Sang froid est le remake du polar norvégien Refroidis par le même réalisateur, Hans Petter Moland. L’idée de confier à Moland lui-même le remake de son propre long métrage est venue du producteur Michael Shamberg, qui a produit plusieurs films de gangsters incontournables comme Pulp Fiction, Hors d’atteinte ou encore Get Shorty. Le metteur en scène explique au sujet de l'intrigue du film : "L’idée de départ m’est venue quand je me suis demandé "Si mon fils mourait de cette façon, est-ce que j’accepterais ce qui s’est passé ? Ou bien estce que j’essaierais d’y faire quelque chose ? Et, le cas échéant, est-ce que ça ne déboucherait pas sur une spirale de violence sans fin ?" C’est un thème un peu lourd, parfait pour une comédie noire, dit Moland. Il y avait un désir de ne pas se laisser enfermer dans un genre, mais de permettre à différents genres de coexister harmonieusement, d’être réellement horrible et tragique, mais aussi de prêter à rire – comme la vie."
Liam Neeson joue un personnage nommé Nels Coxman. Un homme ordinaire, heureux en ménage et qui a un fils de 21 ans. Le comédie précise : "Il vit à la montagne non loin de cette station de ski appelée Kehoe. Et son boulot pendant l’hiver, c’est de faire en sorte que la route reste praticable, parce qu’il tombe quantité de neige. Donc il a son propre petit business, son petit atelier où il a une souffleuse à neige, un chasse-neige, des machines de ce genre, afin de garder les routes ouvertes. C’est cela, son boulot. Comme il le dit dans le scénario, il est le gardien d’une portion de civilisation au milieu d’une contrée sauvage. Voilà sa vie. Voilà ce qu’il aime faire. Et ça lui vaut d’être élu citoyen de l’année à Kehoe. C’est un prix annuel, dont il est le fier récipiendaire cette année."
Le film norvégien de Hans Petter Moland, Refroidis, a suscité des comparaisons avec les classiques des frères Coen – Fargo en particulier –, lorsqu’il est sorti. Stellan Skarsgård y jouait le rôle principal, les critiques furent élogieuses et les recettes mondiales impressionnantes. D’autres fans ont établi des parallèles avec les dialogues des premiers Tarantino. Cependant, Moland rapproche davantage son style des classiques de l’âge d’or hollywoodien. Il précise : "J’ai grandi avec les films de Billy Wilder, dit le réalisateur. J’adorais leur noirceur et leur humour, cet équilibre parfait entre les deux. Donc quand je me suis vu offrir la possibilité de revisiter Refroidis, cette fois en anglais et non dans ma langue maternelle, je l’ai saisie."
La liste des réalisateurs qui ont refait leurs propres films (étrangers) en anglais comprend plusieurs noms, comme par exemple Lisa Azuelos avec LOL USA, Michael Haneke avec Funny Games, Ole Bornedal avec Le Veilleur de nuit, Takashi Shimizu avec The Grudge ou encore George Sluizer avec La Disparue. Hans Petter Moland n'a toutefois pas voulu revoir leurs films. Il confie : "Je me suis davantage focalisé sur deux choses : trouver un processus qui fonctionne pour moi ; préserver le ton de l’original. Cela supposait d’être autorisé à faire le film à ma façon. Il y a plein de façons de s’y prendre, mais si vous êtes paralysé par le processus, vous n’allez pas donner le meilleur de vous-même. Sur ce projet, j’ai eu beaucoup de liberté. Et comme je vis aux États-Unis depuis de nombreuses années, je me sens à l’aise dans la culture américaine. C’était un paysage qui m’était familier."
Doublure de la petite station de ski du Colorado où se déroule l’histoire de Sang froid, ce coin de l’Alberta est un personnage à part entière du film. La production a passé les quatre premières semaines à tourner dans les montagnes de Mount Fortress, affrontant des conditions météo extrêmement dangereuses à 600 mètres d’altitude. Pour Hans Petter Moland, au-delà des variations de température, les fluctuations constantes de la lumière posaient un problème de continuité, et pour le reste de l’équipe, porter plusieurs couches de vêtements était une nécessité quotidienne.
Pour Sang froid, Liam Neeson a dû conduire trois chasse-neiges différents. Il se souvient : "On avait un type super qui nous a montré comment les conduire. Bon sang, ce sont des machines extraordinaires. Quand on est aux commandes, on sent tout ce pouvoir, toute cette puissance métallique sous la main. Ces trucs peuvent engloutir de la neige et la projeter à 50 mètres ! De sacrés engins. Et j’ai eu le privilège de les conduire, sur de courtes durées. Ça m’a donné un respect tout neuf pour ces types chargés de dégager les routes. Ces sites peuvent être jolis, mais ils ont aussi une vraie âpreté."
Tom Bateman, connu pour ses prestations dans les séries Jekyll & Hyde, Vanity Fair et Beecham House, incarne Viking, le méchant du film, un personnage aussi dérangé que dangereux. L'acteur raconte au sujet de cet homme : "Officiellement, il dirige une boîte de nuit, mais c’est juste une façade, et un peu pour la gloire. Il aime l’idée d’être un patron de boîte de nuit, mais en fait son job principal, c’est trafiquant de drogue. Il fournit la ville de Kehoe en cocaïne, et il a plein de gens. C’est un psychopathe. J’ai lu un livre intitulé Le Test Du Psychopathe avant de démarrer le tournage, et il y est question de ces personnes qui ne sont pas tout à fait câblées comme nous, mais fonctionnent néanmoins en société. C’est très intéressant de voir quelqu’un décider, par exemple, d’abattre quelqu’un sur un coup de tête – même quelqu’un dont il peut paraître proche – parce qu’on ne sait jamais ce qui se passe dans la tête de ce type."