La machine hollywoodienne aux grandes idées pour faire exploser le tiroir-caisse sans trop se fouler a encore frappé avec "Hurricane", la combinaison magique entre film d'action en mode braquage et film catastrophe où un ouragan dément fait s'envoler la moitié d'un État américain dans les abysses des fonds verts. Et quoi de mieux que de faire appel à Rob Cohen, l'initiateur de la saga "Fast & Furious", pour emballer cette promesse de combo ultime "Twister"/"Pluie d'enfer" venue tout droit des années 90 ?
Enfin... Sauf qu'à part mettre un joli "Par le réalisateur de F&F" sur l'affiche, tout le monde semble avoir oublié une donnée importante : l'ami Rob est au fond du trou depuis au moins dix bonnes années. Entre un pitoyable "Alex Cross" et un encore plus pitoyable "Un Voisin trop parfait" (une des grandes rigolades de 2015), le cinéaste semble prendre un plaisir masochiste à enchaîner les galères improbables depuis un bien trop long moment.
C'est donc avec une certaine appréhension de film catastrophe au sens premier du terme que l'on s'apprête à visionner "Hurricane". Mais, petit miracle, si le film va faire le job sans grandes étincelles, il va tout de même nous prouver que l'encéphalogramme de Rob Cohen est encore capable de quelques sursauts.
Traumatisé par la mort de son père lors d'un terrible ouragan, Will est devenu un météorologue spécialiste de ces phénomènes naturels (logique, non ?). Alors qu'une monumentale bourrasque sous-estimée par tout le monde s'apprête à frapper sa ville natale, il part y retrouver son frère. Au même moment, des braqueurs profitent de l'ouragan pour s'introduire dans un établissement fédéral rempli à ras bord de billets prêts à être déchiquetés...
Bizarrement, "Hurricane" ne va jamais prendre réellement de près ou de loin l'allure de gros plaisir coupable alors qu'il en avait tous les arguments sur le papier. La faute en revient principalement au fait que le film ne parvient pas à exploiter tout le potentiel de son improbable croisée des genres. L'ouragan reste en fait presque en permanence une toile de fond à l'histoire très banale de casse en train de se jouer.
Horriblement prévisible par ses situations classiques de film de braquage avec son lot de traîtres et de mini-rebondissements, par ses personnages pas très futés
(tout tombe en panne alors qu'un ouragan se prépare et que plein de personnes extérieures arrivent au même moment, aucun gardien ne voit rien venir à part la jolie blonde casse-cou interprétée par Maggie Grace, évidemment)
, par ses incohérences un peu bizarres
(on nous montre des tas de voitures s'envoler dans tous les sens, pourtant les malfaiteurs se déplacent tranquillement en un temps record au centre commercial, à la jardinerie,... pour retrouver les deux héros)
et par d'inévitables séquences/temps-morts où les deux personnage principaux se dragouillent en déballant leurs états d'âme simplistes (le tout en faisant des pauses-pipi ou en mangeant des sandwichs à la confiture, passionnant comme pas permis qu'on vous dit !), "Hurricane" déroule son récit pas innovant pour un sou devant la caméra mise sur vibreur de Rob Cohen pour bien nous souligner qu'il y a une tension constante et palpable dans toute cette affaire. L'état de somnolence/ennui déclenché par celle-ci nous laissera toutefois penser tout le contraire même si le film réussit néanmoins à nous sortir de notre torpeur à l'occasion de quelques jolies séquences.
C'est en effet justement lorsqu'il fait entrer en collision les deux éléments en son coeur (ce qui aurait dû être sa ligne de conduite permanente), l'ouragan et le braquage, que "Hurricane" décolle vraiment en réveillant par la même occasion son réalisateur prêt à prouver qu'il en a gardé sous la pédale. De l'affrontement à coups de projectiles inattendus, en passant par une scène "d'aspiration", à la course-poursuite finale très Fury Roadienne, le film n'est jamais meilleur que quand il se décide enfin à faire de l'ouragan un véritable acteur à son récit et qu'il nous laisse entrevoir qu'il avait peut-être bien plus de cartes à abattre au lieu de se reposer sur les ressorts faciles de son intrigue la majeure partie de sa durée .
Au final, "Hurricane" est peut-être le moins mauvais film que nous ait pondu Rob Cohen depuis pas mal d'années mais, si l'on excepte les bons passages évoqués, il est dommage que le long-métrage passe à côté de son mélange total des genres tant attendu, les bonnes intentions de départ étaient, elles, pourtant bel et bien présentes...