Si La Saison des femmes est pure fiction, c'est tout de même un véritable village qui a inspiré Leena Yadav pour son film, après une visite en 2012. La réalisatrice raconte : "Situé au nord-ouest de l’Inde, ce territoire reculé aux paysages impressionnants abrite deux millions d’habitants, répartis en petites communautés. La population est régie par d’anciennes « normes » patriarcales décrétées par le conseil du village, composé en grande partie d’hommes". Dans le film, le village imaginaire s'appelle Ujhaas et une langue a même été inventée, mélangeant l’hindi à un dialecte local, le kutchi.
Pour Leena Yadav, La Saison des femmes est très clairement destiné à défendre les droits des femmes et a été filmé comme une réaction aux différentes formes d'oppression dont elles sont victimes. La réalisatrice a ainsi voulu donner la parole à des femmes de fiction afin de mettre en lumière et défendre les femmes qu'elle a rencontrées. L'histoire d'une femme en particulier l'a touchée : celle de Rani, veuve à 15 ans et dont la vie a été consacrée uniquement à l'éducation de ses enfants.
Leena Yadav a connu des difficultés pour trouver des villages qui accepteraient de servir de décors à La Saison des femmes. "Lors de nos repérages pour les scènes en extérieur, nous avons visité une bonne trentaine de villages (...). On nous a interdit d’y tourner, car les villageois n’approuvaient pas qu’une femme (moi, en l’occurrence) dirige une équipe, porte des pantalons, ne se couvre pas la tête et parle ouvertement aux hommes", raconte la réalisatrice. "Contre toute attente, ce sont les hommes de la jeune génération, ceux qui sont aux commandes aujourd’hui, qui ont eu le plus de mal à accepter une femme émancipée comme chef d’équipe".
La sortie de La Saison des femmes est encore incertaine en Inde, le film devant être visionné et validé par un comté de censure.
Malgré une industrie florissante du cinéma en Inde, Leena Yadav n'a pas eu de financement pour l'aider à réaliser La Saison des femmes ; c'est son mari qui a joué les producteurs pour l'occasion.
Au discours social très progressiste, Leena Yadav a mêlé les traditions indiennes et bollywoodiennes de chant et de danse dans La Saison des femmes. "Je suis une cinéaste indienne et je n’aurais jamais pu faire un film sans ces éléments même si j’explore des réalités très violentes. Alors oui, arriver à cet équilibre, c’était simple et vital à la fois", confie-t-elle.