Le dernier long métrage de fiction de Cédric Klapisch était sorti sur nos écrans à la fin de l’année 2013. Il s’agissait de Casse-tête chinois, le dernier volet de la trilogie commencée en 2002 avec "L’auberge espagnole", continuée en 2004 avec "Les poupées russes" et tournant autour du personnage de Xavier, interprété par Romain Duris. "Ce qui nous lie" faisait partie des projets de Klapisch depuis 2010, mais trouvant que beaucoup de temps s’était déjà écoulé depuis "Les poupées russes", il a préféré tourner "Casse-tête chinois" avant de s’attaquer à ce film sur le monde du vin.
On peut voir 3 registres dans "Ce qui nous lie", dont un qui est totalement documentaire, un autre qui n’en est pas très loin et un dernier vraiment fictionnel. Le premier est consacré à la vie d’une exploitation vitivinicole bourguignonne, sur une période de 12 mois. Il commence par des vendanges et se termine un an après, sur de nouvelles vendanges. Il a nécessité un tournage très particulier : quatre sessions de 3 à 4 semaines chacune, chacune de ces sessions étant liées à une saison et montrant ce qu’est, dans une exploitation vitivinicole, l’activité qui s’y déroule. Ce volet est parfaitement documenté et même, osons le dire, trop bien documenté : on a en effet parfois la sensation que Klapisch a voulu trop bien faire et qu’il est tombé dans le défaut du film un peu trop scolaire. Le deuxième registre, proche du documentaire et plutôt bien traité, c’est celui consacré aux problèmes que pose l’héritage entre 3 enfants dans une entreprise familiale comme l’est une exploitation vitivinicole. Quant au troisième registre, celui-là purement fictionnel, il s’intéresse à l’évolution personnelle de 2 frères et d’une sœur que les événements amènent à intégrer de plain pied le monde des adultes, chacun avec ses propres problèmes, ainsi qu’à l’évolution des rapports qu’ils entretiennent entre eux. Il y a Jean qui passe son temps à hésiter quant à son avenir, Juliette qui s’affirme de plus en plus et Jérémie qui aimerait bien qu’on le prenne, enfin, au sérieux. Le challenge de Klapisch, c’était de faire en sorte que l’articulation entre ces 3 registres se fasse de façon harmonieuse : reconnaissons que, si l’effort pour y arriver est indéniable, le résultat n’est pas toujours pleinement satisfaisant.
A la vision de "Ce qui nous lie", on se félicite donc de la prestation des interprètes du film et on devrait se féliciter d’avoir trois films pour le prix d’un. Malheureusement, l’articulation entre les trois registres n’est pas toujours heureuse et on ressort de la projection avec l’impression mi-figue, mi-…raisin d’un film qu’on aurait souhaité aimer davantage.