Petra est une stagiaire chez son idole. Mais ce n'est pas l'art qui l'amène chez lui, sinon la vérité, un passée inconnu qui faudrait mettre en lumière. Chaque révélation déclenchera une malédiction qui poursuivra les personnages. Le destin leur guette, ils essayeront de l'évader, de l'esquiver, vainement. Les échos de la tragédie grecque se mélangent avec un goût romantique, chaque titre de chapitre nous prévient de ce qui va se passer.
Rosales s'échappe du conventionnalisme narratif pour nous présenter un récit désordonné, fait qui réveille notre curiosité. L'introduction de l'histoire apparaît comme un flash-back à moitié du film, puis le dénouement est montré avant la fin pour qu'on se demande comment a-t-on pu arriver a ce point-là. Des ressources en principe simples mais qui arrivent à élever la qualité du film grâce à son efficacité. En plus, Rosales parcours encore une fois avec sa caméra les scènes, il laisse que les dialogues se développent hors du cadre, on tombe sur l'action pour qu'elle abandonne l'image encore une fois dans ce parcours. On dirait que le paysage devient si important que la trame, comme si celle-ci n'était qu'une trouvaille momentanée, passagère, fortuite.
Le gros souci de Petra c'est qu'il ne fait pas justice au cinéma de son créateur. Ces dernières quinze années Rosales a touché des sujets beaucoup plus sensibles et intéressants d'une manière transgressive. Las horas del día racontait l'ennuyante vie d'un commerçant dont sa seule motivation c'était le meurtre. Les référents artistiques et politiques de Rosales étaient claires dès la première victime: une chauffeuse de taxi en hommage au chef d'oeuvre Tu ne tueras point de Kieslowski. Il essayait de montrer au public une possible origine de la violence dès son début sur l'écran.
La soledad et Un tir dans la tête parlaient du terrorisme dès deux points de vue différents: Le premier utilisait un écran divisé pour décrire la douleur des victimes. Le deuxième, moitié voyeurisme, moitié fausse reportage journalistique, suivait de loin la vie quotidienne du terroriste, en relation, encore, au sujet de Las horas del día. Rêve et silence est son film le plus poétique. Des images noir et blanc très bien cadrés qui essayaient d'extraire la beauté du deuil d'une famille. Le film était, comme son titre nous annonce, chargé des images oniriques et marqué par un manque de dialogues. Finalement, La belle jeunesse s'approchait du documentaire créant un portrait d'une classe prolétaire victime d'un système européen cruel et impitoyable. Le film, en plus, incorporait les nouvelles technologies dans le métrage d'une manière impeccable.
Et voici qu'on arrive à Petra. Une famille bourgeoise catalane et la recherche d'un père: ici on est très loin de l'engagement, de la politique, de la critique qui définie le cinéma de Rosales. On ne peut rien reprocher au film: Il est très bien réalisé, très bien écrit, très bien monté et très bien joué. Malheureusement, la sensation que le film est hors-de-lieu dans la filmographie de Rosales persiste une fois fini. Petra est un bon film, malgré tout. Tout simplement on préfère Rosales quand il raconte des autres histoires, celles qui le reste de cinéastes espagnoles n'osent pas raconter.
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