Après Rengaine, son premier long métrage sorti en 2012 qu'il a conçu en neuf ans, l'ancien boxeur Rachid Djaïdani réalise Tour de France, un film au budget plus important porté par une grande star en la personne de Gérard Depardieu. Pour le cinéaste, les choses ont été différentes sur ce métrage dans la mesure où il a été épaulé par une productrice. Il se souvient : "Je me rappelle la première fois où j’ai raconté cette histoire à Anne-Dominique Toussaint, à Cannes, en 2012. Jusqu’au dernier jour de montage, elle n’a jamais cessé de me rappeler l’énergie dans laquelle j’étais ce jour-là."
Avant de choisir Sadek, Rachid Djaïdani a vu plusieurs rappeurs et a visionné beaucoup de vidéos. C'est finalement le compositeur Clément Dumoulin aka « Animalsons » qui a proposé au metteur en scène de rencontrer le jeune rappeur. "Ce qui est touchant, c’est sa douceur, sa timidité, son corps, son regard. Son intelligence de l’écoute aussi. Sa curiosité forcément, parce qu’il ne vient pas en terrain conquis. Il a pris le risque. On était ensemble dans un pacte fraternel de ne pas se trahir, de ne pas se tromper et de sublimer une oeuvre", confie Djaïdani.
Le réalisateur Rachid Djaïdani et Gérard Depardieu se sont déjà rencontrés... en 1996 ! En effet, les deux artistes ont collaboré dans le film de Gérard Lauzier, Le Plus beau métier du monde, dans lequel le cinéaste tenait un petit rôle aux côtés de notre Gégé national.
Joseph Vernet (1714 - 1789) est un personnage important dans le film. C'est Julien Bonin, le voisin de Rachid Djaïdani passionné de peinture, qui lui a parlé du célèbre peintre du XVIIIème siècle chargé par Louis XV de peindre les ports de France. Le metteur en scène s'est alors intéressé à la peinture et a ainsi réalisé Encré, un documentaire de 73 minutes sur l’artiste Yassine Mekhnache qui a beaucoup nourri Tour de France.
Via son film, Rachid Djaïdani a cherché à montrer que le racisme du personnage tenu par Gérard Depardieu doit être mis en parallèle avec ses blessures personnelles. Lorsqu'il était maçon dans ses jeunes années, le réalisateur a travaillé avec des gens comme Serge : "Ils étaient tellement brisés par la vie que jamais je ne les ai jugés. Serge (Gérard Depardieu) est l’un d’eux, pas un mauvais mais juste perdu", se rappelle-t-il.
Gérard Depardieu joue un homme aigri et raciste se retrouvant seul face à sa vie qui est un échec. Le célèbre acteur explique : "Son but était de faire ce voyage avec son fils parce qu’il avait appris quelques notions de peinture en prison ! Il est aussi fasciné par les ports et il cherche « le point de vue du peintre ». Il veut voir si ça a changé. Il se retrouve avec un inconnu certes, mais petit à petit, il va se rendre compte que ce gars est bien. Il va se rendre compte que son histoire d’amour est finie, que son fils a grandi et que la vie vaut le coup d’être vécue ! C’est un grand film sur la tolérance."