Le projet est né dans une gare, devant une affiche de personnes disparues. Clément Cogitore, le réalisateur, a tout de suite pensé que ces personnes avaient en fait été assassinées ou qu'elles étaient parties refaire leur vie très loin. Pour lui, personne ne disparait vraiment. Clément Cogitore s'est quand même demandé ce qu'il se passerait si elles avaient disparu de la surface de la terre. Le réalisateur explique : "J’ai eu envie de faire une sorte de polar métaphysique pour parler de la disparition, traiter du deuil par l’irrationnel."
Clément Cogitore a commencé sa carrière dans le cinéma en tant que plasticien. Son travail questionne les croyances, rituels et récits qui construisent nos communautés. Il a surtout réalisé des courts-métrages et des documentaires qui ont été présentés lors de nombreux festivals internationaux. Ni le ciel ni la terre est donc son premier long-métrage. Il a, via ce film, voulu confronter son univers visuel à un récit haletant.
Le film a commencé à être écrit en 2010. La forme de Ni le ciel ni la terre a été rapidement trouvée, mais il a quand même fallu deux ans pour aboutir aux questions de rythme, de dramaturgie et d'évolution des personnages. Pour le scénario, Clément Cogitore s'est documenté sur la guerre en Afghanistan, le travail de l'armée avec les populations locales, l'utilisation des armes et les technologies numériques. Il a aussi regardé des vidéos de soldats préparant leurs opérations et a eu des entretiens avec des militaires.
Le choix de Jérémie Renier pour interpréter le capitaine Antarès Bonassieu a été immédiat. Pour le cinéaste, il s'agit d'un comédien qui sait se réinventer à chaque rôle et peut se mettre dans la peau de personnages totalement différents, comme Claude François, Pierre Bergé et ici un soldat d'Afghanistan. Pour son rôle dans Ni le ciel ni la terre, l'enjeu pour Renier a été de rendre le personnage d'Antarès attachant. Ce qui n'est pas évident dans un film de guerre.
L'intrigue se passe en Afghanistan, mais pour ne pas mettre en danger l'équipe du film, le réalisateur a choisi de tourner Ni le ciel ni la terre au Maroc, dans les montagnes de l'Atlas. Un décor quand même très ressemblant à l'Afghanistan.
Le film a été tourné avec du matériel utilisé par l'armée, c'est-à-dire une vraie caméra thermique et de vrais viseurs infrarouges, pour être au plus près de la réalité. Ni le ciel ni la terre a aussi été filmé en lumières naturelles par choix esthétique. Toute la lumière du long-métrage tenait dans un sac à dos. La caméra était très légère pour pouvoir la tenir sur l'épaule. Le réalisateur explique : "Je voulais être à hauteur des soldats, dans une énergie de proximité, chaotique."
Pour son personnage d'Antarès, Jérémie Renier a dû faire pas mal de musculation et se durcir les traits. Ni le ciel ni la terre est "un film physiquement pas facile" a expliqué l'acteur lors du festival de Cannes 2015. Les acteurs ont été coachés et ont dû porter 40 kilos de matériel sous 40 degrés, dans le désert, 12 heures par jour.
Pour se mettre plus facilement dans la peau de son personnage, Jérémie Renier a demandé aux acteurs de l'appeler Capitaine en dehors du plateau. Les membres du film s'appelaient aussi tous par leur nom de personnage.
Dans le film, Jérémie Renier est entouré de comédiens prometteurs de la nouvelle génération comme Kévin Azaïs, Swann Arlaud ou encore Finnegan Oldfield. Le réalisateur, Clément Cogitore, a aussi fait appel à des acteurs non professionnels pour jouer les villageois afghans.
Ce n'est pas la première fois que Jérémie Renier doit se mettre dans la peau d'un soldat. En 2014, l'acteur avait déjà dû jouer le rôle d'un légionnaire tête brûlée dans le film Le Grand Homme. Une première expérience de la guerre, mais un tournage beaucoup moins physique que celui de Ni le ciel ni la terre.
Un tournage dans les montagnes de l'Atlas n'est pas de tout repos. Clément Cogitore a essayé d'intégrer les obstacles rencontrés (une tempête de sable, des coulées de boue, des caisses de matériel ou des voitures perdues, des scorpions, etc.) au film afin d'obtenir un degré d'authenticité se rapprochant du documentaire.
Clément Cogitore a choisi d'utiliser de la musique sacrée, presque médiévale. Notamment le Chant des sibylles qui était interprété, dans la civilisation grecque, par les femmes lors de la séance de divination. Il a aussi intégré à son film de la musique électronique. Un mélange assez particulier, mais le réalisateur explique : "Je vois dans ces dispositifs-là la résurgence de rites très anciens."
Le film est présenté en Compétition à la Semaine de la Critique.