James Ivory est connu pour ses films anglais d'époque et à costumes, surtout lorsqu'il s'associe avec Ismail Merchant, le producteur, et Ruth Prawer Jhabvala, la scénariste, dont le trio se spécialise alors dans ce genre de production (enfin sauf quand ils produisent des films indiens). Mais bref, du trio, je n'avais jusqu'à présent vu que "Les Vestiges du jour" (enfin et la production "Call me by your name" dans un tout autre style) et je savais donc à peu près à quel style m'attendre, c'est-à-dire très pictural mais surtout très "anglais" finalement. C'est-à-dire que nous avons des parties de thé qui s'en finissent plus, des échanges dialogués aux accents à couper au couteau, toute une mise en scène de la bourgeoisie de l'époque, des petits cottages sympas et surtout une mise en avant de la culture de manière générale. J’énonce tous ces éléments ici comme si c'était des défauts mais c'est justement, au contraire, ce qui participe au charme de ce genre de films, surtout lorsque c'est maitrisé comme ici. Car oui, si le le scénario est tout de même assez mièvre et prévisible, on ne peut s'empêcher de se prendre d'affection pour les personnages et en particulier l'héroïne donc qui essaye de sortir de son monde étriqué, de sa fameuse chambre finalement. Au cours d'un voyage en Italie, Lucy et sa cousine Charlotte font la rencontre de George et de son père. Lucy tombe amoureuse de George mais tente de l'oublier. De retour en Angleterre, elle fait la rencontre de Cecil, un dandy très pompeux, qui la demande en mariage. Elle accepte mais c'est sans compter sur le retour de George et son père qui ont loué un petit cottage pas loin. Bon voilà, c'est clairement "Les Feux de l'amour", surtout que les coïncidences sont un peu grosses, malgré tout plus ou moins justifiées par le film, mais ce dernier a cette ambiance si particulière qui nous accroche malgré les quelques longueurs. Il y a également la mise en scène qui captive le spectateur, autant que le scénario d'ailleurs avec donc, encore une fois, ces plans très picturaux et à la photographie magnifique qui rappellent d'ailleurs parfois "Pique-nique à Hanging Rock". Concernant les acteurs, nous avons un excellent casting dont Helena Bonham Carter dans son premier long-métrage. "Chambre avec vue" est donc un film qui n'est certes pas passionnant mais qui est déjà d'une part visuellement magnifique et qui a cette faculté à mettre en scène des personnages attachants.