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Laurent C.
256 abonnés
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4,0
Publiée le 7 mai 2017
On pourrait d'emblée reprocher à ce type de long-métrage la longueur (près de deux heures), la tessiture classique et les dialogues très écrits. Or, "Emily Dickinson A Quiet Passion" est tout le contraire. Car, rappelons-le, c'est le pari risqué de retracer la vie austère et confinée d'une écrivaine, une poétesse exactement, dans une Amérique puritaine et en crise. Tout le film est accompagné de la prose peu connue de cette femme, tout autant conservatrice à la façon d'un André Gide, que mélancolique, féministe, désespérée, sévère, frustrée, ambiguë que résiliente. La mise en scène prend le temps de regarder cette femme vieillir auprès des siens, dans une maison bourgeoise, protégée des évènements du monde. La caméra visite tous les visages possibles de cette écrivaine qui se bat pour sa poésie, certes, mais aussi contre sa colère. Le format même du film retrace l'expérience du travail d'écriture, où il est question de labeur, de souffrance, de réinvention de l'art et d'un besoin infini de reconnaissance. Il faut saluer le travail du chef opérateur : la lumière, absolument sublime, permet de rendre apparents les méandres de l'âme humaine. La guerre de sécession qui déchire les Etats-Unis est montrée avec une absolue maîtrise, grâce à des photos, comme si elle se déroulait à même la demeure où vivent Emily et sa famille, à l'abri du monde. Finalement, ce "Emily Dickinson, A Quiet Passion" c'est une page de Proust que le spectateur a le plaisir de déployer dans l'intimité sombre d'un cinéma.
Je ne sais pas si ce cinéaste anglais vous dit quelque chose tant son œuvre discrète échappe à l’attention des médias qu’elle mériterait pourtant largement. Ce film-là n’échappe pas à la règle mais c’est, une fois encore, une merveille de profondeur et de délicatesse, un ovni, un cinéma étrange, original dans le ton comme dans le style, un peu suranné mais d’une puissance émotionnelle rare. La caméra sensible du réalisateur fait des miracles sans en avoir l’air, Ce biopic bien moins classique que son sujet pourrait le laisser craindre, est donc le portrait de la poétesse américaine Emily Dickinson, une femme ultra sensible au tempérament bien trempé qui lutta toute sa vie contre la bienséance, la bigoterie et l’hypocrisie. Résolument athée à une époque où la question ne se posait même pas, elle refusa obstinément qu’on lui dicte ses choix et qu’on la cantonne aux rôles qu’on réservait aux femmes bourgeoises du XIXe siècle : épouse et potiche. La poésie était son oxygène, sa raison de vivre, son moteur. Exigeante autant avec les autres qu’avec elle-même, elle ne supportait pas les compromissions ni la négligence, n’acceptait pas la corruption des âmes ni la médiocrité des sentiments humains. Mais cette intransigeance, aussi louable soit-elle, est rarement un gage de bonheur… Pour interpréter cet être hors-du-commun, il fallait une actrice de tempérament, à la fois solide et frémissante. Nul doute que si Dickinson avait été française c’est Huppert qui l’aurait incarnée. Mais c’est à Cynthia Nixon (vue dans « Sex and the city ») que Davies eut l’idée de proposer le rôle et elle y absolument phénoménale. Le film, au fil du récit, se concentre sur le visage de plus en plus fermé, de plus en plus douloureux de cette femme qui ne connut la gloire et la postérité qu’à titre posthume. Cette injustice rend l’épilogue plus bouleversant encore. Rythmé par les sublimes poèmes d’Emily lus en voix off, A QUIET PASSION n’a rien d’une histoire tranquille, c’est un cri déchirant qui m’a chavirée.
L'oxymore du titre résume bien le film. Une vie en apparence sans histoire et une âme tendue comme une corde qui menace à chaque instant de se rompre sous la tension poétique et psychique. L'ambiance fait penser aux "Trois soeurs" de Tchekhov et cette vie sacrifiée sur l'autel de la poésie à Kafka refusant de se marier pour ne pas trahir la Littérature. Les acteurs sont excellents, le souffle qui passe, délicieusement éloigné de l'air du temps.
Une oeuvre riche et fournie qui décidément ne peut s résumer en quelques lignes : la forme est quasi parfaite, intelligente et fine et le fond est à l'image du sujet , soit une poétesse immense , encore trop méconnue en France . Et qui résiste étonnamment à la traduction , en perdant beaucoup, mais pas l'essentiel , ce qui est rare en poésie .
poétesse méconnue femme forte au tempérament affirmé joué a la perfection dans un film réalisé avec un soin extreme, dans des décors luxueux . très difficile au 19 ème siècle d'affirmé ses choix religieux dans un monde d'hommes , Emily force les conventions et écrit des poèmes la nuit. ce film au rythme lent et truffé de bons mots est un régal, et écouter les comédiens avec une diction parfaite est un bonheur. du vrai grand cinéma classique .
Dès les premières scènes on est surpris par la modernité des propos, par l'éducation, libre et rigoureuse à la fois, reçue par les rejetons du patriarche (Mister E. Dickinson). On est immergé, petit à petit, dans l'atmosphère paisible de la Nouvelle Angleterre, dans un grand pays déchiré dans une guerre atroce. Mais on assiste, surtout, à la destinée réservée aux femmes de ces milieux : le mariage, être une bonne compagnie et une bonne épouse, suivre les prescriptions religieuses.
C'est au sein de cet espace asphyxiant que Terence Davis accompagne quelques femmes rétives à cette forme de vie. Emily Dickinson est celle qui reste le plus fidèle à la rébellion vis-à-vis de sa condition. Elle compose avec sa vie comme elle compose ses poèmes, dans la minutie et l'intensité.
Difficile pari de restituer l'esprit d'une personne dont l'oeuvre est essentiellement nourrie "de l'intérieur". Mais Terence Davis l'a fait. Les interprétations, les décors, et avant tout la musique et les dialogues se condensent pendant 2h, et Emily Disckinson retrouve sa "chambre à soi".
Raté à sa sortie en salle, je voulais pourtant voir ce nouveau film de Terence Davies. J’avais beaucoup aimé deux de ses précédents opus Chez les heureux du monde et The deep blue sea. Des somptueux portraits de femmes à chaque fois bouleversant. Son Emily Dickinson, a quiet passion est une nouvelle fois une réussite, tant sur le fond que sur la forme (la direction artistique est splendide). Aussi fort et passionnant que les deux précédents nommés. L'histoire est dure, le récit se déroule sur un rythme lent, les dialogues sont magnifiques. La mise en scène est tout sauf nerveuse mais elle est surtout d’une belle élégance et beaucoup moins académique qu’il n’y parait. Alors que je craignais le pire, je ne me suis pas ennuyé une seule minute, l’ensemble étant beaucoup moins austère qu’attendu. On retrouve en tête d’affiche l’étonnante Cynthia Nixon, complètement à contre emploi, elle que l’on a surtout vue dans des séries télé comme Sex and the city ou The big C. Elle est formidable ici et porte tout le film sur ses épaules. Au final, un très beau moment, pas facile d’accès et que je classerais donc dans ma catégorie « films qui se méritent ». Metteur en scène et actrice nous offrent là le magnifique portrait d’une femme libre et moderne très en avance sur son temps. Magnifique !
Un beau film sobre qui parle autant de son œuvre, sa richesse, que du personnage. Il se distingue en quelque sorte des films autour de l'œuvre des sœurs Bronte. On met en avant la pensée philosophique et la pure beauté poétique de la langue autour de musique et d'images chatoyantes et d'une grande douceur.
Malgré quelques longueurs, particulièrement dans la deuxième heure, ce biopic qui n’en est pas vraiment un fascine et donne un éclairage intéressant sur l’œuvre d’Emily Dickinson.
Avec une histoire pareille, je ne m'attendais pas à être aussi captivé ! Ok, c'est tjrs intéressant de savoir d'où on vient, comment on vivait avant mais je n'ai jamais été pas un grand fan des films en "costumes" avec toutes leurs manières de l'époque, leur façon de parler etc...... Même si je dois qd même reconnaître qu'il y a de grands films qui ont été fait et qui m'ont bien marqué ( "Ana Karenine", "Jan Eyre", "Les Hauts de Hurlevent" par exemple). Même si "Emily Dickinson" n'est pas aussi passionnant que ceux-là, il est quand même bien prenant ce petit film ! Sacré personnage, elle qui a justement refusé de se plier aux coutumes, aux traditions au nom de la bienséance, de rentrer dans les cases ... Malheureusement, impossible pour les mentalités de l'époque d'accepter ça! Le conflit entre ces deux façons d'appréhender les choses et la vie plus généralement est très intéressant, on se rend compte que c'est grâce à ce genre de personnage, à leur abnégation que les mentalités et nos sociétés ont évolués ... Biensûr le film ne serait pas aussi intéressant sans une interprète à la hauteur et c'est là que j'ai été le plus surpris puisque c'est Cynthia Nixon (une des actrices de "Sex ad the City"!!!) qui s'y est collée ... Et de quelle manière!!! Époustouflante! Elle m'a carrément bluffé la Cynthia! ! C'est grâce à elle que je n'ai pas lâché une seconde et une mise en scène très classique et un rythme quand même assez lent... Bref, vous l'aurez compris, courez voir Mrs Dickinson pour éviter de passer à côté de l'une des meilleures interprétations de l'année...
Il faut surtout aller au-delà du premier quart d'heure du film où les acteurs jouent faux. Un film entier basé sur eux aurait été impossible car trop hermétique, mais heureusement avec l'arrivée d'actrices exceptionnelles comme Cynthia Nixon et de Jennifer Ehle, le film retrouve son équilibre. Il est certes difficile et ésotérique, mais chaque minute en vaut la peine. Terence Davies conçoit un film lent et stoïcien. La beauté austère de ce film est néanmoins fascinante. L'enfermement d'Emily Dickison introduit un rapport étrange (pour nous) que la poétesse instaure avec son environnement direct. Même le franchissement d'une porte lui est impossible, pourtant elle n'a commis aucune infraction. Elle se punit elle-même ou n'a-t-elle pas besoin de cette claustration pour vivre ? Et pour ne rien arranger à sa situation, elle est touchée par la maladie. Beaucoup de questions autour du personnage complexe d'Emily Dickison, pourtant la sexualité de la poétesse est évacuée. Il est vrai que le puritanisme de l'époque est très bien décrit par le réalisateur, et comment franchir le pas pour l'héroïne si c'était le cas ? Comment aller au-delà de sa chambre ? Est-ce finalement la raison principale de son abandon à son isolement ? Quand on lit ses poèmes, on se dit que la mort omniprésente aurait dû plutôt l'inciter à sortir de sa chambre et à s'adonner au plaisir terrestre, mais elle préfère le rigorisme et la séparation avec le monde des mortels (des corruptibles ?) comme si elle était déjà au-delà, ailleurs. Vous avez deviné que Emily Dickinson, a quiet Passion est un film intense qui puisse chez Bresson pour la sobriété voire la sévérité.
Un biopic réussi qui ne sombre jamais dans l'hagiographie. La mise en scène est sobre mais sensible. L'interprétation est remarquable. Très beau portrait de femme qui questionne le monde d'hier mais aussi d'aujourd'hui.