"Razzia" - Rafle:
1. nf. Action de tout emporter, de rafler, ce qui en résulte.
2. nf. Arrestation en masse faite à l'improviste par la police.
Une rafle culturelle, une rafle vicieuse, cachée, une rafle à 24 images secondes qu’on se prend en pleine gueule. Nabil Ayouch est sorti de l’ombre avec son précédent film choc "Much Loved", qui dépeignait la prostitution à Marrakech, il est maintenant passé au niveau supérieur. "Razzia" est un film qui critique et soulève un grand nombre de tabous de la société islamo-marocaine, sans retenue, sans manipulation. Ce film expose avec un point de vue clair, une situation qui les beaucoup moins. De cette situation, Ayouch développe un panel de tabous, certains directs, d’autres engrangés par certains déjà traités, qui ronge les personnages, qui eux-même sont dirigés à la perfection pour représenter ni plus ni moins que la société.
Éducation, avortement, place de la femme dans le mariage, éducation sexuelle, homosexualité, respect de la religion musulmane, violence, sexe et amour; tous traités sans manichéisme, représentés par des personnages profonds et extrêmement bien interprétés, par un scénario choral béton et une réalisation sans failles. Les choix du réalisateur s’emboîtent parfaitement dans des cases où il est si simple de défaillir. Aucune faille, aucune erreur, aucune longueur. La photographie, un point sur lequel Ayouch a fait bien plus que ne pas défaillir, il a brillé. Des images à couper le souffle, au sens propre. Un travail de la lumière largement digne de film comme "La liste de Schindler", "In the Mood for Love" ou encore "Drive". Encore un point qui explose tout, le son. Un mixage d’une finesse incroyable pour ce type de film, mais tous simplement magnifique en général.
Je pourrais continuer à énumérer plan par plan les émotions très fortes ressenties, les dialogues frappant et beau…Mais je dirais simplement que "Razzia" est sûrement l’accomplissement d’une carrière, et j’espère de tout coeur que ce ne sera pas le cas, que Nabil Ayouch seras devenir un réalisateur iconique et impossible à ne pas enseigner, autant pour l’estime que j’ai maintenant de lui que pour l’argent que vaudra ma photo avec lui. À découvrir en salles le 18 mars 2018.