Le Sens de la fête est né dans le contexte assez lourd de l’année 2015. A ce moment, Eric Toledano et Olivier Nakache avaient envie de se diriger vers quelque chose de plus festif et faire rire tout en décrivant les travers de la société actuelle. Ce désir est né parallèlement avec celui d’offrir un rôle principal à Jean-Pierre Bacri. Nakache précise : "De façon plus anecdotique, je dois dire aussi que l’idée d’un film naît souvent sur le tournage du précédent car l’émulation fait émerger des idées. Or, la première scène de Samba se passait dans un mariage : un long plan-séquence nous emmenait de la salle aux coulisses. C’était un bon résumé de ce qu’on avait envie de faire."
Pour faire Le Sens de la fête, Eric Toledano et Olivier Nakache ont commencé par rassembler leurs souvenirs puisqu'ils ont, à leurs débuts pour financer leurs courts métrages, exercé ensemble tout un tas de petits boulots dans le milieu de la fête, dont celui de serveur dans les mariages. "Nous avions donc vécu dans ces coulisses, ressenti la pression de ce métier et glané bon nombre d’anecdotes sur le sujet. Mais en cours d’écriture, nous avons voulu nous replonger dans les brigades de serveurs actuelles, afin de voir comment tous ces gens travaillent dans l’ombre pour rendre des événements extraordinaires. C'est au cours de ces pérégrinations que nous avons commencé à dessiner nos personnages", se rappelle Nakache.
Jean-Pierre Bacri, étant lui-même scénariste, a proposé ses services à Eric Toledano et Olivier Nakache en leur donnant son avis sur les différentes versions du scénario. Ces derniers se rappellent : "On s’est donc offert le luxe d’avoir son avis sur les différentes versions du scénario, de tester les scènes et les répliques sur lui au moment où elles s’écrivaient. C’était un rêve car en ayant sa musique dans les oreilles, on repartait au travail avec beaucoup d’énergie."
Avant de s'appeler Le Sens de la fête, le film d'Eric Toledano et Olivier Nakache avait pour titre "Les Temps difficiles".
Eric Toledano et Olivier Nakache avaient plusieurs références cinématographiques au moment de la conception du Sens de la fête, dont Garçon ! (1983) réalisé par Claude Sautet. Ils expliquent pour quelle raison : "Ce film nous a ainsi inspiré pour les mouvements effectués de la cuisine à la salle ; il montre comment on passe d’un univers à l’autre en un plan et comment décrire au mieux les relations entre les serveurs qui forment la brigade de cette grande brasserie parisienne. Et chez Sautet, tout est posé d’une une vérité et un recul assez approximatifs sur eux même."
C'est avant tout la marque de fabrique du duo formé par Olivier Nakache et Eric Tolédano qui a donné envie à Jean-Pierre Bacri de prendre part au Sens de la fête. En lisant la scénario, le comédien explique qu'il a retrouvé tout ce qu'il aime chez eux et que l'on a peu l’habitude de voir au cinéma : "Une franche comédie qui fait beaucoup rire mais où l’on décèle aussi une grande bienveillance envers les personnages. Ils ont un regard sur les gens, une humanité que j’adore et qui m’émeut. C’est ce qui m’avait beaucoup plu déjà dans Nos jours heureux puis évidemment dans Intouchables. Cette qualité me les rendait sympathiques avant même de les rencontrer car on ne peut pas être foncièrement mauvais quand on fait de tels films."
Jean-Paul Rouve tourne à nouveau sous la direction d'Eric Toledano et Olivier Nakache après Je préfère qu'on reste amis et Nos jours heureux.
Pour filmer la brigade, Eric Toledano et Olivier Nakache ont fait énormément de répétitions et de mises en place. Le second confie : "Le risque, quand on raconte une histoire qui se déroule sur une soirée et dans un lieu précis, c’est que ça devienne trop théâtral. Pour éviter cela, on a dû trouver, dans une même propriété, des décors variés avec beaucoup de circulations. Ainsi la caméra n’est jamais statique, et ses mouvements apportent une énergie, une tension qui court jusqu’à la fin de la soirée."
Le film a été tourné au château de Courances, près de Fontainebleau. Il s'agit d'une bâtisse du XVIIe siècle qui a appartenu à Louis XIII et qui a la particularité de compter sur ses terres 13 sources naturelles. Les réalisateurs racontent : "Le terrain étant imbibé d’eau, nous avons dû nous adapter. Il faut avouer que ce tournage a été épique car le temps était très pluvieux et nous sommes souvent passés entre les gouttes. Comme un écho au film, comme Max et son équipe, nous avons dû, nous aussi au quotidien nous adapter, et chaque dialogue résonnait au sein de l’équipe technique comme un rappel, un état d’esprit."
Pendant tout le processus d’écriture du film, Eric Toledano et Olivier Nakache ont été bercés par le jazz d’Avishai Cohen, qui n'avait jamais composé de musique de film. Les deux cinéastes sont allés le trouver à la sortie d’un concert pour lui proposer de s’atteler à celle du Sens de la fête et il a tout de suite accepté. Ils développent :
"En effet, notre volonté a toujours été de choisir un artiste qui vienne poser son regard sur un autre travail artistique. Or le jazz est le genre musical qui nous fascine le plus car, comme au cinéma, il faut que tout le monde soit synchronisé pour faire naître une émotion. Le jazz d’Avishai Cohen est un vrai personnage du film, une musique de mélange, avec des percussions, des darbouka, de la contrebasse, du piano, le tout dans un rythme hors norme. Il illustrait parfaitement cette soirée pleine de surprises et d’imprévus et c’est dans cette idée que nous avons voulu que le film s’achève par un vrai morceau musical où tout le monde se retrouve."
Ce film est présenté au cinéma de la plage au Festival de Cannes 2023.