Avis sur La Vie est belge

Heureusement que l’on ressent une bonne humeur communicative et une pléthore de bonnes intentions dans ce long-métrage musical car c’est raté dans les grandes largeurs. Vouloir prôner l’entente wallo-flamande par le biais d’un film est en soi une bonne idée mais le résultat laisse malheureusement fortement à désirer. L’histoire de ces deux fanfares plus ou moins forcées à cohabiter pour un concours européen n’a rien d’extraordinaire et le fait de calquer une amourette qui suit la trame de Roméo et Juliette sur l’intrigue encore moins.

La comédie musicale est l’un des genres les plus risqués au cinéma et il faut bien avouer que seuls nos cousins américains savent y faire. Ici la mayonnaise ne prend jamais et voir ces acteurs chanter des standards de la chanson au beau milieu des dialogues frise plus souvent le ridicule que l’enthousiasme général. Ajoutons à cela la langue flamande qui se prête mal à l’exercice, des numéros chantés peu engageants et des scènes de danse qui fleurent bon l’amateurisme et vous obtiendrez un aperçu du piètre résultat.

De plus, «La vie est belge » manque singulièrement de moyens et cela se ressent dans tout l’aspect visuel du film, des lieux de tournage aux costumes, tout fait cheap. Le metteur en scène ne réussit jamais à rendre son film esthétiquement à la hauteur. Se voulant dans la même veine que « Les Virtuoses », sans l’aspect social remplacé par un sentimentalisme niaiseux, ce mélange de feel-good movie et de film de compétition coche toutes les cases du naufrage artistique et du comique involontaire. Si durant la première demi-heure, l’indulgence est de mise, sur une heure et demie c’est beaucoup plus compliqué et on hésite entre compassion et renoncement.

Peut-être qu’il y a deux ou trois décennies, à une époque où la naïveté faisait encore les beaux jours des comédies musicales d’antan, le long-métrage serait juste passé inaperçu. Aujourd’hui, il nous semble désuet et proche du navet. Mais quelques jolis moments sporadiquement éparpillés sur la durée du film nous obligent à tempérer notre jugement. Ce n’est pas non plus une purge et l’idée de départ est foncièrement bonne. On laissera wallons et flamands le soin d’en juger par eux-mêmes et de se garder ce film rien que pour eux !