Voilà un film dont le sujet est très intéressant mais dont la réalisation l'empêche d'atteindre des sommets : un peu trop académique et, surtout, trop "mollasonne", ce qui étonne de la part du réalisateur de l'excellent "De l'autre côté du mur". Cela étant, les personnages de "Paula" sont tels que l'on peut faire fi de ces réserves. Il y a d'abord la peintre Paula Modersohn-Becker, née en 1876, remarquablement interprétée par l'actrice suisse Carla Juri et dont Marie Darrieussecq a écrit la biographie il y a 2 ans : "Etre ici est une splendeur". Une femme vive et drôle, qui, dans le milieu très macho de la peinture, s'efforce de trouver sa voie en s'écartant de l'académisme qu'on lui enseigne. Concernant son attirance pour Paris et la vie artistique de la capitale française, le film a pris quelque licence par rapport à la vérité historique. En effet, ce n'est pas un séjour qu'elle y fit, abandonnant son mari à l'occasion, ce sont 3 séjours que Paula effectua à Paris, 3 séjours beaucoup plus courts que ce que laisse voir le film : le premier au début de 1901, le deuxième en 1903, après son mariage avec Otto Modersohn, le troisième en 1905, . Un personnage intéressant que cet Otto Modersohn : peintre également, il arrive à se montrer moins macho que ses collègues de Worpswede, la figure la plus caricaturale en la matière étant (dans le film, peut-être pas dans la réalité) Fritz Mackensen. le professeur de Paula lors de ses débuts dans la peinture.
En permanence attiré par le destin des femmes de caractère et ayant envisagé dans sa jeunesse de faire de la peinture son métier, Christian Schwochow ne pouvait pas passer à côté de sa compatriote Paula Modershn-Becker, une femme qui vendit très peu de tableaux de son vivant mais qui, aujourd'hui, est la seule peintre à avoir, à Brême, un musée qui lui est entièrement consacré.