprété par Ricardo Darin, loin des clichés satyriques ou manichéens. Son intérêt, celui de ses idéaux, de sa famille, le président essaie de sauvegarder tout cela. Le film ne joue pas la carte de la facilité pour autant. La construction et les aspérités sont plus complexes qu'il n'y paraît, quitte à désarçonner. Tant mieux, le film est singulier et stimulant.
Film politique inquiétant, parfois à la limite du fantastique, remarquablement réalisé. Une mise en scène très soignée, très oppressante, dans des décors des Andes somptueux. Une brillante démonstration du monde politique, plein de faux-semblants, de collusions, de manipulations et de formidable hypocrisie et où la frontière public/intime est bien floue !. L’ensemble mené par un Ricardo Darín impressionnant d’opacité et de justesse. Tous les autres interprètes sont à l’avenant. À quand un tel film dans l’univers français ?
Un huis-clos politique à mi-chemin entre le drame personnel, familial et le polar psychologique où le charismatique Ricardo Darin, que j'avais découvert dans "Les neuf reines", campe un président qui prône au départ de l'intrigue une normalité voire même une banalité citoyenne mais qui va voir son image écornée entre magouilles gouvernementales, scandales privés et révélations sulfureuses. Un film qui offre une plongée très intéressante quoique excessivement lente dans les arcanes du pouvoir ici argentin. De superbes acteurs avec personnellement une mention spéciale pour Dolores Fonzi ou une courte apparition de Christian Slater, une mise en scène littérale facile à déchiffrer mais d'une richesse assez impressionnante. Saisissant de réalisme mais un ensemble desservi par quelques longueurs.
Présenté à Cannes (CR -2017), ce titre du cinéaste Argentin Santiago Mitre est ( à mes yeux) sa meilleure réussite à ce jour.
Un peu trahi par son titre lors de sa sortie en France " el présidente" laisse entendre qu'il s'agit de son titre original en espagnol, alors que la traduction de celui-ci est en fait " la cordillère".
Ce n'est pas un détail, car le titre original rend bien compte de l'aspect tortueux, énigmatique de ce film qui nécessite une attention particulière du spectateur pour saisir les subtilités du scénario.
Certains commentateurs y voient un aspect fantastique, mais c'est ( selon moi) un contre-sens. De quoi s'agit-il en réalité ?
A travers un scénario qui montre un président argentin convié à une réunion internationale, prétexte pour montrer l'influence des usa sur le continent au travers de la fameuse doctrine Monroe ( les états unis considèrent que toute la zone latino américaine est leur chasse gardée ) " el présidente" est le portrait intime d'un homme.
Sous ses allures affables, sympathiques, le président Blanco ( il n'est pas blanc moralement comme son nom semble l'indiquer) est capable d'éliminer une opposition humaine qui se dresserait sur son chemin. Il l'a montré par le passé et n'hésitera pas à le faire de nouveau dans le présent.
Le malaise et les troubles psychiques de sa fille en sont l'expression et le président Blanco ignore tout de la transmission ( même inconsciente) de secrets de famille et du retour du refoulé. C'est d'ailleurs l'aspect le plus intéressant du scénario ou la psychanalyse joue un rôle aussi important que celui de la géopolitique.
Mitre joue avec le spectateur en brouillant les cartes avec adresse, subtilité et sens du détail. Peut-être un peu trop d'ailleurs, pour le spectateur inattentif.
Quel dommage que le cinéma d'Amérique Latine soit si souvent absent des écrans car il est très souvent d'une grande qualité. Riccardo Darin, Président de l'Argentine, excellent comme toujours, nous emmène dans une histoire complexe de situation politique compliquée et prenante dans laquelle se mêle un scandale qui pourrait l'atteindre personnellement et l'amour qu'il porte à sa fille malade, perturbée psychologiquement, et ayant certains problèmes à régler avec lui. Nous sommes entraînés dans une succession de situations indépendantes et pourtant liées, tenus en haleine et nous interrogeant pour savoir si nous sommes manipulés ou pas !!! Mené comme un thriller, ce film nous fascine ! tourné dans les paysages grandioses de la Cordillère des Andes, ces montagnes nous écrasent de leur majesté et participent à l'ambiance quelque fois plombée de cette histoire. Un grand film à voir et même à revoir pour en décortiquer toutes les intrigues !
Surprenant, différent, une ambiance très particulière. Un huit clos dans un décor désolé. Le jeux d'acteur est excellent et les protagonistes très crédibles
Un sommet des principaux dirigeants latino-américains, superbe huis-clos dans les puissantes hauteurs de Santiago, prétexte à une charge sinueuse et implacable du politique. Une grande longueur en bouche.
beau film avec un très bon scénario et surtout interprété magistralement par tous les acteurs/actrices. un peu 'politique' au début mais ensuite le suspens prend complètement jusqu'à la fin.
Que se passe-t-il lorsque des individus se retrouvent face à cette machine concrète qu’est le pouvoir ? Est-ce que ce sont eux qui corrompent la machine ou, au contraire, la machine qui les corrompt ? « El Presidente » se coltine à ces éternelles questions en se concentrant sur un sommet sud-américain et en suivant les atermoiements apparents d’un président argentin fraîchement élu et venant « du peuple ». La première bonne idée du réalisateur Santiago Mitre est de maintenir le mystère sur les motivation dudit président : est-il dépassé par les évènements (et par sa fonction) ou est-il au contraire un stratège habile qui avance ses pions en secret ? Ou est-ce finalement un mélange des deux ? Ce parti-pris génère un véritable suspens et implique le spectateur qui essaie de décrypter chaque regard, chaque réplique d’un Ricardo Darin impérial. L’acteur parvient à insuffler une vraie profondeur à cette figure ambiguë, vibrant par moment d’une troublante charge humaine, tandis qu’à d’autres il fait montre d’une opacité inquiétante. Toujours dans un souci de contrôle, il a fait venir à ses côtés au sommet sa fille, psychologiquement instable et indirectement liée à une menace de scandale le concernant. Mais cette manœuvre se révèle à double tranchant : quand père et fille confrontent leurs souvenirs supposément communs, il devient problématique de savoir si leurs divergences sont dues à des créations de l’esprit de la jeune femme ou à des omissions plus ou moins conscientes du politicien. Ainsi, au suspense politique (comment l’homme d’État va-t-il s’affirmer dans ces tractations où les indépendances des pays du Sud par rapport à leur écrasant voisin nord-américain sont en jeu ?), Santiago Mitre superpose les arguments d’un thriller psychologique (quelles zones d’ombre se cachent entre cette jeune femme manifestement perturbée et son père à la posture d’homme de marbre ?). Appuyé par des scènes dont la nature même invoque l’étrangeté (les scènes d’hypnose) et par ce vide qui perce les arrière-plans et donne au décor un air d’espace mental, le film conserve son mystère. La fin du film laissera ainsi ouverte la question de l’éventuelle culpabilité du président dans cette sombre histoire familiale, tout comme celle de son éventuelle trahison politique. Ce qui aurait pu n’être qu’une pose auteuriste (la fin ouverte) ouvre au contraire sur l’abime d’un personnage qui demeure une page blanche et qui nous renvoie au mystère insondable de l’altérité (et de sa libre interprétation). L’autre bonne idée est de déréaliser le récit : tout se passe dans un hôtel ultra moderne coupé du monde - un genre d’Olympe qui renvoie le politique à un jeu de rapports de force en partie déconnecté du réel. Ce théâtre d’ombre où s’affrontent ces hommes de pouvoir et où se lient d’obscures alliances est autant fascinant que glaçant. Tout comme ce film qui laisse une empreinte indéniable et marque l’avènement d’un grand cinéaste.