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    Le Disciple
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    Laurent C.
    Laurent C.

    238 abonnés 1 133 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 27 novembre 2016
    Vienamine ne veut plus aller à la piscine. Non pas qu'il ait froid ou qu'il ne sache pas nager, mais parce qu'il a un problème de religion ! Et sa religion à lui, c'est le catholicisme. Il récite à tout va des extraits de la Bible, tous aussi monstrueux les uns que les autres, s'agissant du rapport des hommes à Dieu, de la guerre, des femmes, de l'homosexualité, du pouvoir etc. Le réalisateur est malin. Il aurait évidemment été plus d'actualité que de raconter la radicalisation d'un adolescent russe à l'Islam fondamental, ce qu'il évite brillamment, même si personne n'est dupe de l'analogie. Sous des dehors très ironiques, souvent grinçants, Kirill Serebrennikov raconte avec brio et tact l'illumination religieuse de cet adolescent, qui finit par confondre le réel de sa vie aux symboles des écritures. En quelque sorte, le réalisateur décrit la trajectoire qui peut conduire des jeunes au pire. Pour autant, le film met parfaitement en scène la complicité des adultes qui à leur insu ou pas, facilitent ce cheminement pervers et criminel vers le radicalisme. Le propos est très théâtral. Les personnages sont grotesques ou fantasques, ce qui permet de ne pas céder à la facilité sociologique. Il s'agit bien d'une sorte de fable cruelle sur le risque de la radicalité, tant laïque que religieuse d'ailleurs , avec ses relents d'antisémitisme, de terrorisme, de mensonge et de désespoir. Toutefois, le film souffre peut-être d'une absence d'empathie ou d'une froideur qui laisse le spectateur sur sa faim. On ressort de cette histoire, suffoqué, mais finalement pas vraiment convaincu.
    WutheringHeights
    WutheringHeights

    99 abonnés 930 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 24 novembre 2016
    Un film sidérant sur le fanatisme religieux mais aussi un état des lieux du nouveau conservatisme qui règne en Russie.

    LA SUITE :
    Jorik V
    Jorik V

    1 198 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 24 novembre 2016
    Ce film russe est un sacré uppercut moral pour qui n’accepte pas d’être chamboulé dans ses convictions les plus profondes car il remet en question des fondements à la fois théologiques, scientifiques et sociaux de notre monde en nous obligeant à nous interroger sur nos propres croyances. Tout cela par le biais d’un lycéen en pleine crise de foi. Adaptation d’une pièce de théâtre, ce qui se ressent de par les nombreuses logorrhées verbales qui illustrent les arguments des protagonistes, la mise en scène s’en éloigne cependant adroitement en suivant de manière frontale les personnages grâce à de longs plan-séquences agressifs et mobiles. En évitant le champ/contre-champ, la nature du récit très volubile est dynamisée et on prend mieux conscience de la dramaturgie en cours.

    Les thèmes abordés sont lourds et passionnants rendant ainsi « Le Disciple » particulièrement propice aux débats en sortant de la projection. La lecture au premier degré de la Bible et son interprétation la plus littérale permettent ici des échanges vifs sur la théorie de l’évolution, l’homosexualité et les mœurs, l’antisémitisme, la chrétienté, la façon de vivre sa foi et la religion en général. La manière dont le jeune protagoniste principal se plonge dans le radicalisme religieux le plus extrême (mais pertinent dans la manière dont c’est montré) permet de cerner les différentes lectures que l’on peut avoir de la Bible et donc de la manière dont on peut traduire un livre Saint. Et cela fait dangereusement écho à l’actualité. L’intelligence du long-métrage est d’opposer différents points de vue à celui du jeune Veniamin. De sa professeur de biologie, contestatrice logique la plus farouche, à l’incompréhension d’une mère en passant par le prêtre ou à celui qui pourrait être son disciple parce que plus faible et donc plus crédule, ses seconds rôles enrichissent le propos. Encore une fois, les résonances en rapport à ce qui se déroule dans notre monde actuel sont flagrantes.

    Bien sûr il faut savoir que ce genre de film porte davantage à une réflexion profonde qu’à du pur divertissement bien que l’on ne s’ennuie pas une seule seconde. Mais « Le Disciple » n’est pas exempt de défauts. On regrette que l’origine de la crise du jeune homme ne soit pas expliquée, elle intervient trop subitement, d’emblée, et nous prive de clés de compréhension psychologique du personnage qui nous apparait juste comme un fanatique. Difficile dans ces conditions de s’identifier ou d’avoir une quelconque empathie envers lui. Et parfois le trop est l’ennemi du bien. Ses actes sont parfois trop extrêmes voire ridicules (la scène de la jambe). Ils manquent ainsi de nuances et de crédibilité et nous opposent fatalement à Iui de facto. Il n’empêche, on ressort de la projection fasciné et secoué par un film dont chaque morceau nous assène de questions et nous pousse dans nos propres retranchements. Car certaines choses semblent nous être acquises et sures, mais c’est aussi le propre de l’art et donc du cinéma de pouvoir bousculer nos certitudes. Excessif mais fort, du cinéma intelligent !
    Stéphane C
    Stéphane C

    54 abonnés 389 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 26 novembre 2016
    Un film intéressant qui démonte, à travers la crise mystique d'un adolescent, la folie du fanatisme religieux et ses contradictions ...
    desiles ben
    desiles ben

    30 abonnés 204 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 25 novembre 2016
    Consternant. Je m'attendais à un drame psychologique sur les tourments d'un jeune homme enivré par sa foi dans un monde ayant perdu le sens du sacré... Que nenni !
    On assiste pendant deux heures à un théâtre de Guignol dans lequel des personnages se tapent dessus en poussant des cris. Ce ne sont d'ailleurs pas même des "personnages" avec une épaisseur psychologique mais des caricatures qui s'agitent.
    Il y a là la mère débordée qui bêtifie, le pope bedonnant, antisémite sur les bords, qui chasse le démon avec une espèce de balayette plongée dans l'eau bénite, une proviseur bornée, tyrannique et qui a le vin triste, un professeur de sport idiot, une professeur de biologie qui distribue des capotes et pense que Jésus et ses disciples étaient une communauté homosexuelle... et, cerise sur le gâteau, un adolescent chrétien fanatique qui, caricature oblige, est antisémite, homophobe - et comme si la charge n'était pas suffisante - assassin pour couronner le tout.
    N'est pas Voltaire qui veut. Le réalisateur se veut irréligieux, il n'est que grotesque.
    Marilou M.
    Marilou M.

    4 abonnés 40 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 28 novembre 2016
    Quand on a vu ce film, on comprend qu'il n'y ait pas de critique. Il laisse en effet le spectateur très sceptique. Ce film a été primé à Cannes mais on peut se demander sur quels critères. On ne peut pas considérer qu'il illustre le phénomène actuel de radicalisation religieuse (peu importe la religion, ici chrétienne), la situation ét
    ant celle d'un individu illuminé on ne sait pas pourquoi, et sans aucune influence extérieure. La seule correspondance avec ce qui se passe actuellement est la lâcheté et l'ignorance érigée en règle du système"normal", et encore .... il s'agit surtout de caricature. On peut soupçonner ce film de vouloir "faire peur" et ça peut marcher. On n'a vraiment pas besoin de ça.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 25 novembre 2016
    « Adultère ! » sa mère divorcée ; « impudique ! » la nudité des filles en bikini à la piscine ; « abominable ! » l’homosexualité de son copain handicapé ; « lâches ! » les prêtres qui préfèrent le confort du pardon au martyr ; « hérétique et juive ! » sa prof de biologie qui épouse les thèses Darwiniennes… Venia est un lycéen russe qui passe son temps à apprendre par cœur la Bible, puis convoque à tout bout de champ les prophètes pour dénoncer son entourage. Crise mystique ou diabolique provocation d’un adolescent solitaire et idéaliste ?
    En tout cas, en s’intéressant au double sens de certains versets de la Bible, Venia parvient à les retourner pour servir sa lecture très radicale des Ecritures. A force de glissements successifs, sa dénonciation finit par engendrer les monstres du fondamentalisme. Le film de Kirill Serebrennikov est une magnifique parabole de l’intégrisme et du fanatisme religieux. Par les temps qui courent, sa démonstration prend encore plus de force. Et effectivement, « le problème, souligne le réalisateur, c’est que des Vénia, il y en a désormais des hordes… »
    La religion et ses rapports au pouvoir, comme sujet d’engagement et de manipulation. Cela pourrait faire un beau sujet de philo. C’est déjà un très beau film, tiré d’une pièce de théâtre réalisée par le même auteur. Un film original et ambitieux, puissant et fort, avec quelques superbes scènes tournées en plans-séquences - la croix dans la classe, ou Vénia déguisé en singe -. Tout juste peut-on déplorer le procédé narratif un peu répétitif et parfois trop démonstratif qui jettent sur ce Disciple une ombre assez pesante.
    ffred
    ffred

    1 503 abonnés 3 967 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 27 novembre 2016
    Les films russes ne courent pas les salles. Celui-ci avait l’air très intriguant. Je l’ai trouvé plutôt bien fait. Une mise en scène assez puissante, un scénario bien écrit (dans l’actualité mais quelque peu prévisible) et une interprétation solide. L’ensemble brasse beaucoup de thèmes, mysticisme, antisémitisme, homophobie, etc. et peut être parfois un peu lourd. J’attendais tout de même que ce soit un peu plus fort, un peu plus dérangeant. Le disciple, à l’instar de Le ciel attendra, ne nous rassure pas sur le fanatisme religieux, quelque que soit la religion, et sur le retour vers le Moyen-âge. Et ne fait que confirmer mon idée sur la question. De belles qualités pour un bon film tout de même...
    traversay1
    traversay1

    3 111 abonnés 4 627 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 1 décembre 2016
    Kirill Serebrennikov est un agitateur culturel tous azimuts en Russie, plus connu d'ailleurs par ses mises en scène de théâtre que par ses films. Le disciple vient d'ailleurs d'une pièce allemande qui il est vrai s'adapte parfaitement à cette parabole on ne peut plus russe avec son personnage dostoïevskien de prophète en première ligne. Un individu parfaitement antipathique que l'on doit "subir" pendant près de 2 heures avec ses citations bibliques en bandoulière adaptées à toute circonstance. Film âpre, exigeant, provocateur et étouffant, Le disciple court le risque d'être interprété au premier degré et vu comme une charge violente contre la religion chrétienne. Ce qu'il n'est pas car plutôt conçu comme une parabole qui montre les dérives du fanatisme assorti de la manipulation des âmes et de la soumission à celui qui parle le plus fort. Certes, le film est parfois pesant dans sa démonstration, nonobstant quelques pointes d'humour noir, mais sa densité et son acharnement à ne jamais lâcher le morceau sont puissants. Serebrennikov rejoint d'ailleurs les grands cinéastes russes du moment, Zviaguintsev et Bykov, par ces mêmes qualités. La mise en scène du Disciple, notamment avec de brillants plans séquences, participe de ce sentiment de malaise qui étreint devant un film inconfortable et verbeux mais hautement recommandable surtout s'il est suivi d'un débat contradictoire à l'issue de la séance.
    Christoblog
    Christoblog

    743 abonnés 1 616 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 3 janvier 2017
    Petite sensation du dernier festival de Cannes, ce premier film du russe Kirill Serebrennikov est une curiosité un peu piquante.

    Le film est adapté d'une pièce de Marius von Marienbourg, que j'ai vu l'année dernière à Tourcoing. Bien que l'époque et le contexte aient été changé, Le disciple reste fidèle à sa source : il s'agit de montrer un jeune chrétien qui se radicalise à partir d'une lecture littérale de la Bible. On voit bien sûr le rapport à l'actualité récente.

    Le réalisateur utilise un procédé qui surprend, mais auquel on s'habitue progressivement : les sources bibliques des citations apparaissent en incrustation sur l'écran. Cette lancinante énumération qui parfois tient lieu de dialogue, prouve qu'on peut faire dire n'importe quoi à n'importe quel texte, en sortant des éléments soigneusement choisis de leur contexte.

    L'intérêt du scénario réside dans la façon dont les institutions russes donnent du crédit à ces élucubration contre l'avis d'une jeune prof qui tente (maladroitement) de faire valoir la valeur du raisonnement scientifique.

    Tout cela se finira mal, évidemment, du fait notamment du substrat de refoulement (homo ?) sexuel qui explique d'une façon peut-être un peu trop évidente l'attitude du jeune homme.

    La mise en scène est superbe, à base de plans-séquences de toute beauté . A voir si vous avez le temps.
    keser
    keser

    18 abonnés 56 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 29 novembre 2016
    Film très intéressant qui démontre que le fanatisme existe au sein de toutes les religions. Ici un jeune a une lecture stricte de la religion orthodoxe, dont il interprète les psaumes à la lettre. On se rend compte aussi à quel point en Russie la religion a un impact très fort au sein du système éducatif, cela voulu par le gouvernement. Différents thèmes sont abordés notamment la sexualité et ses pratiques qui restent encore très taboues en Russie. Une belle découverte !
     Kurosawa
    Kurosawa

    518 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 août 2018
    Sujet brûlant, le fondamentalisme religieux est ici abordé à travers des procédés formels massifs, pas loin d'être indigestes, mais avec une vision dialectique et stimulante. Serebrennikov n'est pas intéressé par les croyances précises du jeune Veniamin mais par la confrontation des lectures bibliques et surtout par l'influence d'une posture sur un groupe. Peu importe que le garçon soit contre le programme de biologie ou qu'il n'admette pas que les filles nagent en bikini; ce qui compte, c'est la capacité de cet individu à faire passer ce fondamentalisme pour la norme et de renvoyer des idées progressistes, incarnées par le beau personnage de Lena, à un pur délire. Par des plans-séquences vertigineux qui donnent aux joutes verbales une puissance théâtrale qu'on peut trouver lourde mais qui assume pleinement l'aspect démonstratif de l'ensemble, Serebrennikov montre l'incapacité à lutter face à un point de vue absurdement défendu par presque tous les personnages (la mère, le pope, la directrice de l'école) alors que ces derniers sont méprisés par Veniamin. Terrifiant, le film emploie à bon escient un humour noir pour exercer sa critique d'une société conservatrice, préférant se replier sur des idées dangereusement simplifiées mais dont la source reste chrétienne plutôt que de faire confiance à une pensée moderne : en somme, "Le disciple" est une brillante démonstration de la victoire de l'obscurantisme dans une Russie sans repères.
    poet75
    poet75

    256 abonnés 703 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 novembre 2016
    Un grand adolescent qui reste à la maison au lieu de rejoindre ses camarades de classe à la piscine puis qui, contraint de s'y rendre, fulmine contre l'indécence des filles qui s'y exposent en bikini ! A qui a-t-on affaire ? A un extrémiste musulman ? Pas du tout ! Nous sommes dans la Russie d'aujourd'hui, le garçon a pour prénom Veniamin (Petr Skvortsov) et il ne rate pas une occasion d'affirmer qu'il est chrétien ! Le metteur en scène de théâtre Kirill Serebrennikov, honni par les autorités russes à cause de ses prises de position avant-gardistes et de sa défense des minorités, passe aujourd'hui derrière la caméra pour nous brosser le portrait d'un fanatique religieux de son pays. Et n'imaginons pas que ce jeune homme soit un cas ou une rareté : « le problème, prévient le réalisateur dans une interview, c'est que des Veniamin, il y en a, désormais, des flopées, des hordes... ».
    L'adolescent, tel qu'il se présente dans le film, paraît pourtant très isolé, mais c'est sans doute parce qu'il se refuse à faire partie d'une communauté, quelle qu'elle soit, et parce qu'il s'oppose à tout le monde. On n'a affaire ni à un garçon obtus ni à un nigaud, bien au contraire, on le devine malin, rusé, capable d'apprendre par cœur des dizaines et des dizaines de versets de la Bible et de les réciter en fonction des circonstances. Mais cet intégriste est si convaincu d'être dans la vérité et il est si enfermé dans ses convictions religieuses qu'il ne ressent plus que du mépris pour tous ceux qui sont différents de lui.
    Tout est suspect à ses yeux et chacun de ceux qu'il côtoie lui semble dévoyé : les filles à cause de leur prétendue impudicité et parce qu'elles apparaissent comme des tentatrices, les homosexuels parce qu'ils s'adonnent à ce qu'il considère comme un vice abominable, les prêtres orthodoxes parce qu'ils ne songent qu'à s'enrichir et transmettent une religion de pardon, les professeurs parce que leurs enseignements ne s'accordent pas avec la Bible. Même sa mère ne trouve pas grâce à ses yeux à cause de son divorce. Pour accréditer la condamnation de tout ce monde, il suffit à Veniamin de puiser dans le catalogue de citations bibliques qu'il a apprises et qu'il se fait un plaisir d'assener (et dont le réalisateur indique chacune des références sur l'écran). L'adolescent fait ce que font tous les intégristes, tous les fondamentalistes religieux, tous les fanatiques : il utilise les textes, il en isole soigneusement les passages qui servent ses intérêts et semblent conforter ses convictions et les martèle à la figure de ses « ennemis ». Les textes bibliques, tels qu'il les énonce, ne sont plus rien d'autre que des instruments sélectionnés et mis au service de sa haine des autres.
    Celle contre qui il s'oppose le plus brutalement, c'est sa professeure de biologie car son enseignement darwinien le révulse au plus haut point. Et l'affrontement entre les deux personnages donne lieu à des scènes atterrantes, voire effrayantes, et qui mettent aussi en lumière les peurs et les lâchetés de la directrice de l'établissement scolaire et des autres professeurs.
    En fait, ce que montre parfaitement la mise en scène efficace de Kirill Serebrennikov, c'est que la folie de l'adolescent est telle que tout dialogue avec lui semble impossible. La professeure de biologie s'y prend très mal en essayant de le contredire sur son propre terrain, c'est-à-dire en cherchant à son tour à argumenter à coups de citations bibliques. La mère de Veniamin, de son côté, s'efforce d'établir un dialogue avec son fils mais sans jamais vraiment y parvenir. Le garçon s'est enfermé dans sa terrfiante solitude, il n'a personne à qui parler en vérité, si ce n'est, peut-être, le seul camarade de sa classe avec qui il noue une sorte d'amitié, un infirme qu'il cherche à entraîner dans son sillage et à qui il fait des promesses insensées.
    En réalité, en focalisant sa caméra sur ce personnage rempli non seulement de la haine des autres mais aussi de lui-même (car, on le comprend à la fin du film, il ne s'accepte pas tel qu'il est), le metteur en scène révèle avec habileté les mensonges et les bassesses qui gangrènent son pays. Il n'y a pas besoin de grand chose pour qu'apparaissent sur les visages des uns et des autres les affligeants rictus qui accompagnent les propos homophobes ou les insinuations hideusement antisémites. Ce film « coup de poing » nous interpelle vivement, qui que nous soyons, quel que soit notre pays, Russie, Etats-Unis, France, à l'heure où se répandent de plus en plus les tentations intégristes, les replis identitaires et les professions de foi réactionnaires. Même quelqu'un qui se réclame du Christ et ne cesse de citer la Bible peut prêcher une religion de violence et de haine, plutôt que d'amour et de pardon. 8/10
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 11 janvier 2017
    "Pas mal" seulement, parce que j'ai vraiment eu du mal avec la forme, bien qu'étant assez familier du cinéma russe. Mais justement, je suis un peu lassé par cette hystérie dans les dialogues, par la diction et le jeu des des acteurs franchement stéréotypés. Au-delà de ces considérations finalement peu importantes, le sujet du film est lui tout-à-fait fondamental et expose un problème crucial rencontré par à peu près toutes les sociétés occidentales : la remise en cause de l'enseignement des théories darwiniennes pourtant validées par l'expérience scientifique, l'irruption insupportable des revendications religieuses dans l'espace public, les horreurs qui vont avec (racisme, homophobie, antisémitisme, volonté de contrôler les corps féminins...), la démission et la lâcheté de l'autorité qui ne cherche qu'à acheter la paix sociale... Tous ceux qui en France sont tentés par mollesse de tailler des croupières à la laïcité au nom de prétendus "accommodements raisonnables" seraient bien inspirés de regarder ce film au propos salutaire. Il y a des "disciples" avec qui le dialogue n'est pas possible, point barre, il faut en prendre acte et ne pas leur céder un pouce de terrain, qu'ils soient russes orthodoxes...ou d'une autre religion dans un autre pays (suivez mon regard).
    LeMagduCiné
    LeMagduCiné

    60 abonnés 626 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 27 novembre 2016
    Le Disciple du russe Kirill Serebrennikov est adapté de la pièce de l'allemand Marius von Mayenburg. Programmatique dans sa dénonciation de la société russe contemporaine, gangrenée par une présence trop forte de la religion, et gardant ses origines théâtrales, le film s'appuie sur des dialogues en très grande partie composés de versets de la bible, et le rythme comme l'émotion s'en ressentent.
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