Que dire du film « Sound of Metal » ? Qu’est-ce qu’il est profondément sublime et touchant ! Whaou ! Oh, j’ai adoré !! Dans ce film, Ruben est un jeune batteur de heavy metal, il enchaine avec sa petite amie Lou, des concerts aux Etats Unis. Il dégage beaucoup d’énergie pour jouer à fond dans la batterie. Un soir, il est gêné par des accouphènes, et un médecin lui annonce qu’il sera bientôt sourd. La scène où Ruben se rend compte qu’il n’entendra plus des sons, des bruits, de la musique, est déchirante ! Riz Ahmed qui joue le rôle de Ruben, est stupéfiant dans ses jeux d’acteur. Son regard est tellement intense … expressif qu’on ressent bien ses angoisses, ses désespoirs. Ce qui est etonnant, c’est qu’il suffit de voir les mouvements de ses yeux et les mimiques de son visage pour comprendre ce qu’il pense ou ce qu’il ressent ! Il est incroyable, cet acteur très observateur, perdu et étouffé dans un monde du silence. Ses gestes sont tellement intuitifs et spontanément bruts face à la perte des repères auditifs ! Whaou ! Il finit par se dire qu’il devra aller dans un foyer de désintoxication spécialisé pour les personnes sourdes, il commence alors son chemin pour apprendre à accepter la perte de l’audition et la nouvelle vie …
« Sound of Metal » est un très beau film sur l’acceptation du handicap auditif, le rapport de la société limitative face à un handicap (« tu ne peux pas jouer de la musique car tu n’entends pas ! Tu ne peux pas ! »), la découverte de la communauté sourde, très soudée, la construction de l’identité d’une personne devenue sourde face aux personnes signantes, la perception des sourds sur l’implant cochléaire (ils refusent l’idée de réparation pour entendre), les désillusions face à l’apport de l’implant cochléaire (bruits, voix déformée). Ce qui est intéressant dans le film « Sound of Metal », c’est que le réalisateur Darius Marder a su montrer et dire avec beaucoup de subtilité que la communauté et la culture sourdes, la langue des signes française méritent d’être respectées et reconnues pour dire qu’on ne vienne pas interpeller leur chemin pour les réparer …
Ce beau film» « Sound of Metal » est aussi une sensibilisation sur le vécu et la culture des personnes sourdes et leurs perceptions visuelles ... En effet, j’ai énormément apprécié le choix du réalisateur d’enlever les bruits ou les sons pour obliger les spectateurs entendants à imaginer le ressenti du batteur qui perd à ce moment là, l’audition, qui n’entend plus sa voix, qui ne comprend plus sa petite amie ! Bravo pour les sous-titres qui nous informent s’il y a du bruit ou pas, si les voix sont nettes ou déformées ! On apprendra que le film « Sound of Metal » est inspiré par la grand-mère du réalisateur Daruis Marder, qui a perdu l’audition après avoir pris antibiotiques et qui s’est d’ailleurs battue par la suite pour que les films soient sous titrés pour les sourds et malentendants. C’est pourquoi Darius Marder a souhaité favorisé l’accessibilité du film à TOUS les publics. Les dialogues sont donc sous-titrés et accompagnés des descriptions sonores.
Et puis, « Ah enfin ! » Sachant que le film que j’ai vu est en VOST ET NON VFST, on a pu lire les sous-titres même si les personnages parlent en français ! Ah il est temps ( car dans tous les films en VOST, les sous-titres disparaissent quand il y a des dialogues en français ! Ça m’énerve, ca frustre à chaque fois ! ...
Il y a de belles scènes touchantes qui montrent le déclic d’un jeune homme batteur grâce à l’enfant sourd qui tape sur le toboggan. Pour moi, c’est la plus belle image du film. La complicité de Ruben avec les enfants sourds est vibrante d’émotions ! évolution ... Enfin, le réalisateur a fait de très bons choix du scénario, il a su rester neutre, c’est-à-dire, ne pas tomber dans le militantisme extrême des sourds, ni dans le pathos pour amplifier l’image d’un jeune homme devenu sourd comme un malheureux, un désespéré ! Les émotions sont parfaitement dosés, bien palpables ...
La dernière partie du film où on voit la déception d’un batteur face aux bruits, aux voix déformées, où il se rend compte qu’il n’entendra plus jamais comme avant, est éprouvante. Une désillusion totale pour Ruben qui espérait retrouver l’audition, et non celle manipulée et amplifiée par un bout de machine. Justement, la collègue de mon travail, qui est-elle même audioprothésiste, déplore l’attitude de beaucoup de médecins ORL qui considèrent les implants cochléaires comme une solution miracle pour entendre ! « Les personnes sourdes deviennent entendantes, comme tout le monde », ce qui est faux ! On a toujours dit : « même implanté, il restera toujours sourd ». C’est intéressant, ce film assez percutant !
Moi qui n’aime pas trop la fin brutale, la fin du film est intéressante, elle est neutre ... On ne sait pas si ce jeune batteur continuera ou pas à utiliser de ses implants cochléaires ! C’est parfait comme fin tant le choix de se mettre un implant cochléaire est personnel ! Chacun a le droit de vouloir entendre ou pas, de retrouver l’audition ou pas ! Comparé au film « The Rider », ce film est beaucoup plus délicat ... Bravo pour la neutralité par rapport à l’implantation ! J’ai adoré... je compte bien évidemment le revoir !