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    Faute d'amour
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    Daniel C.
    Daniel C.

    133 abonnés 715 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 26 octobre 2017
    Rarement sont portés à l'écran le rejet, l'indifférence ou la haine à l'endroit d'un enfant. Deux êtres se séparent, ils ne s'entendent plus, ils ont un fils, Aliocha. Ce prénom constitue la forme slave d'Alexis, elle-même issue du verbe grec "alexein", protéger. De protection, ils n'en ont cure pour leur garçon âgé d'une douzaine d'années. Je pensais en voyant le film, qu'Aliocha incarnait leur "faute d'amour", le témoignage d'un temps révolu, où ces deux-là s'étaient aimés. A la réflexion, une seconde lecture du titre m'est apparue. "Faute d'amour", un enfant n'a d'autre issue que de disparaître. "Faute d'amour", à défaut d'amour, on ne peut vivre. Cet homme et cette femme sont peut-être capables d'amour, probablement plus sur un mode narcissique, mais en tout cas pas à l'endroit de leur fils. Il y a chez eux une dimension totalement irresponsable. Ce qui surgir sous nos yeux, c'est combien l'amour parental n'a rien d'inné, qu'il ne va pas de soi et qu'au fond, l'enfance pour certains, relève plus de la survie psychique, que du déploiement vers un devenir adulte et autonome. Certes, le film démarre au coeur de la crise conjugale, mais les services de la protection de l'enfance mériteraient d'être sollicités en urgence. La démonstration d' Andrey Zvyagintsev, c'est que parfois certains devraient pouvoir renoncer à l'exercice de leur fonction et de leur autorité parentales. Non, retirer un enfant de sa famille, n'est pas juste un acte monstrueux. Peut-être peut-il être parfois salvateur... Un enfant vient à disparaître et sa mère semble saisir la gravité de l'absence plus promptement que le père, mais faute d'amour, il n'est d'autre issue qu'un destin funeste. Les premières images du film nous montrent un paysage enneigé, froid, désolé, magnifique parfois, mais tellement peuplé de solitude, qu'on ressent le froid en nous. Tourné en Russie, nous sommes les témoins du contraste entre des intérieurs plutôt confortables et la diffusion des actualités télévisées diffusant des images de la crise ukrainienne, je crois. L'assomption du capitalisme en Russie est clairement perceptible dans les appartements. Le couple, qui visite l'appartement des parents d'Aliocha est une caricature : elle, visiblement emballée par cet appartement, qui adresse de tendres oeillades à son mari, qui lui, visiblement en position de seul décideur, se montre pragmatique en questionnant sur la surface des pièces. Tout ça respire l'argent, tout ça "pue" l'argent de ces nouveaux riches avides de placer leur argent sans aucun état d'âme, ni sentiment d'appartenir à une société. Plus aucune notion de solidarité ne semble traverser les russes pour qui le collectif résonne sans doute trop du collectivisme d'antan, qu'ils ont chassé de leur mémoire. C'est un film éprouvant, mais qui tient aussi du chef d'oeuvre.
    Anne M.
    Anne M.

    64 abonnés 626 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 24 septembre 2017
    Les environs de Saint Petersbourg, en 2012, à l’époque du fameux calendrier Maya annonçant la fin du monde, quelques mois avant la crise Ukrainienne.

    Un homme et une femme en train de divorcer, cherchent à vendre leur appartement et à trouver une solution pour leur fils de 12 ans, Aliocha, dont personne ne veut. Aliocha est le témoin caché de propos haineux et violents.

    Le lendemain et pendant plus de 24 heures les parents poursuivent leur vie : salon de beauté, travail, ébats sexuels chacun avec son nouveau/sa nouvelle amant/maîtresse. Ce n’est qu’alors, que la professeure principale annonce l’absence de plus de 24 h de l’enfant à sa famille.

    La police oriente le couple vers une association de volontaires spécialisée dans la disparition d’enfants.

    La film est composé de 4 parties : la présentation de la crise familiale, 24 h de la vie de chaque membre du couple, la recherche d’Aliocha, avec quelques moments de cauchemar chez la grand mère et le grand professionnalisme de l’équipe de recherche ; quelques mois plus tard.

    De la Russie soviétique, il ne reste que ce bâtiment en ruine au milieu de la forêt avec les vestiges d’une décoration digne des années 50, ou le profil décharné des quartiers avec des immeubles à n’en plus finir. Sinon, c’est le confort « occidental » et les technologies de pointe ou la mode du fitness. Les signes extérieurs présument une société mondialisée, une de plus.

    Et il lui manque, un coeur, une âme, surtout un peu d’amour. Seuls les bénévoles dévoués de l’association montrent un peu d’humanité.

    Sinon, avec des dialogues sortis à la fois d’un film d’Ingmar Bergmann et d’un roman russe pré-révolutionnaire, le film présente une humanité proche du déclin, vidée de sa substance. il en découle un sentiment de tristesse et du nihilisme.

    La mise en scène, le scénario, le jeu des acteurs accompagnent ce vide et cette froideur avec une perfection tout aussi sidérante.

    Attention, chef-d’oeuvre .

    Mon blog : larroseurarrose.com
    David B.
    David B.

    39 abonnés 560 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 25 février 2018
    Un scénario qui était prometteur. On vit la douleur de cet enfant non désiré en mal de reconnaissance et d'amour, des parents égoïstes, une mère maltraitante, un père indifférent. Mais tout ça est bien long et surtout "Faute d'amour" aurait dû s'appeler spoiler: faute de fin
    ... Rédhibitoire !
    Bernard D.
    Bernard D.

    101 abonnés 608 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 27 septembre 2017
    Je ne sais pas pourquoi je n’avais pas mis en ligne sur Allociné ma critique (4 sur 5) de « Léviathan » que j’avais adoré, mais là le dernier Andrey Zvyagintsev « Faute d’amour » mérite un 6 sur 5 !
    L’intrigue est simple : la disparation d’un gamin de 12 ans – Alyosha, une âme sensible perdue au milieu de la haine - dans un couple arrivé plus au mur du divorce puisqu’il veut vendre son appartement et que chacun a sa vie de son côté … Un film de 2 h 08 sur l’enfance malheureuse, thème cher aux films des Frères Dardenne mais là je dois dire que ce réalisateur russe de 53 ans surpasse à plusieurs reprises les Belges !
    Tout est traité dans une extrême finesse. Alyosha est issu d’une grossesse non désirée qui a conduit à un mariage « sans amour et dont il est responsable » dit la mère qui n’a pas voulu avorter et ne veut pas s’occuper de son « erreur de jeunesse ». Le père lui a peur de divorcer pour ne pas perdre son emploi car il travaille dans une entreprise gérée « par un barbu, orthodoxe pur » organisant même des pèlerinages pour ses employés et leurs familles … et la solution idéale serait de mettre le gamin dans un orphelinat ! Alors qu’officiellement Alyosha « ne sait rien », il perçoit clairement la situation et va disparaitre.
    Les paroles et regards entre les parents très durs (mais moins que dans certains Bergman) et vont aller croissant en intensité -mais sans scène de ménage tonitruante - après cet « incident » que la police considère comme une simple fugue car « elle a trop de choses à faire … et toute la paperasse ». C’est finalement un groupe privé – le GREC – qui organisé de façon quasi paramilitaire et avec une aide tacite de la police (visualisation des bandes vidéo de surveillance, accès aux hôpitaux, morgues …), va entamer les procédures de recherche, passant vraiment tout au peigne fin.
    Le film est esthétiquement splendide (appartement de l’amant de la mère, la maison de la grand-mère dans son jus des années 50, la « base » = un vieil immeuble abandonné où Alyosha et son seul copain vont parfois se réfugier …) avec une lumière savamment étudiée, des effets superbes (travelling sur l’enfant dans le noir, image de la mère et de son amant faisant l’amour, vues à travers les vitres des fenêtres et la neige symbolique qui commence à tomber, le jeu des troches électriques des personnes qui cherchent l’enfant …), des images à couper le souffle (les arbres morts au tout début, la scène de la battue par ex.), et une bande son extra y compris pour le générique de fin qui vient enfoncer le clou .
    II aurait encore beaucoup à dire sur ce film très réussi … Un grand Merci à Mr Andrey Zvyagintsev pour ce cinéma qui traverse les frontières (et – sauf métaphore qui m’aurait échappée - va bien au-delà d’une critique de la Russie … pour être une analyse de la place actuelle des enfants dans les couples se déchirant et partagés entre leur libido et leur culpabilité). Il juste reçu à Cannes le prix du Jury même s’il aurait mérité à mon sens celui du scénario, de la mise en scène.
    Archibald T.
    Archibald T.

    17 abonnés 209 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 27 septembre 2017
    Bouleversant.
    Le film est d'une froideur tout du long, les sentiments explosent d'un coup en fin de film pour mieux disparaitre.
    Son meilleur film à mes yeux.
    Jean-Patrick Lerendu
    Jean-Patrick Lerendu

    13 abonnés 152 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 18 novembre 2017
    superbe film dans lequel deux parents se déchirent devant leur adolescent qui se sent complètement privé d'amour. N'a't-il qu'une seul chose à faire/ disparaître. Sa recherche va sans doute apprendre à ses parents à enfin ouvrir les yeux.
    Marc L.
    Marc L.

    41 abonnés 1 497 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 juin 2019
    Encensé d’autant plus en Occident qu’il n’est pas vraiment en odeur de sainteté dans son propre pays, Andreï Zvyagintsev est un observateur passionnant de la Russie contemporaine, une pays qu’il aime, de cet amour proche du mysticisme que les artistes russes ont toujours éprouvé pour leur patrie mais dont il ne cesse de déplorer qu’au delà de ses rodomontades de grande puissance déchue, elle éprouve de plus en plus de difficultés à assurer la cohésion de sa société et le bonheur de ses citoyens. C’est toujours par le petit bout de la lorgnette que Zvyagintsev entame sa psychanalyse de la société russe, pour mieux étendre petit à petit, le tableau et les constats qu’il tire de l’observation approfondie d’un micro-phénomène. Pris dans la tourmente d’un divorce difficile, alors qu’il découvre que son père et sa mère, qui ont déjà refait leur vie chacun de leur côté, ne souhaitent plus s’occuper de lui, un enfant disparaît : il faudra trente six heures pour que ses parents remarquent son absence et, devant l’impuissance cynique de la police, fassent appel à un organisme spécialisé dans les disparitions. On découvre alors cette homme et cette femme, aussi égoïstes et détestables l’un que l’autre, retrouver un semblant d’humanité alors qu’ils recherchent désespérément leur enfant, au fil de plans contemplatifs que n’aurait pas renié Tarkovski, même si Zvyangintsev, après en avoir été un imitateur studieux, trouve ici peu à peu sa propre voie artistique. Ces tableaux, d’une beauté toujours aussi hiératique, transcendent la banalité et la pauvreté architecturale des paysages urbains russes...mais aussi le luxe vulgaire du cadre de vie de ceux qui ont les moyens d’imiter les classes aisées mondialisées. Héritier des grands cinéastes européens de l’après-guerre, Zvyagintsev propose un récit à deux niveaux : au-delà des actions pragmatiques qu’elle initie, la quête pour retrouver l’enfant, qui peut prendre ici la forme d’une confrontation houleuse avec une grand-mère dépourvue d’affect ou de l’exploration minutieuse d’un bâtiment en ruines perdu dans la forêt, se double d’une déambulation intérieure, qui devient plus lisible à mesure que les espoirs de retrouver le disparu s’amenuisent : toute culpabilité évacuée, la disparition du petit procure à ses parents, à un niveau inconscient, un vif soulagement : elle est le catalyseur qui leur permet d’asséner le coup de grâce à leur relation, de la vider de tout ce qui lui donnait encore le moindre sens. On aurait tort de n’y voir qu’une critique de la petite bourgeoisie russe, mesquine et individualiste : le réalisateur parle de ce qu’il connait le mieux bien sûr, de certaines spécificités locales, comme ces entreprises menées par des orthodoxes pour qui la moralité et la vie maritale de leurs employés priment sur leurs compétences...mais son propos englobe l’humanité au sens le plus large, une humanité qui a perdu la notion de transcendance et ne voit plus l’avenir que par un prisme carriériste et pratique, puisque la vie privée se mène aujourd’hui, à peu de choses près, comme une carrière. ‘Faute d’amour’ n’est en rien le film déchirant que son sujet laissait présager : en fin de compte, la disparition de cet enfant triste et mal-aimé n’a qu’une valeur métaphorique, qui laisse toute la place à une vision glaçante et pessimiste d’une humanité où chacun est muré dans sa souffrance, ses besoins, ses rêves et ses ambitions, et où il n’est plus possible ni même désirable de partir à la rencontre de l’autre.
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 25 février 2018
    Ahhhhhhhhh!!!! Décidément , je n'ai pas de chance ! Après Cendrillon , Faute d'amour ...... Festival de Cannes ...J'aurai du me méfier .... Nous n'avons pas les mêmes valeurs sans aucun doute .... Ennui , grisaille , longueurs ...Ouf ! Je suis déçue , terriblement déçue .
    LaureP
    LaureP

    11 abonnés 199 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 3 octobre 2017
    Un beau film, prenant, terrible. Ce manque d'amour parental est un drame en lui-même, la disparition de l'enfant en rajoute un. 2 sujets en 1. Aimez vos enfants autant que vous pouvez
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 30 septembre 2017
    Bons acteurs, une manière de filmer très intime qui fait passer l'émotion, sur ce point c'est réussi et j'aime ça. Mais j'aurais aimé que la 1ère partie du film avec la vie du petit garçon dans ce conflit d'adulte soit plus poussée et je regrette les longueurs des 2/3 restants du film sur la recherche du fils perdu. On ressort en poussant un soupir, car évidemment c'est un film noir. Donc pas mal, mais j'attendais mieux encore.
    titicaca120
    titicaca120

    355 abonnés 2 179 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 3 octobre 2017
    vu aujourd'hui en VO
    un film d'une noirceur extrême glaçant à souhait
    et brillamment interprété.
    on découvre un peu cette grisaille de la Russie et la vie assez terne des habitants.
    le prix du jury à Cannes est un moindre mal tant cette oeuvre est remarquable.
    Jmartine
    Jmartine

    153 abonnés 656 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 5 octobre 2017
    Fin 2014, Audrey Zvyagintsev présentait LEVIATHAN , film ample, fort , puissant , critique acerbe de la Russie de Poutine, gangrénée par la corruption, y compris dans ce village de nulle part où maire, procureur, juge, commissaire de police sinon le pope, se liguaient contre ce pauvre Kolia, en tentant de s’approprier son terrain, et toute la beauté des alentours où il baignait depuis sa naissance. Le film avait reçu le prix du scénario à Cannes et le Golden Globe du film étranger…récompenses amplement méritées…Dans LEVIATHAN, le spectateur pouvait ressentir de l’empathie pour Kolia, de l’aversion pour la nomenclatura du village…et même sourire devant ces mêmes élites qui fortement alcoolisées tiraient à la kalachnikov sur des cibles représentant les anciens dirigeants de l’URSS… dans Faute d’amour, nouvelle allégorie féroce de la Russie actuelle, nouvelle récompense à Cannes avec le prix du Jury et pourtant mon exaspération a grandi au fur et à mesure du film…j’ai vainement cherché un personnage positif…certes il y a cet enfant, Aliocha, timide et fragile, gêne et embarras pour ces parents qui se déchirent aux portes du divorce...comme il disparait assez rapidement, son image s’efface tout aussi vite et c’est dommage… Reste une accumulation de portraits monstrueux, des montagnes d’égoïsme, une mère indigne, Zhenia, mais qui ne fait peut-être que reproduire la relation que sa propre mère avait avec elle, elle a trouvé le nouvel homme de sa vie, qui de plus est riche…et sans doute le seul homme « normal » du film, un père veule, Boris, dont la première préoccupation est de cacher son divorce à son employeur, orthodoxe intégriste pour qui la famille est sacrée…Il a trouvé lui aussi une nouvelle compagne qu’il a engrossée, Masha, immature et possessive, qui lui reproche de l’abandonner quand il participe aux recherches de son fils…une police cynique qui se moque de leur problème, justifiant sa position par un manque de moyens et de personnels...refrain connu …et qui les oriente vers le GRED, groupement de recherche des enfants disparus, association de bénévoles, qui existent réellement en Russie, et qui lance les recherches avec une discipline toute soviétique…à moins que nom de code du coordinateur (Père Noel) soit un trait d’humour ? Le film s’empêtre alors dans une recherche qui traine en longueur et finit par nous lasser…On pourra toujours dire que si le film est glacial, c’est pour mieux rendre compte de la froideur et de la cruauté du monde contemporain et de la Russie en particulier…mais un zeste d’empathie n’eu pas été superflu…j’en suis sorti agacé par des personnages qui m’étaient devenus totalement indifférents…
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 20 septembre 2017
    Un couple en train de se divorcer vend son appart. Ils se voient presque plus, chaque un à un nouveau couple et le seuls conversations qui tiennent entre eux sont des disputes assez violentes. Une fois le foyer vendu, une nouvelle vie les attendrait sauf pour un détail: leur enfant. Le fils qui est arrivé par accident, qui n'a jamais été voulu ni aimé, qui fait des nuits blanches en pleurs et qui ne parle plus. Un jour, ce fils partira pour ne plus jamais retourner.

    Zvyagintsev est devenu, avec Sokurov, le réalisateur russe contemporain le plus admiré grâce à son travail derrière la caméra. Dans Le retour, son début qui remportait le Lion d'Or à Venise, le sujet de la décomposition et recomposition d'une famille était traité avec grande virtuosité: un rythme reposé et une technique visuelle hérité de Tarkovski qui devenait évidente dans l'épisode sur l'île déserte. Hors, le réalisateur n'a pas gagné son prestige seulement pour avoir copié ses maîtres, sinon qu'il a aussi osé à attaquer les structures de pouvoir, l'Église et le gouvernement de Putin, dans son précédent Léviathan, prix de la meilleure mise en scène à Cannes. Faute d'amour, par contre, retourne au sujet de la famille et l'éducation visant sur la société russe comme cible de sa critique. Même si on entend les échos des journaux-télé qui transmettent l'invasion de la Crimée, car le film se passe en 2012.

    Un prodige technique. Chaque plan fixe a une raison pour l'être, chaque mouvement de caméra aussi. Le côté technique de Faute d'amour éblouit faisant de chaque cadre une photo parfaite. Comme exemple, l'image fixe presque en noir et blanc d'un bois désert enneigé. Après un légère mouvement de caméra on découvre des petits point oranges entre les branches des arbres qui avancent lentement vers nous: ce sont les volontaires qui cherchent le gamin. Un autre exemple, dans une chambre obscure un home se lève. Il s'approche de la fenêtre, il ouvre les rideaux, la lumière entre dans la pièce et l'image s'éclaircit. Il avance vers la caméra, puis il sort du cadre, toujours fixe. On entend comment il allume sa télé hors du plan et les actualités à la télé. À ce moment, la caméra avance vers les draps du lit, qui bougent légèrement et on découvre la tête de la femme, qui se réveille avec le bruit. Cette scène nous introduit dans la journée de ce personnage. Preuve que l'image nous raconte une grande partie de cette histoire sans besoin de rendre les faits trop évidents avec des dialogues.

    Le pilier narratif de ce film c'est la suggestion, non seulement avec l'image mais surtout grâce au scénario, qui nous permet d'analyser nous mêmes les comportements des personnages. L'homme semble plus préoccupé par sa promotion que par ses proches et on le verra refaire le même schéma de désengagement, abandon et frustration avec sa nouvelle famille. Spéciale mention à la violence de la scène du berceau vers la fin du film. La femme, superficielle et agressive, s'ouvre sans pudeur à une nouvelle conquête dans un monologue au lit. Son copain semble distant et désintéressé. On comprendra la supériorité avec laquelle il traite cette femme une fois qu'on voit à quelle type de restaurants l’amène. On saura quel vide essaye-t-il de combler dès qu'il parlera avec sa fille à l'étranger, qui ressemble beaucoup à sa copine, via Skype. La question qu'on se pose c'est pourquoi cette femme aurait-elle besoin de l'approbation d'un homme qui, comme le précédent, ne l'aime pas. La réponse arrive quand on connaît sa mère, despote et froide.

    spoiler: Regardant ces personnages si misérables, la disparition de l'enfant se transforme en une espèce de liberté douloureuse. Personne ne mérite une telle ambiance pour grandir. On ne verra jamais les trois membres de la famille dans la même chambre. Non plus exprimer leur amour. C'est pour cela que la scène du sous-sol frappe si fort. La seule fois que l'enfant pourrait être présent avec ses parents. Cette scène transforme le chagrin le plus viscéral, celui après un choc, en amour. La théorique présence du fils nous montre la tendresse et l'humanité de deux personnes détruites à jamais. Comment aurait-il été possible que cette famille se sauve, même si maintenant c'est déjà trop tard. Zvyagintsev analyse cette famille pour la prendre comme exemple d'une société russe à qui on reproche un manque d'empathie et solidarité. Dans le dernier plan du film on voit la femme courir sur un tapis de course avec le survêtement de la sélection russe. Sur la neige, elle essaye de continuer face au froid avec un fausse attitude positive, comme le patriotisme. Cependant, très peu après elle s'arrête épuisée, elle ne peut plus continuer. Voici le message du réalisateur à ses compatriotes.


    Encore plus de fautes et d'erreurs sur hommecinema.blogspot.fr
    Sylvie B
    Sylvie B

    1 abonné 26 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 20 février 2018
    excellent excellent ! glauque et magistralement interprété
    tous les ressorts de la transmission de la haine. bravo
    FaRem
    FaRem

    7 568 abonnés 8 912 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 1 février 2018
    Un titre évocateur pour un drame âpre, terrible et d'une certaine façon terrifiant... Alors qu'il traite du désamour de deux parents pour leur fils, Andrey Zvyagintsev aurait pu centrer son histoire sur ce dernier pour accentuer tout ce qui se passe, mais il a choisi de nous mettre à la place de ces deux égoïstes ce qui est tout aussi efficace même si à la place d'avoir de la compassion, on ressent plus de la gêne et du dégoût. Il faut dire qu'ils sont très durs, ils en viennent à se disputer pour savoir qui va le récupérer comme s'ils parlaient de leur chien et les mots prononcés sont affreux. Finalement, le petit Aliocha n'a aucune importance dans le film ce qui peut avoir un impact sur la deuxième partie du film si l'on n'éprouve aucun intérêt pour son sort. Les deux parties ne se valent pas forcément du moins, il n'y a pas les mêmes qualités dans les deux, mais l'ensemble est réussi et captivant. Contrairement à "Leviathan", j'ai vraiment accroché à ce drame familial glaçant parfaitement mis en scène qui doit beaucoup à son ambiance et ses acteurs.
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