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    Moi, Tonya
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    RedArrow
    RedArrow

    1 661 abonnés 1 528 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 26 février 2018
    Comme elle le dira elle-même, aujourd'hui, Tonya Harding n'est désormais plus qu'un bon mot dans la culture populaire, celle à qui l'on se réfère en cas de plaisanterie sur le fait de blesser volontairement un concurrent pour s'assurer la victoire lors d'une compétition. Peu importe son parcours sportif ou qu'elle fut la première patineuse américaine à réaliser un triple axel, son nom restera à jamais indissociable de "l'incident" hyper-médiatisé qui a vu sa principale rivale, Nancy Kerrigan, se faire agresser pendant les championnats éliminatoires en vue des Jeux Olympiques de Lillehammer en 1994.

    Avant de bien évidemment consacré une large part de son récit aux événements rocambolesques qui ont mis fin à sa carrière, "Moi, Tonya" va nous recontextualiser le destin de la patineuse à partir de son enfance. Pur produit de cette Amérique white trash méprisée, la petite Tonya Harding sera enchaînée dès son plus jeune âge à la violence physique et psychologique exercée par une mère dont la tyrannie n'a d'égale qu'une forme de misanthropie jusqu'au-boutiste. Même lorsque cette dernière donnera de sa personne afin d'aider le don naturel pour le patinage de sa fille en y investissant tout son argent, Tonya se heurtera en permanence à un mur de remontrances cinglantes débordant jusque sur sa vie amoureuse. Devant cette figure maternelle qui n'appellera jamais une réciprocité émotionnelle, la future participante aux J.O. cherchera tout naturellement la reconnaissance auprès du monde du patinage (qui la regardera sans cesse de haut compte tenu de ses origines sociales) et des ovations du public. Mais son rapport ténu à la violence entretenu dès l'enfance ne la quittera désormais plus, comme si celui-ci était devenu une condition sine qua non à sa réussite de patineuse (la scène de sa mère et du supporter est en ce sens aussi drôle que tragique). Elle aura beau rompre le cordon ombilical maternel lors d'une dispute à la conclusion sans retour, le couple qu'elle formera par vagues successives avec Jeff Gilooly sera lui aussi fondé sur une passion brutale synonyme de violences conjugales répétées. Seule la récompense et la reconnaissance tant attendues de tous ses efforts lors de l'exécution de son fameux premier triple axel laissera entrevoir un horizon plus apaisé qui sera hélas vite brisé par la frustration de son mari devant la célébrité grandissante de sa femme.

    Après les hauts et les nombreux bas de la vie de Tonya, le film se concentrera donc sur la fameuse affaire Harding/Kerrigan et c'est peut-être d'ailleurs là que sa forme très efficace de faux docu-fiction va prendre toute son ampleur. Jusqu'ici utilisé principalement comme un ressort tragi-comique où chaque personnage apportait un regard extérieur sur divers évènements sous forme d'interviews postérieures (on nous prévient d'ailleurs dès l'ouverture que le film est autant basé sur des faits véridiques que de versions contradictoires), ce procédé narratif va montrer toute son ingéniosité en mettant en relief tous les points de vue autour de la maladresse somme toute pitoyable de ce "complot". Comme si, au moment où une seconde chance incroyable s'offrait à elle, Tonya Harding voyait la stupidité et la violence de son environnement social d'origine la rattraper devant son incapacité à ne s'en jamais être détachée totalement. À base de mini-flashbacks/flashforwards, toutes les versions contradictoires des personnes derrière cette affaire nous seront rapportées et confrontées à l'absurdité totale de la situation qui conduira à des pics d'hilarité (la scène de la caméra surveillance racontée par le journaliste) tout en n'ignorant pas la tragédie humaine et sportive en train de se jouer (le verdict du procès sera dévastateur).
    En démontrant que Tonya Harding n'était en fin compte qu'un domino en train de s'effondrer parmi tant d'autres personnages rongés par la bêtise (mais en ne niant toutefois pas son implication), le film prend bien sûr parti pour la patineuse mais seulement pour nous laisser percevoir comment son destin brisé n'avait finalement que très peu de chances de surmonter les mutiples embûches qu'elle avait parfois elle-même placé sur sa route...

    Réalisateur éclectique (on lui doit quelques perles comme "Une Fiancée pas comme les autres" et le mésestimé "The Finest Hours"), Craig Gillepsie livre donc un biopic passionnant et explorant toutes les ramifications d'un fait divers ignorées par l'overdose médiatique de l'époque. En jouant judicieusement avec la forme adoptée si particulière par des répliques face caméra et les interviews des personnages, le réalisateur amplifie véritablement l'implication du spectateur dans un récit qui fleurterait pourtant souvent avec l'improbable si tout ce qui nous était raconté n'était pas bel et bien basé sur la réalité. De même, il réussit aussi à insuffler une certaine tension aux numéros de patinage en les filmant à hauteur humaine pour nous immerger un peu plus cinématographiquement dans l'apothéose de ce qui se joue à chaque compétition et plus largement à ce moment précis de l'existence de Tonya Harding.
    Bien entendu, le film trouve en Margot Robbie une espèce d'incarnation parfaite de cette héroïne mal-aimée (sa nomination aux Oscars est loin d'être volée), l'actrice en pleine montée de puissance jusqu'ici porte sur ses seuls patins les multiples facettes de ce personnage fascinant qui lui permettent de montrer l'étendue de sa palette de jeu dans tous les registres (il y a même un petit clin d'oeil à son Harley Quinn désormais bien ancrée dans les esprits). L'immense Allison Janney dans le rôle de sa mère impressionne également à chacune de ses scènes en trouvant sans cesse l'humour dans la plus grande cruauté de son interprétation, même Sebastien Stan, en mari aussi passionné que violent, habituellement assez transparent, déniche ici une occasion en or pour s'imposer. Enfin, n'oublions pas de mentionner Paul Water Hauser, une révélation dans le rôle de ce garde du corps mythomane sans qui l'invraisemblabilité de toute cette affaire n'atteindrait pas les mêmes proportions.

    Dans ses derniers instants, "Moi, Tonya" nous laisse sur des entretiens avec les protagonistes réels renvoyant à la véracité des événements absurdes auxquels on vient d'assister et surtout sur une des performance sportive de la véritable Tonya Harding, la patineuse, celle que tout le monde avait oublié et que "Moi, Tonya" s'est merveilleusement chargé de nous remettre en mémoire...
    kiki3364
    kiki3364

    35 abonnés 222 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 février 2018
    Moi, Tonya je l’attendais celui là.
    Avec une actrice en or (car Margot Robbie est juste parfaite), des plans magnifiques et une histoire vraie sous le gosier, moi, Tonya a de quoi ravir.
    Le film nous emmène sur deux pistes différentes. La première est celle de Tonya, que l’on découvre enfant, puis adolescente etc. On suit son évolution et cela nous permet de comprendre en détail comment la jeune femme a adopté ce comportement. Cependant, cela nous donne également envie de la voir briller après tant d’injustices et pleine de violence, comme si le film traitait avant tout de sa réussite. Car ce n’est pas le cas... et c’est légèrement frustrant.
    La deuxième piste (et celle à l’origine du film) est donc l’agression dont Nancy est victime. Celle là nous permet également de voir les conséquences et la descente en enfer de Tonya.
    Avec une mère dénudée d’empathie, un mari violent et une vie difficile, on comprend Tonya et prend pitié d’elle...
    Au final, j’ai beaucoup aimé l’histoire de cette patineuse artistique talentueuse victime de la vie et de la noirceur de ses proches.
    btravis1
    btravis1

    108 abonnés 529 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 13 mars 2018
    Même si on n'aime pas le patinage, difficile de ne pas s'intéresser à la vie de Tonya Harding. Le film ne prend pas partie, il ne cherche pas à glorifier la patineuse au contraire parfois, mais en mettant en lumière son milieu social, à l'opposé de celui que représente ce sport pour la fédération américaine, ses relations, avec sa mère, parfaitement jouée par Allison Janney, avec son mari violent et son entourage, qui ont souvent été un frein à sa réussite, il montre que Tonya Harding a déjà eu un énorme mérite d'arriver à ce niveau, à force d'acharnement et sans appui humain ou financier, et surtout qu'elle ne mérite pas par contre le sort qui lui a été réservé suite à l'incident qui lui a valu cette descente aux enfers et l'impossibilité de repatiner (coupable ou pas, les témoignages divergent mais on peut admettre qu'elle aurait pu bénéficier de circonstances atténuantes). Et Margot Robbie endosse parfaitement son rôle.
    Alice025
    Alice025

    1 660 abonnés 1 364 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 25 février 2018
    Un biopic très rythmé et délirant sur la vie de Tonya Harding, incarnée par Margot Robbie, boule de nerfs incroyable. Réalisé à la façon « interview », on retrace dans la première partie la vie de Tonya, de son enfance à l'âge adulte. Ses rapports assez conflictuels par rapport à sa mère, puis face à son mari sont baignés dans un climat assez violent, mais retranscrits ici avec une grande pointe d'humour. Les scènes de patinages sont d'ailleurs scotchantes. La deuxième partie du film est plutôt consacrée à l'attaque physique sur Nancy Kerrigan, sa grande rivale. On ne s'attarde pas tellement à la compétition entre les deux femmes, mais plutôt à l'affaire en elle-même et la réaction des différents personnages.
    « Moi, Tonya » est donc un film qui s'apprécie bien de part une réalisation dynamique, autant dramatique qu'elle en est drôle, et de part un casting qui s'investit énormément, et ça se sent.

    cinephile-critique.over-blog.com
    SaintPauly
    SaintPauly

    19 abonnés 64 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 février 2018
    Moi, Tonya montre parfaitement comment faire un film tiré d'une histoire vraie. Il y a de la vérité, l'empathie et pathos avec une double dose d'humour, tout ça pour rendre le scandale Tonya Harding compréhensible tout en gardant sa gravité. Réalisateur Craig Gillespie a fait l'impossible en faisant d'un désastre surnaturel un ballet. (As-tu déjà vu une locomotive déraillée faire une pirouette?

    La qualité du film utilisé renforce le look des années 80-90 donné par les vêtements et voitures, mais rien de tout ça est aussi efficace que la musique. Le BO est mélangé avec l'histoire avec toute la finesse de Baby Driver; même mieux car ici les chansons ne communique pas seulement l'ambiance, mais l'époque aussi.

    Margot Robbie assure le rôle de Tonya Harding avec brio, tout comme Sebastian Stan et Allison Janney dans leurs rôles de mari et mère, respectivement.

    Pour faire bref, Moi, Tonya est le film que cette fille tragiquement sincère, équivoque et mal compris mérite.
    traversay1
    traversay1

    3 556 abonnés 4 851 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 21 février 2018
    A l'époque, l'affaire a fait les choux gras de la presse et pas que la sportive. Pensez, à quelques mois des Jeux Olympiques de Lillehammer, une patineuse américaine, Nancy Kerrigan, est agressée physiquement par l'entourage de l'une de ses concurrentes, Tonya Harding, avec la suspicion que cette dernière était au courant du projet. Quelle histoire ! Filmé par Craig Gillespie, le récit devient celui d'un vilain petit canard que l'Amérique aimait opposer à un auguste cygne. Tonya contre Nancy, ascendance modeste contre port aristocratique (en oubliant que Nancy Kerrigan venait aussi d'un milieu populaire). Raconté façon documentaire, avec interviews des différents protagonistes (hormis la victime, hélas), le film dégage une énergie folle, bouillonnant d'humour dans ce qui s'apparente pourtant à un soap opera, ou même à une tragédie pour Tonya Harding, à la carrière brisée net. Avec Sa B.O millésimée et son rythme trépidant, le film brille aussi par ses images sur la glace. En règle générale, le sport est abominablement filmé au cinéma, Moi, Tonya est l'exception qui confirme la règle. Bien que Margot Robbie ne ressemble que de loin à Tonya, et qu'elle soit bien plus jolie, l'actrice est remarquable et intense, notamment dans ses duels avec son infâme mère, jouée avec délectation par Allison Janney, promise à l'Oscar du second rôle féminin. On a rarement poussé la vulgarité et l'insolence à un tel degré jubilatoire. Décidément, on ne patine pas avec l'amour, n'est-ce pas Tonya Harding et Nancy Kerrigan, toutes les deux étoiles éphémères d'un conte de fées raté, dissout dans un fait divers sordide.
    FaRem
    FaRem

    8 601 abonnés 9 506 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 30 décembre 2017
    Après l'histoire sur le sauvetage du SS Pendleton dans "The Finest Hours", Craig Gillespie s'intéresse cette fois-ci à une personne, Tonya Harding, une patineuse qui a eu une vie privée et professionnelle très mouvementée. Je ne connaissais pas du tout cette personne ni son histoire et malgré le fait que cette discipline ne m'intéresse pas, j'ai trouvé le film vraiment passionnant. On n'a absolument pas affaire à un conte de fées donc au lieu de faire quelque chose de classique, voire académique, le réalisateur a décidé de faire quelque chose d'assez léger ce qui m'a agréablement surpris. Il faut dire que l'histoire racontée est loin de la success story habituelle donc s'en amuser avec un humour cinglant était peut-être la meilleure chose à faire. Ce n'est pas non plus une comédie, mais le portrait fait par Craig Gillespie est aussi amusant que touchant et réaliste. Amusant parce qu'elle était entourée par de vrais bras cassés qui ne l'ont vraiment pas aidée dans sa vie et dans sa carrière puis touchant et réaliste, parce que la vie de Tonya n'a pas été facile et qu'elle a subi beaucoup de choses, mais malgré tout, on ne retient que sa force de caractère et son abnégation. Margot Robbie, est vraiment excellente tout comme Allison Janney qui aurait pu lui voler la vedette si elle était plus présente. Au final, c'est un très bon biopic qui change de ceux que l'on a l'habitude de voir.
    HawkMan
    HawkMan

    177 abonnés 1 183 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 2 mars 2019
    Moi Tonya est un film épatant. J'ai été très surpris de prendre du plaisir sur ce film biographique de Tonya Harding, célèbre patineuse artistique américaine. Le film est monté en documentaire avec 2 parties : la 1ère autour de l'enfance et le début de carrière de la patineuse puis la 2nd autour de l'affaire qui secoua l'Amérique dans les années 90 suite à l'agression de l'autre patineuse américaine Nancy Kerrigan. Les acteurs sont excellents, y compris Margot Robbie excellente dans le rôle de cette patineuse vulgaire et provocatrice.
    Bref : hilarant, mordant, provocateur, étonnant.
    dominique P.
    dominique P.

    833 abonnés 2 027 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 24 février 2018
    J'ai trouvé ce "biopic" vraiment très bien réalisé, très bien interprété et absolument captivant.
    Cette histoire m'a touchée et je m'en rappelle bien car j'ai seulement un an de moins que cette patineuse et à l'époque on avait beaucoup entendu parler de cette histoire.
    La première moitié du film s'attarde sur son enfance, son adolescence et ses galères avec sa mère invivable et son premier petit ami lui aussi invivable et violent.
    La deuxième partie se concentre sur l'agression de sa rivale.
    On voit bien comment une patineuse très douée a eu sa carrière brisée à cause de son mari qui a formenté avec un pote des méfaits contre la rivale.
    De toutes façons cette patineuse n'a jamais eu de chance, à part son grand talent, en raison de sa famille, de son mari mais aussi parce que même ceux qui notent les prestations ne l'aimaient pas du fait qu'elle était pauvre, mal habillée, pas classe.
    CH1218
    CH1218

    196 abonnés 2 879 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 2 mai 2020
    Vilain petit canard du monde guindé du patinage artistique, Tonya Harding fut pourtant adulée lorsqu’elle fut la première américaine à réussir un triple axel en compétition avant d’être la plus détestée au moment de l’affaire Nancy Kerrigan en 1994. On est pris d’une certaine compassion en découvrant sa vie sans glamour et son entourage toxique (mère alcoolique, mari stupide et brutal) dans ce très bon biopic réalisé par Craig Gillepsie qui réhabilite en quelque sorte la patineuse aux yeux des spectateurs, ceci bien que le film ne fasse pas dans l’analyse sociale mais se veut avant tout un divertissement à la fois drôle et trash. Margot Robbie est parfaite dans le rôle-titre, tout comme l’est également ses partenaires Allison Janney, Sébastien Stan et Paul Walter Hauser.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 1 mars 2018
    Un film d’une puissance...
    Je ne connaissais pas du tout Tonya Harding avant d’aller voir le film donc déjà c’est une super découverte. Ensuite, c’etait un plaisir pour les yeux de regarder ce magnifique sport qu’est le patinage artistique. Enfin, quelles émotions il suscite ! On va de rebondissements en rebondissements... C’est époustouflant ! Croyez-moi, on ressort complètement ahuri et marqué par ce film !
    Je le recommande vivement ! :)
    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

    3 327 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 8 avril 2018
    Je sais que c’est une phrase bateau que je vais vous sortir, mais pour le coup, je trouve que cette phrase est tellement bien illustrée par ce « I, Tonya » que je ne peux m’empêcher de vous la sortir. Cette phrase c’est la suivante : « au fond au cinéma, ce qui compte ce n’est pas ce qu’on nous raconte, mais c’est la manière avec laquelle ça nous est raconté. » Bah oui, parce que pour être franc avec vous : à la base, moi, l’affaire Tonya Harding contre Nancy Kerrigan je m’en foutais un peu royalement. Je me souviens que quand j’étais gosse je n’entendais parler que de ça : une banale rivalité au royaume des princesses en tutu sur glace. La belle affaire ! Seulement voilà, comme je vous le disais à l’instant : « au fond au cinéma ce qui compte, ce n’est pas ce qu’on nous raconte, mais c’est la manière avec laquelle ça nous est raconté. » Or, quand il s’agit d’aborder une « histoire vraie » comme celle-ci, tout l’enjeu repose sur quelques points seulement. Qu’est-ce qui m’intéresse en tant que réalisateur dans cette histoire ? Qu’est-ce que je veux mettre en lumière ? Comment je le mets en lumière ? Et moi, je trouve que sur ces points là, Craig Gillepsie s’est posé les bonnes questions et il a su y apporter les bonnes réponses. Au fond le plus intéressant dans cette histoire, ce n’est pas l’incident. Le plus intéressant, c’est Tonya Harding. Et si Tonya Harding est intéressante, ce n’est pas parce qu’elle est patineuse, ce n’est pas parce qu’elle est douée, ce n’est pas parce que c’est une icône qui a chuté de très haut et qu’on a vu se rouler dans la fange. Non, ce qui est intéressant chez Tonya Harding c’est qu’elle dit quelque-chose de l’Amérique. (Bah oui, encore une phrase bateau, mais on en n’est plus à une près maintenant. Non ?) Tonya c’est cette gosse qui, poussée par sa mère, croit qu’on a beau être une plouc, on peut se hisser et devenir une star pourvu qu’on soit bonne. Or, ce n’est pas comme ça que ça marche. Le jeu des déterminismes sociaux et des violences de classe sont des forces qui peuvent avoir raison même des meilleures, et ce film semble vouloir nous le démontrer de la manière la plus drôle et la plus cruelle qui soit. Dès le départ, le film nous pose cette pauvre gamine comme le jouet permanent des projections, fantasmes et pulsions de son entourage. Et la grande force de Craig Gillepsie c’est qu’il ne s’embarrasse pas des poncifs du genre. Son œuvre est incroyablement « cut ». L’intrigue ellipse ou insère très souvent. Le but est de faire le menu des embuches de la pauvre Tonya tout en se débarassant du superflu. Mère, père, coach, petit-ami, ami, institutions : tout y passe. Chaque relation n’est qu’abandon, dédain, projection ou violence. Mais là où avec n’importe quel autre sujet / personnage, ce côté accumulatif et sans concession aurait donné naissance à un véritable assommoir de pathos, avec cette Tonya à la fois battante et naïve, on se retrouve avec un personnage qui – parce qu’elle ne se rend pas vraiment compte de ce qu’elle subit – décide de foncer malgré tout en ne s’apitoyant sur rien, persuadé que ça finira par marcher. Du coup, l’acharnement autour du personnage étant désamorcé par l’incroyable résilience du personnage principal, les situations en deviennent risibles et absurdes. La dimension comique est de toute façon évidente dans ce film. Et là encore, les effets de rupture dans la réalisation sont au cœur du procédé. Le film ne cesse de présenter des situations classiques qui finissent toujours par être interrompues par des paroles et des gestes assez dingues – souvent inattendus – qui viennent renforcer sans cesse le côté « humour noir ». Et personnellement, je pense que ça reste au final la démarche la plus pertinente à adopter face à ce genre de sujet. Quand la situation exposée est rude, mieux vaut encore prendre du recul plutôt que de faire s’apitoyer les spectateurs. Mieux vaut regarder la petitesse et l’insignifiance des choses plutôt que de chercher à grandir les icônes qu’on s’est choisi pour héros ou pour anti-héros. En cela donc, ce « I, Tonya » est vraiment très efficace. Ce rythme soutenu, cette écriture très incisive et cette réalisation très inventive permettent en plus aux acteurs et actrices d’être dans les meilleurs dispositions pour dérouler leur rôle, ce qui les conduit très rapidement sortir un véritable récital d’interprétation. Pour le coup je ne cite personne tellement tout le monde se met au diapason de ses voisins. Et pour être honnête avec vous, sur la première moitié, toute cette symbiose était tellement efficace que je pensais que ce « I, Tonya » allait tout emporter sur son passage dans sa seconde moitié… Et pourtant non. Et c’est sûrement là ma petite déception le concernant. Quand arrive le moment de traiter l’incident Harding / Kerrigan, le film s’essouffle un peu. Le rythme baisse. La densité aussi. On s’attarde davantage sur l’événement. Pour le coup, j’ai l’impression que la pédagogie et la révélation l’ont emporté sur le reste et que, du coup, l’auteur y a perdu en liberté et en panache. Alors malgré tout cela reste très propre. Certaines scènes restent hallucinantes de stupidité drolatique comme c’est le cas de tout ce qui tourne autour de Shawn et de son équipe de bras cassés. En cela d’ailleurs, l’agression de Nancy Kerrigan est un petit bijou d’absurdité. En somme, ça reste donc efficace. A aucun moment le temps ne m’a paru long. Néanmoins, j’ai trouvé que ça devenait clairement plus classique. C’était un peu comme si Gillepsie considérait depuis le début que tout ce qui tournerait autour de l’incident serait fun et intéressant en soi, ce qui l’a amené à la jouer plus facile. Dommage. D’autant plus dommage que cette prédominance donnée par le film à l’incident Harding / Kerrigan explique sûrement le fait qu’on passe si peu de temps sur « l’après ». Or, moi je trouvais qu’il y avait autant à dire sur « l’après » – si ce n’est plus – que sur le « pendant » ou « l’avant » incident. L’air de rien, la descente aux enfers de cette fille est quand même juste hallucinante et si Craig Gillepsie avait davantage condensé le passage sur l’incident pour laisser une bonne place sur ce qui suit, je pense qu’on aurait eu un très beau « rise and fall » scorsesien très dense et sacrément riche dans ce qu’il traite. Alors après, peut-être que l’intention était de rester sur une note comique et absurde. Peut-être y avait-il aussi volonté de préserver l’image d’une Tonya Harding sympathique et battante. Ceci explique peut-être aussi pourquoi ont été évitées les questions de sa sex-tape et sa participation à des tournois de catch ou au tournage d’un film de série Z. Dommage donc, parce que je pense qu’il y avait moyen de faire quelque-chose avec ça. Mais bon, malgré tout cela n’empêche pas ce film d’être globalement efficace et fort sympathique. Une vraie bouffée de fraicheur dans les biopics du moment… Bon après, ce n’est que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)
    Chris58640
    Chris58640

    208 abonnés 756 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 février 2018
    Je l’attendais de pied ferme, ce film sur Tonya Harding. Parce que j’aime beaucoup le patinage, surtout celui de cette époque (celui d’aujourd’hui est devenu si formaté !) et que, de cette histoire abracadabrante d’agression, j’ai toujours pensé qu’il y avait beaucoup à dire et de façon beaucoup moins manichéenne qu’on l’a fait à l’époque. Et bien je ne suis pas déçue par un film trépidant comme un programme court, créatif dans sa forme comme un programme libre et qui montre Tonya Harding et au-delà d’elle, le monde sans pitié du patinage, sous un jour cru et sans concession. Dans la forme, Craig Gillespie livre un film de deux heures pied au plancher. Grâce à un montage ultra serré, à un habillage proche de celui de la trash-TV (qui colle parfaitement au sujet) et grâce aussi à un bande son punchy (ZZ Top, Supertamp…), « Moi Tonya » nous embarque dés les premières minutes dans la vie de cette gamine surdouée et il ne nous délivre qu’au bout du générique de fin. Ce générique de fin, qui propose quasi en intégralité le programme de Harding, le fameux programme où elle passe le triple axel (pour la première fois au monde chez les filles), est l’ultime bonne idée de ce film qui n’en manque pas par ailleurs. Un humour omniprésent vient colorer et équilibrer l’histoire de cette fille, l’histoire pathétique d’une gamine affublée d’une mère comme on n’en souhaite pas à sa pire ennemie, marié à un pauvre type qui la bat à tout bout de champs, et passionnée par un sport à qui elle sacrifiera tout et qui ne lui rendra presque rien. Heureusement que le parti pris de Gillespie est de filmer cette histoire avec un second degré total car au premier degré, quelle tristesse que l’histoire de cette pauvre fille. Dans la forme, à part quelques petites choses un peu étranges (une athlète de haut niveau qui fume comme un pompier et qui s’entraine en justaucorps 6h par jour dans les patinoires frigorifiée), le film fonctionne à plein. Il faut le prendre plus comme une fable sous acide que comme un biopic, même s’il en a un peu l’allure. Les reconstitutions du patinage à Albertville ou à Lillehammer m’ont l’air très soignée et pour une fois, le patinage est plutôt bien rendu à l’écran. Filmer le sport pour le cinéma est un sacré challenge, autant le patinage est télégénique, autant il est peu propice au grand écran. Ici, les prestations de Harding sont bien filmées, là encore de façon dynamique et crédible, ce qui n’était pas gagné sur le papier. J’imagine que ce n’est pas Margot Robbie qui patine mais une doublure, et pourtant c’est suffisamment bien fait pour qu’on se laisse abuser. Margot Robbie, parlons en, livre une vraie performance en incarnant une Tonya Harding complexe, attachante et exaspérante, qui fait des mauvais choix et laisse son caractère la desservir. Au bout de deux heures, je parie que plus personne ne peut considérer Harding comme la méchante machiavélique décrite à l’époque, mais davantage comme une pauvre fille qui s’est bien mal battue avec le peu d’armes que la vie lui a donné au départ. A ses côtés, Sébastian Stan est épatant mais surtout Allison Janney impressionne. Cela fait 20 ans, depuis « The West Wing », que je sais que Janney est une immense actrice et qu’elle n’a jamais eu un rôle à sa mesure. Ici, elle donne corps à une mère abominable, qui n’aura jamais un mot tendre, un geste affectueux pour sa fille, une femme tellement dure et sèche qu’elle en devient parfois presque… drôle ! La performance d’Allison Janney vaut un oscar, et je pèse mes mots ! Le scénario de « Moi, Tonya » va bien au-delà de décrire et expliquer « L’incident » par la personnalité de Harding. Le scénario est pertinent car il jette une lumière très crue sur un sport particulièrement injuste et surtout totalement accepté comme tel (surtout à l’époque, cela a un peu changé aujourd’hui). Harding vient d’un milieu très populaire, elle n’a pas d’argent pour patiner (aux USA, les parents payent pour tout, jusqu’aux tenues, ce sport est réservé aux riches), elle est athlétique, un peu trapue, elle fait l’erreur de considérer le patinage uniquement comme un sport alors que c’est aussi autre chose. Elle n’avait aucune chance, le monde du patinage n’était pas fait pour elle comme il n’était pas fait, à la même époque, pour une Surya Bonaly. C’est tragique de voir cette gamine surdouée adorer un sport d’un amour à sens unique. Le film prend le parti de montrer une Harding moins coupable qu’on ne l’a dit à l’époque, mais pas totalement innocente non plus. spoiler: Au sortir de la salle, on ne connait toujours pas avec certitude son degré d’implication dans l’affaire, le film est volontairement ambigu et c’est très bien comme cela
    . En revanche, le film est sans pitié pour Jeff Gilloly, son ex-mari et Shawn Eckart, les commanditaires de l’agression, des pauvres types pas très futés, des mecs plus pathétiques que dangereux. « Moi, Tonya » est filmé comme un reportage de TV-réalité et montre des personnages finalement peu éloignés de ce monde là, un monde où la bêtise rivalise avec la vulgarité. C’est de ce monde là que vient Tonya Harding, celui des « red-necks » et des pick-up, et c’est dans ce monde là que le patinage et la presse à voulu la cantonner. Même si on n’est pas fan de patinage, même si on ne sait pas ce que représente la performance de passer un triple axel en 1994 pour une fille, je vous l’assure, on peut prendre un vrai plaisir de spectateur devant « Moi, Tonya ».
    Requiemovies
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    205 abonnés 1 153 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 22 février 2018
    Biopic retravaillé en mode humour noir ; flirtant avec l’ambiance que ce qu’un Fargo pouvait être à son époque, Moi, Tonya se veut autant surprenant que captivant. Gillespie, sans le talent des Coen cependant, réussit tout de même un tour de force sur un film qu’on n’avait pas vu venir et dont la conjugaison d’un cynisme bien équilibré et d’une tragédie qui flirt avec le ridicule, accouche d’un film construit pour et par des interprétations savoureuses. Moi, Tonya  apparaît autant comme une critique d’une Amérique white trash qu’un récit « tiré d’une histoire vraie » donnant à Margot Robbie l’occasion de mettre en jeu sa meilleure performance à ce jour, bien accompagnée d’Allison Janney, qu’on retrouvera certainement aux Oscar cette année. Moi, Tonya, avec ses airs de faux biopic et de vraie satire, s’avère finalement une jolie petite surprise aux résonnances proches de l’univers des frères Coen, avec tout de même moins d’implication dans sa mise en scène. requiemovies.over-blog.com
    Roub E.
    Roub E.

    947 abonnés 4 988 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 30 avril 2019
    Moi Tonya c’est un peu une démonstration du mensonge de l’American Dream. Tonya Harding vient en effet d’un environnement modeste va tout donner pour devenir la meilleure patineuse artistique au monde et ne va arriver nul part. Non par manque de talent, mais tout simplement parce que son rêve était impossible et que le monde qu’elle veut conquérir la rejette car finalement elle ne fait pas rêver. Le public ne veut finalement pas voir sa classe laborieuse, sa rudesse, son franc parler, cette dernière finit par se replier sur elle même et sombre dans la bêtise. Voilà ce que raconte principalement ce film par le prisme de ce Biopic. C’est aussi une incroyable relation conflictuelle mère fille, extrêmement violente. Margot Robbie et surtout Allison Janney excellent dans ces deux rôles. Un film enragé a l’image du personnage qu’il raconte, exubérant (un peu trop par moment), souvent drôle mais aussi triste car fataliste et lucide.
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