Il y a beaucoup à dire sur La La Land, en bien et en mal. Inutile de préciser que le travail fourni à la bande originale et à la photographie est remarquable. Ces deux points positifs sont, d'ailleurs, autant de grandes qualités au début qu'ils finissent par tomber dans leur propres travers à la fin. Les trois thèmes principaux du film, très réussis, nous sont rejoués ad nauseam, bien que les formes diffèrent ; tandis que la direction artistique finit par noyer la mise en scène, surtout lors d'effets de caméra m'as-tu-vu. Il demeure des chorégraphies véritablement euphorisantes, comme celle dans l'appartement avec les quatre robes de couleurs, ou même celle de la scène d'ouverture.
Là où Damien Chazelle tenait sûrement un chef-d'œuvre, par sa beauté visuelle et ses thèmes, il n'a pas réussi à aboutir à un résultat satisfaisant, en raison de plusieurs choix contestables, comme la direction d'acteurs. Emma Stone est pétrie de talents, cela ne fait aucun doute, mais certains choix de cadre trop soutenus la pousse à tomber dans la démonstration actorale, laquelle ne sied à aucun interprète. Ryan Gosling, quant à lui, tient plus d'une erreur de casting : on ne saurait croire à un musicien raté et dépressif quand on voit cet homme au physique on ne peut plus hollywoodien, baraqué et plein d'assurance.
Les thèmes de l'amour, de la nostalgie et du regret sont bien abordés et nous happent.
On voit le couple se chercher, naître, s'épanouir, vaciller, puis s'éteindre. Le dénouement laisse un goût aigre-doux, sinon amer, lors des retrouvailles de nos deux amants. Alors que le film aurait dû se finir sur l'uchronie magistrale où les amoureux s'embrassent au bar-jazz, on nous sert une fin fourre-tout, outrancièrement appuyée, où tout le monde se met à danser façon Disney avec, en prime, une mise en scène tapageuse. Quel gâchis !
Enfin, on se questionne aussi sur la pertinence de certains dialogues,
comme ceux dans les rues d'Hollywood où Sebastian étale sa culture cinématographique (La Fureur de vivre, Casablanca, etc.), puis sert son discours didactique sur le jazz à Mia, discours qui ne sera contrecarré que plus tard par le meneur du groupe de jazz qu'il intègre. Et l'on s'interroge également sur l'évolution du personnage de Mia, qui, après avoir réussi dans la douleur, s'embourgeoise et a la mesquinerie de revenir dans le restaurant qui l'a malmenée, dans un esprit revanchard, afin de leur rendre la pareille de leur humiliation.
Beaucoup de faux pas qui nous font nous dire "dommage" trop souvent, alors qu'on aurait dû pouvoir se réjouir du spectacle mélancolique qui nous est offert.