L’affiche est jolie. Suffisamment jolie pour attirer l’attention du public dont la plus grande partie ne restera pas insensible au beau profil de ce Berger Allemand aux oreilles parfaitement dressées. Et si je vous disais que ce film s’appuie sur une histoire vraie ? Ah je sens que votre intérêt est un peu plus piqué au vif. Oui eh bien j’ignore si ce film va être exploité un jour en France. Parce qu’à ma connaissance, "Megan Leavey" ne semble pas destiné à une exploitation internationale, malgré une recette de 13 millions de dollars obtenue en 3 semaines alors que les producteurs en espéraient 3. Un doublage en langue francophone a cependant été consenti. Alors qu’en est-il ? Eh bien le fait est que c’est un film intéressant, ce qui a été confirmé par le public américain, assez friand de ces portraits dressés sur ses héros. Et puis quoiqu’on en dise, les films mettant en scène les animaux parviennent souvent à toucher les cœurs. "Megan Leavey" porte sur la destinée d’une jeune fille qui a intégré le Corps des Marines alors que rien ne la promettait à ce type de carrière. Et si j’avais un reproche à faire, c’est la relative superficialité avec laquelle a été traité le sujet. C’est assez étonnant d’ailleurs, étant donné que ce film couvre 1h56 de notre temps. La psychologie du rôle-titre est pourtant assez bien décrite, mais pas suffisamment pour empêcher le fait que ce soit le chien répondant au nom on ne peut plus classique de Rex qui vole la vedette au personnage principal. Il faut dire que ce chien est magnifique. Il est qui plus est doué d’une grande intelligence : il n’y a qu’à voir les regards qu’il a, et en prime sait repérer les gens néfastes au premier coup d’œil ! En somme, il est presque humanisé par le lien privilégié qu’il entretient avec la personne qui lui a été désigné, bien qu’au final nous avons-là la confirmation que c’est le chien qui choisit son maître et non l’inverse. C’est la condition sine qua none pour une relation parfaite voire fusionnelle avec son compagnon à quatre pattes. Mais l’essentiel est là, et le spectateur ne peut que prendre part au combat que devra livrer Megan au lendemain de ses missions. Parce que l’essentiel est là, comme je viens de le dire. Malgré tout, l’impression que tout a été survolé reste bien présente à l’esprit. Son enrôlement, son entraînement, la romance qu’on voit venir gros comme une maison, l’apprivoisement, la fusion entre Megan et Rex, le long combat que la jeune femme doit livrer… je ne sais pas, mais ça manque de profondeur, d’argumentation, de ce quelque chose qui doit transporter de façon irréversible l’âme et le cœur du spectateur. De même que l’humour, notamment sur la séquence du pipi. C’est tout juste si cette anecdote, véritable déclencheur de cette belle histoire, n’est pas banalisée alors que cette situation vaut son pesant de cacahuètes. Oui voilà, j’ai trouvé le mot : le sujet a été traité avec banalité, somme toute relative. Disons qu’elle n’est pas affligeante. Ça doit être dû d’une part à l’écriture du scénario, pour le coup incomplet, mais aussi à l’inexpérience de Gabriela Cowperthwaite, qui signe là son premier long métrage, sans oublier un budget soupçonné d’être très serré. En y réfléchissant, c’est comme si la cinéaste s’employait à garder du recul, à ne pas franchir le fossé qui la sépare d’un monde qui n’est pas le sien. Paradoxalement, les scènes de guerre sont assez bien rendues, en particulier lors de l’explosion d’une mine. Mais on notera aussi quelques maladresses, comme ce malheureux ralenti alors que les soldats dévalent à la hâte un escalier, là il aurait mieux valu garder la vitesse réelle. En dépit des nombreux défauts, les aventures de Megan Leavey se suivent avec suffisamment d’intérêt pour avaler sans mal les 116 minutes. Car l’histoire est suffisamment riche en à-côtés pour diversifier le récit : entre une mère (Edie Falco) détestable parce qu’elle ne pense qu’à son intérêt, un beau-père transparent incarné avec justesse par l’expérimenté Will Patton, un amoureux en la personne de Morales (Ramon Rodriguez), un Andrew Dean étrangement anecdotique (Tom Felton), un sympathique sergent Massey (Common, surprenant si on tient compte de son faciès de voyou), un papa aimant tel que nous aimerions tous en avoir un (Bradley Whitford) et une vétérinaire horripilante à souhait par ses airs de vieille mégère (Geraldine James), il y avait de quoi faire quelque chose d'assez intimiste et de topissime. Malgré tous ces nombreux défauts, on n’arrive pas à détester ce film biographique. Au contraire, on l’aime bien tout en n’étant pas totalement satisfait.