Qu'est-ce qu'un grand film ? Un film qui en met plein les yeux en matière de décors, de mouvements de caméra (surtout les travellings avant et arrière !), de nombre de figurants ? Un film qui procure beaucoup d'émotion ou dans lequel règne une grande tension du début jusqu'à la fin ? Bien sûr, si on a tout cela à la fois, c'est sûr, c'est un grand film. Le problème avec "Au revoir là-haut", c'est que l'on n'a pas tout cela à la fois car, trop souvent, manquent et l'émotion et la tension. Certes, le premier quart d'heure est brillant : la vie dans les tranchées de la première guerre mondiale avait rarement été montrée de façon aussi impressionnante. Certes les 5 dernières minutes apportent enfin l'émotion qu'on avait vainement attendue jusque là. Mais, entre les deux ? Cette histoire d'arnaque aux monuments aux morts, menée par Edouard et Albert, deux rescapés des tranchées dont le sacrifice est loin d'avoir reçu une récompense quelconque, s'avère plutôt soporifique et sans grand intérêt. Face à eux, l'exécrable ex lieutenant Pradelle, celui qui les commandait lorsqu'ils étaient au front et qui s'est lancé lui aussi dans les arnaques, et Marcel Péricourt, le père d'Edouard, un grand patron capable de faire et de défaire les ministres : une satire aux petits pieds de la bourgeoisie et du capitalisme triomphant.
Dupontel a choisi d'adapter le roman homonyme de Pierre Lemaître, Prix Goncourt 2013, en lorgnant vers le cinéma de Terry Gilliam et de Jean-Pierre Jeunet : un cinéma qui "se la pète" mais, finalement, souvent assez creux. Si le jeu des acteurs, dont l'argentin Nahuel Perez Biscayart, déjà repéré dans "120 battements par minute", n'est pour rien dans l'impression désagréable ressentie pendant la plus grande partie du film, on se doit d'ajouter que la présence permanente d'une musique insipide n'est pas faite pour arranger les choses.