Avis sur Classe à part

Un film qui bouscule, dérange en ce qu'il nous montre comment le sadisme peut être contagieux, combien l'exclusion peut se déployer dès lors qu'elle trouve un leader pour s'en faire le porte-drapeau. L'adolescence est lieu d'émergence du pulsionnel, qui peut se déployer tendrement, brutalement selon comment il est accompagné ou réprimé ou condamné. La langue russe accentue les éprouvés angoissants du spectateur.

C'est du cinéma russe : fort et impressionnant, mais du cinéma extrêmement contemporain. De la scène d'ouverture (passage à niveau) à la scène finale (couloir de l'école), le film est maîtrisé de façon magistrale. C'est le portrait d'une classe de transition d'ados à handicap. C'est bourré de vitalité et d'humanité, on s'attache toujours plus aux personnages à travers le cycle scènes de classe/scènes de sorties ensemble. Il n'y a rien d'inutile, le film progresse et surprend souvent. Le constat est rude à travers la direction de l'école, à côté de la plaque, et son comité d'acceptation couperet. Le film a été présenté en 2014 au festival Regards de Russie, quel bonheur de le voir sortir en salle. Ivan I. Tverdovsky est surdoué, retenons son nom.

"Les écoles spécialisées pour handicapés sont comme des prisons." Pour évoquer le thème de son premier long-métrage, le très jeune cinéaste russe Ivan I. Tverdovsky n'y va pas par quatre chemins. Formé à l'école documentaire, le réalisateur met en scène de façon naturaliste dans la lignée des frères Dardenne, brutale et cruelle. A travers une fiction qui s'égare parfois dans la confusion (le dénouement), il entend surtout dénoncer un système aberrant qui fait se côtoyer de jeunes garçons et filles "inadaptés" aux déficiences très différentes (nanisme, bipolarité et même ... bégaiement). L'arrivée d'une myopathe qui a le tort d'être à la fois brillante et jolie est un élément perturbateur qui déclenche un torrent de violence et de réactions disproportionnées. Du côté des adolescents mais aussi des parents et d'une administration scolaire complètement à côté de la plaque, symbole d'une société russe sans pitié pour les faibles. Le film est loin d'être parfait, trop démonstratif par instants mais il se joue du piège du misérabilisme par une variation de tonalités, jusqu'à l'onirisme, assez stupéfiante. A 25 ans, Ivan I. Tverdovsky se révèle comme un surdoué aussi agaçant que remarquable à l'image d'un Xavier Dolan, dans un tout autre registre, mais avec en commun une rage de filmer qu'un écran de cinéma semble avoir du mal à contenir.

Une inconcevable concentration scolaire sur la jeunesse dans des classes d'adaptation en Russie, où l'inhumanité est réalisée sous forme documentaire avec vivacité, dévoile une éducation visiblement désespérée et des élèves handicapés assez cruels, dépassant la méchanceté, l'hypocrisie, le viol... C'est tout de même le premier film du réalisateur russe Ivan I. Tverdovsky à qui l'on pourrait comparer à un autre, celui d’Ukrainien Myroslav Slaboshpytskiy avec son "The Tribe" mettant en scène les étudiants sourds du pensionnat. Une autre découverte dans l'Europe de l'Est. Un film à part.

Film d’Ivan I.Tverdovsky, jeune réalisateur russe qui a recueilli plusieurs récompenses dans des festivals internationaux. L’action se passe dans une classe d’adaptation comme celles qui ont pu exister il y a une cinquantaine d’années en France, où des jeunes essayent de retrouver le niveau qui pourraient leur permettre de retrouver un cycle normal ou les ghettoïser un peu plus...Les équipes pédagogiques sont peu enthousiastes, le niveau de l’enseignement est médiocre, les élèves souffrent d’handicaps physiques ou psychologiques. Lena, jeune fille lumineuse, intelligente, en fauteuil parce souffrant d’un début de myopathie, y est admise après plusieurs années de déscolarisation. Elle trouve un bras secourable en la personne d’Anton, beau jeune homme paraissant souffrir de crises d’épilepsie. Le reste des élèves sont moins accueillant qu’il n’y parait, l’un d’entre eux se montrant particulièrement jaloux d’Anton et orchestrera brimades et humiliations. L’équipe pédagogique, une brochette de femmes assez antipathique, est pétrie de préjugés notamment en matière d’éducation sexuelle…le cadre est glauque, tant l’établissement que l’environnement , terrains vagues et voies ferrées, les quelques jeunes sont les représentants d’une jeunesse sacrifiée, aux comportements aussi aberrants que de se coucher entre les rails au passage d’un train…le film est un quasi documentaire dans la mesure où une grande part d’improvisation a été laissée aux jeunes comédiens. Film choc, rude, quasi désespéré, au réalisme cru, en dehors des rares moments de tendresse de nos nouveaux Roméo et Juliette…le dénouement miraculeux est quand même un peu sidérant.

Dans les teen movies, tout commence en général mal pour le héros/l'héroïne, lâchée dans un univers hostile dont il ne maîtrise pas les codes. puis tout finit par s'arranger jusqu'au happy end inévitable.
"Classe à part" renverse les codes du teen movies. Tout y commence plutôt bien pour Lena, une adolescente belle comme le jour qui, après plusieurs années recluse chez elle à soigner une myopathie qui l'a privée de l'usage de ses jambes, est admise dans une classe d'adaptation. Premières rencontres, premiers baisers .... on nage en plein teen movie.
Et puis tout se détraque. Parce qu'on est en Russie et pas en Californie. Dans une société dure aux faibles où la cruauté des enfants entre eux n'a d'égale que la lâcheté des adultes. C'était la même société, la même cruauté qu'avait dépeint "The Tribe", le film ukrainien de Myroslav Slaboshpytskiy dont l'action se déroulait dans un internat spécialisé pour sourds et muets.
"Lamborghini aux roues cassées", Lena vivra une lente descente aux enfers. Jusqu'au dénouement qui glace les sens.
Un des meilleurs films de l'année.

Malgré ma prédilection pour les films russes, je n'ai pas aimé celui-ci, qui prétend dénoncer la violence de la société russe mais se vautre dans l'horreur et la tristesse, ne nous laissant aucun espoir d'une vie meilleure....