Marseille : les secrets du tournage

L'envie de réaliser Marseille pour Kad Merad provient de deux facteurs. Tout d'abord son amour pour cette ville qu'il a découverte grâce à des amis et s'y est tellement senti bien qu'il a décidé d'y acheter une maison il y a plusieurs années. Ensuite, sa volonté de repasser derrière la caméra après Monsieur Papa en 2011 (et Mais qui a re-tué Pamela Rose ? qu'il a co-réalisé en 2012). Le metteur en scène précise :

"J’étais un matin sur la terrasse de mon cabanon marseillais au bord de la mer. J’ouvre les volets et en regardant en hauteur, je vois l’occupant d’une maison en train de faire sa gym sur son balcon et je me dis « On dirait Patrick Bosso ! » Il se trouve que nous nous étions croisés depuis quelques années à la télé ou lors de dîners. Bref, on se connaissait et je décide de l’appeler et à partir de là, nous avons commencé à nous fréquenter quand je venais à Marseille. Un jour, il me dit qu’il compte faire un spectacle intitulé « K Marseille », destiné à n’être joué que dans les environs et dans lequel il parlerait des petites et grandes histoires de la ville. Je me suis dit qu’il y avait donc des choses à raconter et je suis allé voir son spectacle, qui ma entièrement conforté dans cette idée... J’y voyais déjà des petits bouts de scénarios, avec des personnages, des anecdotes. Nous nous sommes donc retrouvés sur la terrasse de mon cabanon, à l’heure de l’apéro et je lui ai fait part de mon intention de filmer Marseille et ses habitants..."

Le scénario du film est largement inspiré de l'histoire familiale du comédien Patrick Bosso, puisque "Amato" (le nom des frères joués par Bosso et Kad Merad) est le nom de sa mère et son père était piqueur de sel sur les coques des bateaux, comme son personnage dans Marseille.

Lorsque Patrick Bosso s'est engagé sur le projet, il a présenté ses amis marseillais à Kad Merad pendant un an et demi, ce qui a bien évidemment nourri le scénario de Marseille qu'ils ont écrit ensemble (avec aussi Judith El Zein). Ce dernier se souvient : "Des types avec des tronches bizarres, des mecs sur le port qui ont des bateaux ou avec qui il joue à la pétanque. Il m’a aussi présenté ses parents et je me suis immergé dans « le » Marseille de Patrick Bosso..."

A l'origine, Kad Merad était parti pour donner forme à une histoire comprenant beaucoup de personnages, à la manière d'une sorte de Short Cuts (Robert Altman, 1993) marseillais... Finalement, après avoir rencontré Judith El Zein sur le tournage de Supercondriaque qui a par la suite aidé Merad et Patrick Bosso à l'écriture, l'histoire s'est davantage centrée sur les enfants Amato cherchant à aider leur père à retrouver la mémoire.

Le rapport à la filiation et aux racines, au centre de Marseille, est un thème récurrent dans la filmographie de Kad Merad comme en témoignent par exemple L'Italien ou Monsieur Papa. "Un rapport à la filiation, aux racines. Je viens d’une grande famille plutôt traditionnelle, mais remplie de gens qui passent du rire aux larmes en vivant, simplement", explique-t-il.

A la manière de Magnolia et sa pluie de grenouille surréaliste, Kad Merad a voulu incorporer dans Marseille des éléments sortant de la réalité, même s'il a voulu que le film soit réaliste. C'est ainsi qu'est née la scène du flamand rose qui apparait dans l'hôpital. Pour ce, il a demandé dès l'écriture à son régisseur marseillais d'en élever un pour qu'il soit prêt au moment du tournage.

A l'origine, Kad Merad ne pensait pas jouer le rôle de Paolo pour avoir davantage de temps pour se consacrer à la mise en scène. Finalement, le producteur Richard Grandpierre l'a convaincu d'endosser les deux fonctions, tout comme son envie de donner la réplique à Patrick Bosso.