Une vie ailleurs est né de plusieurs envies qu'avait Olivier Peyon. Celle de tourner en Argentine, un pays qu'il connaît bien, mais aussi de raconter l'histoire vraie d’un ami enlevé par son père et qui avait été "contre-enlevé" quelques années plus tard par le meilleur ami (et futur mari) de sa mère. Pour le metteur en scène, son histoire faisait écho à des films comme Paris, Texas, Un Monde parfait ou Les Enfants volés. Il explique :
"Je me suis donc attelé à ce projet, mais, comme souvent au cinéma, il a énormément changé. J‘ai finalement tourné en Uruguay, pays voisin de l’Argentine, et le sujet, plutôt axé sur le désir de paternité, a considérablement évolué avec l’invention des personnages de la tante et de la grand-mère uruguayennes pour finalement donner le beau rôle aux femmes."
Le personnage d’Isabelle Carré n’existait quasiment pas dans la première version du scénario, Olivier Peyon voulant se centrer sur un personnage masculin. Mais peu à peu, les personnages féminins se sont imposés, le réalisateur ayant cherché à faire en sorte que la maternité soit le sujet central de son film. "C’est quoi être mère ? La meilleure mère est-elle celle qui donne la vie ou celle qui sait s’occuper de l’enfant ? Ce fameux instinct maternel existe-t-il ?", interroge-t-il.
A l'origine, Olivier Peyon souhaitait tourner en Argentine mais il a finalement posé ses caméras en Uruguay. Le cinéaste a commencé par faire beaucoup de repérages dans ce pays jusqu'au moment où il a rencontré Fernando Epstein, le producteur de Whisky, le premier gros succès international du cinéma uruguayen. Il se souvient :
"J’ai absolument voulu travailler avec lui comme coproducteur (le producteur français étant Bertrand Faivre) car sa manière de faire était totalement en adéquation avec la nôtre : des films sans forcément beaucoup de moyens, mais où on sentait une énergie et une nécessité vitale. On parlait la même langue. J’ai commencé des repérages en Uruguay (qui est culturellement et géographiquement très proche de l’Argentine, un peu comme la Belgique et la France) et j’ai trouvé cette petite ville incroyablement cinématographique : Florida."
Olivier Peyon a tout de suite pensé à Isabelle Carré pour le rôle de Sylvie mais c'est plus précisément la prestation de l'actrice dans Le Refuge de François Ozon qui a convaincu le metteur en scène. Dans Une vie ailleurs, Carré a un rôle à contre-emplois puisqu'elle est, au début du film, un peu antipathique, sèche et insaisissable.
C'est Isabelle Carrée qui a suggéré à Olivier Peyon de caster Ramzy. Les deux comédiens avaient par le passé tourné ensemble dans Des Vents contraires de Jalil Lespert. Le réalisateur explique au sujet de son personnage : "Son plus gros travail a été d’accepter de s’ennuyer. Il n‘y avait rien à faire dans cette petite ville de Florida, lui qui vit toujours à 100 à l’heure, entouré d’amis ou de sa famille. Je lui disais "C’est ça ton travail sur le rôle : apprends à t’ennuyer, baisse la cadence, profite.""
Lors du casting, Olivier Peyon n'avait pas retenu Dylan Cortes, le petit garçon qui interprète Felipe, qu'il trouvait presque trop parfait et qui ne parlait pas un mot de français. C'est le producteur Bertrand Faivre qui a conseillé au cinéaste d'inclure l'enfant dans casting final et c'est à ce moment qu'il a été choisi. Pour l'occasion, Cortez, qui était déjà comédien, a appris le français.
La voiture que l'on voit dans le film et qui est un personnage à part entière appartient à un apiculteur de la ville de Florida et sert à transporter des ruches. "Elle n’a vraiment plus de porte, j’ai joué avec ça dans le scénario. Je me nourris toujours du réel, je fais avec ce que l’on me propose. En l’occurrence, c’était un peu dangereux parce que c’était vraiment une vieille voiture, nous courions le risque qu’elle tombe en panne et que tout le tournage s’arrête. Ça n’est arrivé qu’une fois", confie Olivier Peyon.
Olivier Peyon avait écrit le rôle de Maria pour Erica Rivas qu'il connaît depuis une dizaine d’années. Mais après le succès international des Nouveaux Sauvages dans lequel elle jouait la mariée dans le sketch final, la comédienne n'était plus disponible et c'est pour cette raison qu'il a fait appel à Maria Dupláa. Le réalisateur se rappelle :
"Comme Dylan, je n’ai pas tout de suite retenu Maria qui me paraissait trop jeune (elle a quinze ans de moins qu’Erica) et surtout elle ne parlait pas français… Je suis allé faire des essais à Buenos Aires car elle est Argentine. Je l’ai choisie aussitôt, j’ai réécrit le rôle, je l’ai rajeunie et lui ai inventé un père argentin pour légitimer son accent un peu différent de l’accent uruguayen. Et, comme Dylan, elle a appris le français."